vendredi 25 août 2017

la poésie de la terre ne meurt jamais



"Un homme a dit:
-Le moment le plus grave de ma vie, c'est la bataille de la Marne, quand j'ai été blessé à la poitrine.
Un autre homme a dit:
-Le moment le plus grave de ma vie, c'est lors d'un raz-de-marée à Yokohama, dont je suis sorti miraculeusement indemne, réfugié sous l'auvent d'une boutique de laques.
Et un autre homme a dit:
-Le moment le plus grave de ma vie, c'est quand je dors dans la journée.
Et un autre a dit:
-Le moment le plus grave de ma vie a été celui de ma plus grande solitude.
Et un autre a dit:
-Le moment le plus grave de ma vie, c'est celui où j'ai surpris mon père de profil.
Et le dernier homme a dit:
-Le moment le plus grave de ma vie n'est pas encore venu."
César Vallejo-extrait de: "Poèmes humains


"Pour un instant, j'ai oublié mon nom
Ça m'a permis enfin d'écrire cette chanson

Pour un instant, j'ai retourné mon miroir
Ça m'a permis enfin de mieux me voir
Sans m'arrêter, j'ai foncé dans le noir
Pris comme un loup qui n'a plus d'espoir
J'ai perdu mon temps, à gagner du temps
J'ai besoin de me trouver, une histoire à me conter

Pour un instant, j'ai respiré très fort
Ça m'a permis de visiter mon corps
Des inconnus vivent en roi chez moi
Moi qui avait accepté leurs lois
J'ai perdu mon temps, à gagner du temps
J'ai besoin de me trouver, une histoire à me conter

Pour un instant j'ai oublié mon nom
Ça m'a permis enfin d'écrire cette chanson."

Harmonium 









 









"La poésie devrait être quelque chose de grand et d'effacé, une chose qui vous pénètre l'âme, en y provoquant l'étonnement ou l'émerveillement non pas pour elle même mais pour le sujet qu'elle traite.
Comme elles sont belles les fleurs qui se tiennent en retrait! comme elles perdraient leur beauté si elles s'ameutaient sur la grande-route en s'exclamant: "Admirez-moi, je suis une violette!
Raffolez de moi, je suis une primevère!"
John Keats



" Je naquis la nuit en février
Quand le soleil passe dans l'eau
Emporté par des mers enfantines
Je survis au loin sur des collines
Qui dira par une bouche amère
Ce qui tient mon âme emprisonnée
Qui dira par une bouche amère
Ce qui tient mon âme emprisonnée

La Bretagne a-t-elle autant de charme
Pour border de sable l'horizon
Pour colorer mes yeux de ses vagues
Et couronner mon front de ses algues
J'ai des landes farouches dans la tête
J'ai des vents parfumés dans l'oreille
Le ressac palpite dans mon coeœur
J'ai des huîtres et du vin dans la bouche

Quand je m'embarque dans mes océans
Je mets la voile vers les barreaux scellés
De la fenêtre ouverte à l'autre bout
Par où mon âme voudrait s'envoler
Qui dira par une bouche amère
Ce qui tient mon âme emprisonnée
Qui dira par une bouche amère
Ce qui tient mon âme emprisonnée

Au fil des quais glissant sous les arches
Où l'herbe pousse entre les pavés
Je cherche dans des reflets d'enfance
Des souvenirs d'avant que je marche
Ma mer est là qui coule toute grise
Et qui se brise en écumes blanches
Sur les étraves des piliers des ponts
Comme des phares sillagent mon front..."

Gilles Servat 

 

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