Par un beau dimanche printanier nos ami(e)s de "Changeons la Ville" ont fait le buzz dans les parages des Halles de Saint-Nazaire. au grand étonnement des zozializtes qui regardaient la joyeuse troupe derrière les vitrines de leur permanence bcbg (devine qui c'est qui paie?) mais cependant toujours pas accessible aux personnes en fauteuil roulant.
photos source: Changeons la ville
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un extrait d'un livre de Marin Ledun "Les Visages écrasés"
proposé par B.C.
"II le sait, je
le sais.
Le
problème, ce sont ces fichues règles de travail qui changent toutes les semaines. Ces
projets montés en quelques jours, annoncés priorité-numéro-un, et abandonnés trois
semaines plus tard sans que personne ne sache vraiment pourquoi, sur un simple coup de fil de la
direction. La valse silencieuse des responsables d'équipes, toujours plus jeunes et plus inflexibles, mutés
dans une autre agence ou partis par la petite porte. Cette tension permanente suscitée par
l'affichage
des résultats de chaque salarié, les coups d'oeil en biais, les suspicions, le
doute permanent qui ronge les rapports entre collègues, les heures supplémentaires effectuées
pour ne pas déstabiliser l'équipe, le planning qui s'inverse au gré des mobilités, des résultats financiers
et des ordres hebdomadaires. Les tâches soudaines à effectuer dans l'heure,
chaque jour plus nombreuses et plus complexes. Plus éloignées de ses propres
compétences. Les consignes qui évoluent sans arrêt. Les anglicismes et les
termes consensuels
l'industrie s'est toujours attachée à organiser le
travail. Et donc à trier les hommes
avec soin. Une sorte de sélection
sociale. Une procession morbide de fidèles, de soldats et d'esclaves. Chaque dieu, maître ou théoricien, a contribué à sa façon à la grande machine, à coups de miracles, de lois divines, de règles de fonctionnement, de découpages des tâches, de coups de bâton et de pointeuses. Les Ford et les Taylor ont industrialisé le travail à la chaîne, préparant le
terrain à l'organisation
scientifique de la consommation qui allait
voir le jour à partir des années 1950, à grand renfort de sondages d'opinion, de publicité et de services marketing.
À chaque fois, les règles du travail ont été revues, et
à chaque fois, les Vincent
Fournier se sont adaptés, quel
qu'en fût le coût. Cancers du poumon, effondrements et coups de grisou dans les mines. Asbestoses et
mésothéliomes pour les
travailleurs de l'amiante. Troubles
hématopoïétiques mortels et cancers thyroïdiens pour les employés du
nucléaire. Stress, fatigue nerveuse,
angoisses, diarrhées, vomissements, troubles du sommeil, hallucinations. Mais aussi surendettement, prêts à la consommation, accidents de travail, faillites, divorces, suicides et meurtres.
On pourrait comprendre cette liste à la
Prévert comme une énumération de
phénomènes secondaires, voire
marginaux, mais il n'en est rien. L'ensemble de ces symptômes dresse en réalité
un tableau parfaitement
cohérent. Global. De tout temps, le travail industriel a été à ce prix. Encadrer les corps, canaliser
les esprits et, au besoin, éliminer les inutiles. La grandeur du Progrès industriel, coûte que coûte."
un ptit dessin envoyé par Brigitte
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Autre bouquin proposé cette fois par Rémi
Libraire pendant 18 ans, ça nourrit bien
des anecdotes ; des souriantes et des grinçantes, mais toutes
animées par
la même passion : un intérêt « hors normes » pour ces trucs
bizarres et obsolètes, les livres.
Les livres s’installent
confortablement sur les rayons. Ils se dégourdissent les
pages du voyage
entassé dans les cartons, souvent en déplaisante
promiscuité. Ils
s’alourdissent sur la planche ; tirent à eux la couverture
de
poussière et commencent à ronfler. Qui oserait les tirer de
ce sommeil ?
*
Ces gens qui ne lisent pas ;
qu’on ne voit jamais en librairie et qui, lorsqu’ils te
croisent,
se croient obligés de te dire qu’ils vont bientôt commander
un livre,
comme s’ils promettaient au médecin d’avoir bientôt le
cancer.
*
J’ai pensé un moment à faire
un
zoo de la librairie. On y verrait un libraire savoir qui
sont Gide et Proust,
et même Georges Palante ; trouver leurs livres dans les
rayons ;
pouvoir prendre une commande du dernier Pierre Autin-Grenier
et, acrobatie
finale, vous dégotter un Lionel Bourg en moins de trois
secondes (…) En
clou du spectacle, le libraire se mettrait un nez rouge et
dirait qu’il
aime beaucoup lire, ce qui déclencherait la franche hilarité
du public.
*
Extraits de Dernier
Chapitre, Gérard Lambert-Ullmann,
Editions Joca
Seria, 14 €. ISBN
978-2-84809-229-4
Pour commander sur le site de
l’éditeur : http://www.jocaseria.fr/Catalogue/Livres/Fiche%20livre/dernierchapitre.html
Les
frais de port
sont gratuits
Rencontres à
Saint
Nazaire :
Le mardi 18
mars
à la librairie L’embarcadère
41 Avenue de la
République,
09 72 45 05 30
De 18 h à 20 h
30 : Débat et dédicaces.
Le mardi 1er
avril Au pré vert,
30 rue du Maine
02 40 42 16 76 ,
A partir de 17
h.« On laisse tomber les références littéraires et les poses qui vont
avec. On parle fort, comme une bande de potes. On chante. On boit.
On chante encore. Faouzi et Isham transforment leurs guitares en oud,
laissant les poèmes se coudre sur le rythme, moelleux, craquant. On
échange des braises. On brûle des campements. Trois heures plus tard,
nous sommes frères pour la vie. Aucune légion ne pourrait écraser
notre tribu. J’ai le sentiment d’avoir vécu un siècle. Je vide les cendriers
comme si je buvais des étoiles. »
Gérard Lambert-Ullmann
photo source: Toile
" GÉRARD LAMBERT -ULLMAN a été libraire à Saint-Nazaire (Loire-
Atlantique) durant dix-huit années. Au fil de ce Dernier chapitre, il
revient sur les moments exaltants mais aussi sur les désillusions que
ce commerce « pas comme les autres » devait lui réserver. Incurable
lecteur doublé d’un humaniste invétéré, il a fait du partage de ses
bonheurs littéraires l’axe essentiel de sa vie. "
Excellent mot pour mot ! J'attends le livre de l'ami Lambert pour toucher un mot caillouteux quand je l'auras... lu. Et Goran Bregovic, c'est un clou, c'est une pointe d'épée qu'on enfonce chez les dégueus pour respirer un peu de salubrité publique !
RépondreSupprimeret là ne sachant quoi rajouter( tu parles) il me reste une expression comme un vieux renvoi, une ponctuation en somme
RépondreSupprimeret avec votre esprit!
;-)
que votre soirée soit douce
Judicieuse idée, JJ, de présenter "Dernier chapitre" d'un très éloquent Gérard Lambert qui va sûrement ouvrir un "nouveau chapitre"...
RépondreSupprimerJ'étais au marché dimanche mais je n'ai pas vu la "manif" passer que tu nous illustres... : du bon cirque, parmi d'autres tristes clowns en campagne électorale ???