dimanche 9 mars 2014

le dimanche ça gite et le couvert tout autant




Par un beau dimanche printanier nos ami(e)s de "Changeons la Ville" ont fait le buzz dans les parages des Halles de Saint-Nazaire. au grand étonnement des zozializtes qui regardaient  la joyeuse troupe  derrière les vitrines de leur permanence bcbg  (devine qui c'est qui paie?) mais cependant toujours pas accessible aux personnes en fauteuil roulant.







photos source: Changeons la ville
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 un extrait d'un livre de Marin Ledun "Les Visages écrasés"
proposé par B.C.






 "II le sait, je le sais.

Le problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. Ces projets montés en quelques jours, annoncés priorité-numéro-un, et abandonnés trois semaines plus tard sans que per­sonne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la direction. La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés dans une autre agence ou partis par la petite porte. Cette tension permanente suscitée par l'affichage des résultats de chaque salarié, les coups d'oeil en biais, les suspicions, le doute permanent qui ronge les rapports entre collègues, les heures supplé­mentaires effectuées pour ne pas déstabiliser l'équipe, le planning qui s'inverse au gré des mobilités, des résultats financiers et des ordres hebdomadaires. Les tâches soudaines à effectuer dans l'heure, chaque jour plus nombreuses et plus complexes. Plus éloignées de ses propres compétences. Les consignes qui évoluent sans arrêt. Les anglicismes et les termes consensuels

l'industrie s'est toujours attachée à organiser le travail. Et donc à trier les hommes avec soin. Une sorte de sélection sociale. Une procession morbide de fidèles, de soldats et d'esclaves. Chaque dieu, maître ou théo­ricien, a contribué à sa façon à la grande machine, à coups de miracles, de lois divines, de règles de fonc­tionnement, de découpages des tâches, de coups de bâton et de pointeuses. Les Ford et les Taylor ont industrialisé le travail à la chaîne, préparant le terrain à l'organisation scientifique de la consommation qui allait voir le jour à partir des années 1950, à grand renfort de sondages d'opinion, de publicité et de ser­vices marketing.

À chaque fois, les règles du travail ont été revues, et à chaque fois, les Vincent Fournier se sont adaptés, quel qu'en fût le coût. Cancers du poumon, effondre­ments et coups de grisou dans les mines. Asbestoses et mésothéliomes pour les travailleurs de l'amiante. Troubles hématopoïétiques mortels et cancers thyroï­diens pour les employés du nucléaire. Stress, fatigue nerveuse, angoisses, diarrhées, vomissements, troubles du sommeil, hallucinations. Mais aussi surendette­ment, prêts à la consommation, accidents de travail, faillites, divorces, suicides et meurtres.

On pourrait comprendre cette liste à la Prévert comme une énumération de phénomènes secondaires, voire marginaux, mais il n'en est rien. L'ensemble de ces symptômes dresse en réalité un tableau parfaite­ment cohérent. Global. De tout temps, le travail indus­triel a été à ce prix. Encadrer les corps, canaliser les esprits et, au besoin, éliminer les inutiles. La grandeur du Progrès industriel, coûte que coûte."




un ptit dessin envoyé par Brigitte

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Autre bouquin proposé cette fois par Rémi


Libraire pendant 18 ans, ça nourrit bien des anecdotes ; des souriantes et des grinçantes, mais toutes animées par la même passion : un intérêt « hors normes » pour ces trucs bizarres et obsolètes, les livres.

Les livres s’installent confortablement sur les rayons. Ils se dégourdissent les pages du voyage entassé dans les cartons, souvent en déplaisante promiscuité. Ils s’alourdissent sur la planche ; tirent à eux la couverture de poussière et commencent à ronfler. Qui oserait les tirer de ce sommeil ?

*

Ces gens qui ne lisent pas ; qu’on ne voit jamais en librairie et qui, lorsqu’ils te croisent, se croient obligés de te dire qu’ils vont bientôt commander un livre, comme s’ils promettaient au médecin d’avoir bientôt le cancer.

*

J’ai pensé un moment à faire un zoo de la librairie. On y verrait un libraire savoir qui sont Gide et Proust, et même Georges Palante ; trouver leurs livres dans les rayons ; pouvoir prendre une commande du dernier Pierre Autin-Grenier et, acrobatie finale, vous dégotter un Lionel Bourg en moins de trois secondes (…) En clou du spectacle, le libraire se mettrait un nez rouge et dirait qu’il aime beaucoup lire, ce qui déclencherait la franche hilarité du public.

*

Extraits de Dernier Chapitre, Gérard Lambert-Ullmann,

Editions Joca Seria, 14 €. ISBN 978-2-84809-229-4


Les frais de port sont gratuits





Rencontres à Saint Nazaire :

Le mardi 18 mars à la librairie L’embarcadère

41 Avenue de la République,

09 72 45 05 30


De 18 h à 20 h 30 : Débat et dédicaces.



Le mardi 1er avril Au pré vert,

30 rue du Maine

02 40 42 16 76 ,
A partir de 17 h.


«  On laisse tomber les références littéraires et les poses qui vont
avec. On parle fort, comme une bande de potes. On chante. On boit.
On chante encore. Faouzi et Isham transforment leurs guitares en oud,
laissant les poèmes se coudre sur le rythme, moelleux, craquant. On
échange des braises. On brûle des campements. Trois heures plus tard,
nous sommes frères pour la vie. Aucune légion ne pourrait écraser
notre tribu. J’ai le sentiment d’avoir vécu un siècle. Je vide les cendriers
comme si je buvais des étoiles. »

Gérard Lambert-Ullmann 




 photo source: Toile


" GÉRARD LAMBERT -ULLMAN a  été  libraire  à  Saint-Nazaire  (Loire-
Atlantique) durant dix-huit années. Au fil de ce  Dernier chapitre,  il
revient sur les moments exaltants mais aussi sur les désillusions que
ce commerce « pas comme les autres » devait lui réserver. Incurable
lecteur doublé d’un humaniste invétéré, il a fait du partage de ses
bonheurs littéraires l’axe essentiel de sa vie. "




3 commentaires:

  1. Excellent mot pour mot ! J'attends le livre de l'ami Lambert pour toucher un mot caillouteux quand je l'auras... lu. Et Goran Bregovic, c'est un clou, c'est une pointe d'épée qu'on enfonce chez les dégueus pour respirer un peu de salubrité publique !

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  2. et là ne sachant quoi rajouter( tu parles) il me reste une expression comme un vieux renvoi, une ponctuation en somme
    et avec votre esprit!
    ;-)
    que votre soirée soit douce

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  3. Judicieuse idée, JJ, de présenter "Dernier chapitre" d'un très éloquent Gérard Lambert qui va sûrement ouvrir un "nouveau chapitre"...

    J'étais au marché dimanche mais je n'ai pas vu la "manif" passer que tu nous illustres... : du bon cirque, parmi d'autres tristes clowns en campagne électorale ???

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