lundi 10 février 2014
humeurs sociales
-Les mots ne sont pas innocents-
"Les mots servant à désigner les personnes ne sont jamais innocents;
Ainsi, ne dira-t-on pas d'un enfant qu'il est un voleur, un menteur ou un violent,
au risque de l'enfermer dans une identité stigmatisante.
On préfèrera distinguer sa personnalité de l'acte qu'il a commis: il a volé, menti
ou s'est montré violent mais son avenir est ouvert et son évolution possible.
La manière d'identifier les personnes fréquentant les services socio-éducatifs relève
du même registre. elle s'est transformée au gré des mutations du travail social.
Dès lors, où le repérage des compétences et des potentialités a été privilégié sur les manques et les déficiences, la personne à la rue n'est plus tant sans domicile fixe qu'un "habitant de la rue",
celle qui souffre d'addiction n'est plus toxicomane mais "un usager de drogue" et celle qui est atteinte d'une incapacité physique, mentale ou psychique n'est plus handicapée, mais est devenue "autrement capable".
Nos amis belges ont poussé cette logique jusqu'à refuser de désigner les jeunes soupçonnés d'infraction à la loi pénale comme des "mineurs délinquants", mais comme des "mineurs ayant commis des faits qualifiés infraction".
Si le terme générique d' "usager" est critiqué, pour sa proximité sémantique avec "usagé" (qui laisse entendre que la personne serait trop usée pour être apte à devenir actrice de sa vie), il est défendu par les opposants à la dérive néo-libérale prétendant faire adopter à l'action sociale des réflexes marchands. Pour eux, l'usager est celui qui fait usage du service public que constitue le travail social.
Gageons que le débat est loin d'être clos pour savoir comment nommer les personnes accompagnées.
Coluche ironisait: "On ne parle plus de sourds mais de malentendants, on ne parle plus d'aveugles mais de malvoyants. Dorénavant, on ne parle plus de connards mais de mal-comprenants."
Jacques Trémintin- "L'humeur" Lien Social n°1134
BIG BROTHERISATION?
"Une étude canadienne montre qu'en quatre générations, les enfants ont perdu l'essentiel de leur liberté de déplacement.
En 1930, un gamin de huit ans pouvait aller pêcher à dix kilomètres de chez lui sans surveillance alors qu'aujourd'hui, il ne peut, n moyenne, s'éloigner de plus de trois cent mètres de son domicile. Cette perte d'autonomie n'est pas sans conséquence sur la façon dont l'enfant voit l'extérieur "diabolisé" et présentant des dangers insoupçonnés.
Cela est à mettre en lien avec l'organisation systématique des périodes de liberté de certains enfants. Conservatoire, football, karaté etc. qui en plus de l'école, instaure un emploi du temps dont sont souvent exclues les périodes de rêveries. Cette conception de la suroccupation rejoint le souci qu'avaient nos anciens, éducateurs religieux du 18e et 19e siècles, pour qui la paresse était mère de tous les vices.
Si l'on ajoute les nouveaux contrôles qu'autorisent l'informatisation des relations avec les collèges et les écoles et la systématisation des téléphones portables comme moyen de surveillance parentale, on arrive à une étrange réalité de privation de liberté individuelle des enfants au nom d'une plus grande quête d'activité et d'ouverture à l'autre; un paradoxe éducatif.
Quels enfants fabriquons-nous à l'heure où, précisément, leur avenir professionnel doit s'ouvrir vers plus d'aventures et plus d'initiatives personnelles?
Est-ce que le fait de gérer l'emploi du temps de l'enfant au nom de la multiplication des expériences développe son esprit inventif ou au contraire le broie pour un besoin de sécurité maximale?
Je n'ai évidemment pas la réponse mais je constate qu'il n'est guère étonnant que tant de citoyens ne s'offusquent pas de la surveillance systématique de nos allers et venues par des caméras, des systèmes de contrôle de nos mails, SMS, échanges téléphoniques ou sites visités.
Car bien sûr s'inscrit dans cette big-brotherisation sans doute insupportable une part de sentiment de sécurité. Si une génération de cinquantenaires et plus s'en méfie, il est normal que les plus jeunes s'en satisfassent car après tout, cette nouvelle forme de civilisation du contrôle est en adéquation avec une part de leur éducation.
En un mot, nous avons la société que nous méritons."
Etienne Liébig- "Sur le vif" Lien Social n°1134
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la bière en bretagne : A la fin du XIXe siècle, la Bretagne compte 70 brasseries. C'est peu, comparé aux 800 brasseries du Nord par exemple. « Dans la campagne bretonne, on consomme du cidre et des petits vins. La bière, c'est alors la boisson de la ville », explique le Nazairien Philippe Bonnet, qui vient de participer à la rédaction de l'ouvrage "Deux siècles de bières en Bretagne."
RépondreSupprimertout l'article : http://bit.ly/NC7zeN
c'est une façon comme une autre de gérer ses humeurs sociales
RépondreSupprimerque de les distiller dans quelque breuvage houbloné ou non.
En tout ca merci pour l'info je vois que le prolixe Philippe a encore frappé
et sans faux col...
;-)