samedi 1 juillet 2017

une journée toute entière


« Le rose, qui est une couleur plus affirmée et forte, va mieux aux garçons. Le bleu, en revanche, plus délicat et gracieux, va mieux aux filles» (article paru en 1918)

Comme quoi ça bouge chez les marchands ce couleurs
Bleu sur rose décompose
Rose sur bleu cessez  le feu




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"Vieil océan,
tu es un immense bleu
appliqué
sur le corps de la terre."
Lautréamont




.../...
Une journée toute entière à regarder [...] la mer.
.../...
Une journée toute entière à regarder le ciel ,
 à regarder la terre.
Une journée toute entière à sourire à pleurer à regarder le temps qui s'arrête,
s'accélère.
une journée toute entière qui n'en finit plus
et passe à la vitesse de la lumière.
Une journée toute entière à nous retourner,
à l'endroit, à l'envers.
[...]
Une journée toute entière secoué en avant en arrière.
Une journée toute entière entre la joie et la colère.
Une journée toute entière
où tout vous enchante
et
où tout vous exaspère.
Une journée toute entière malheureux comme les pierres et léger comme l'air.
Une journée toute entière
à regarder au loin, à heurter la barrière.
Une journée toute entière qui à la fois vous emprisonne,
à la fois vous libère.
Une journée toute entière où tout est nouveauté
et où tout redevient poussière.
Une journée toute entière où l'on voit à la fois ce qui s'éteint, ce qui se réverbère.
.../..."
Gaëtan Roussel
extraits de "Dire au revoir"














"La poésie contemporaine ne chante plus elle rampe.
Elle a cependant le privilège de la distinction
Elle ne fréquente pas les mots mal famés elle les ignore.
On ne prend les mots qu'avec des gants : à « menstruel » on préfère périodique »,
Et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux
qu'il ne faut pas sortir du laboratoire et du codex.
Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés,
à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques,
me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain.
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse.
Ce n'est pas le mot qui fait la poésie mais la poésie qui illustre le mot.
Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir sils ont leur compte de pieds,
ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes.
Le poète d'aujourd'hui doit être d'une caste, d'un parti ou du « Tout Paris ».
Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.
La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique.
Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie.
Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale
tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche.
L'embrigadement est un signe des temps. De notre temps.
Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes.
Les sociétés littéraires c'est encore la Société.
La pensée mise en commun est une pensée commune.
Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes.
Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes.
Ravel avait dans la tête une tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique.
Beethoven était sourd. Il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok.
Rutebeuf avait faim. Villon volait pour manger. Tout le monde sen fout.
L'Art n'est pas un bureau d'anthropométrie.
La Lumière ne se fait que sur les tombes.
Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien dépique.
La musique se vend comme le savon à barbe.
Pour que le désespoir même se vende il ne nous reste qu'à en trouver la formule.
Tout est prêt : les capitaux, la publicité, la clientèle.
Qui donc inventera le désespoir ?
Avec nos avions qui dament le pion au soleil.
Avec nos magnétophones qui se souviennent de ces « voix qui se sont tues »,
avec nos âmes en rade au milieu des rues,
nous sommes bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande
à regarder passer les révolutions.
N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale,
c'est que c'est toujours la Morale des Autres.
Les plus beaux chants sont des chants de revendication.
Le vers doit faire l'amour dans la tête des populations.
A l'école de la poésie, on n'apprend pas. ON SE BAT !"

Léo Ferré 

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ADMD

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              source: Marianne 



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