jeudi 31 octobre 2013

venelle du moussaillon






Chez:" Flog peau à tiques" j'ai découvert et aimé le texte qui va suivre

"j'écris sans voir parfois et sans boire mais comme si j'avais bu, comme si j'avais vu , comme si j'avais vécu, vécu toutes ces existences lues dans les livres peut-être et comme si j'avais tout compris et  sans rien n'en savoir, avec ce refus de savoir quoi que ce soit, j'écris comme une nouvelle-née, un rat aveugle,une ombre craignant la clarté, j'écris comme si j'étais dieu ou déesse, érotique ou sans fesses, avec la rage d'en découdre avec les mots qui m'assiègent, avec la crainte qu'ils m'emportent dans un  néant de folie, avec peur et fascination à la fois, avec mes frères et soeurs par-dessus mon épaule qui veillent et m'encouragent même s'ils écriraient autre chose, quand bien même ils n'approuveraient pas tout, avec un écureuil lové au creux de mes bras et une tortue d'Herman désséchée dans un coin de mon crâne, tortue de famille gagnée par mon père à une fête foraine, lente et coriace et sans doute à l'image que je me fais de moi même, j'écris sans rien savoir du succès ou de l'indifférence, en voulant oublier les versets inconsistants qui devaient m'éduquer, j'écris pour tuer tous dieux, tous pères, toutes mères mais les aimant, j'écris comme je jouis, avec langueur, fougue,  patience et volonté, j'écris pour retrouver la jouissance au travers des mots, leur arracher leurs mystères, leurs sons, leurs rythmes, en apprendre quelque-chose à leur insu, à mon insu et le partager car sinon, à quoi bon, à quoi bon noircir, encrer, raturer, jeter et recommencer si ça n'est pour extirper de l'inconnu, quelques sagesses, tendresses et plaisirs, j'écris sans doute pour maintenir  mon désir, celui d'être ici et de le dire, celui d'être autre parmi vous, d'être avec vous, identique et unique à la fois...
 
 

j'écris et mes mots me font peur souvent, je les cache, les retiens, les crache et me maintiens, j'écris sans gérer mon image, avec l'effroi qu'elle m'échappe puis j'écris pour lutter contre ces idées-là...

 

j'écris pour danser, nue et sauvage comme la Manon des sources et pour la retrouver même sous une image à trop grande bouche, toujours belle et désirable.

 

J'écris pour m'accrocher au phallus et toujours croire à la communion de nos sains.

 

J'écris pour ces mots des autres:

 



"  L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit."
Aristote


"On ne tue pas un rêve, on n'assassine pas un subterfuge. Ce serait plutôt lui qui nous tue, car Dieu met à mort tout ce qui lui résiste. En premier la raison, l'intelligence, l'esprit critique."
Michel Onfray / Traité d'athéologie

 

 

J'écris pour ceux qui m'enseignent et me tirent de l'obscurantisme.

 

J'écris pour m'arracher aux époux vampires et aux libertins pervers qui nous sucent, nous dévorent et croyant aimer, nous détruisent et nous font saigner.

 

J'écris pour arracher des hommes brandissant des haches et des lois perverses, j'écris pour démonter le monde du profit, pour crier l'amour sous des échos de ruine.

 

J'écris pour affronter mes faiblesses, pour me renforcer sans m'endurcir, pour vous nuancer sans me soumettre, pour que vous me respectiez sous mes flots de lettres. 

 

J'écris pour que vous lisiez des femmes, pour que vous liez vos flammes.

 

Et j'écris encore pour compter quelque part et pour quelqu'un et pour que vous aussi regardiez vos miroirs et y voyez un peu de ce noir qui ne me pèse plus.

 

J'écris pour mes filles, pour leur écrire ce que je ne sais exprimer.

 

J'écris pour moi et pour toi aussi et je n'en veux que le pouvoir de l'avoir écrit.

 

J'écris pour être libre et indépendante, pour m'échapper   de toutes vos influences, pour devenir et rester moi, pour penser sans aucun roi.

 

J'écris pour écrire encore, pour creuser une fontaine et y boire à mes sources, pour chercher dans ses reflets un peu de poésie.

 

J'écris pour avoir la force d'agir, pour mettre un pas devant l'autre, pour m'éloigner du médiocre,de l'inconsistant, du laid et du vil.

 

J'écris pour continuer à voir la beauté et l'amour sous des montagnes de gravats, pour croire en nous envers et malgré tout.

 

J'écris pour murir et sans mourir, pas tout de suite,pas écrasée par vos suites obscènes.

 

J'écris pour me battre, contre vous, contre moi mais sans aucune arme à la main.

 

J'écris pour me battre, sans aucune larme dans les yeux, pour combattre les narcissiques sans émois et nous donner des raisons d'espérer.

 

J'écris pour ma mère malade d'angoisse et pour mon père pareil qui s'est détruit à force de boissons, j'écris pour leur lente agonie, la première sans morphine et le 2ème avec sa sale bobine de vieillard prématuré.

 

J'écris pour qu'une oreille au moins m'entende, pour combattre les hyènes et les chacals qui se nourrissent des autres.

 

J'écris contre tout profiteur, tout arnaqueur et tout guerrier. J'écris parfois contre des avocats, des dentistes ou des banquiers.

 

J'écris pour survivre et garder mon rire.

 

J'écris pour vous dire que la mort pourrait bien me surprendre, j'en rirai encore si elle m'en laisse le temps.

 

J'écris contre les sadiques ou les masochistes.

 

J'écris contre les religions même si je comprends vos besoins d'immortalité.

 

 

J'écris pour rendre un peu de ce vous m'avez appris.

 

J'écris contre mes employeurs indélicats et malhonnêtes,  bien souvent catholiques et de droite, contre les entreprises libérales qui nous exploitent, contre un système qui nous écrase et nous affame.

 
J'écris pour rester digne même dans ma pauvreté."






                ".../...Nous contenons tout
    mélancoliques
    et hardiment repris
par l'instant
quand notre bouche s'ouvre
                            à l'éveil

oui à la mélancolie du monde
et oui encore
à l'autre nom de la beauté
ton visage

                  nous voici posés sur l'incertain

un coup d'aile et son regret
et tôt venue
la lumière qui décide

un ciel cache un ciel
dans tes yeux 
              où seul l'amour est possible

tes yeux sont le second poème
.../...




Chaque pli du matin
chaque froissement du réveil
c'est cela
parfums sous la mort même
qui nous retient
ce fragile gréement de l'air
qui fait passer les corps
sur l'autre bord de la folie
où l'on s'efface
où peut-être bien l'on s'efface tout à fait
pour n'être l'un à l'autre
qu'une mer lointaine
et sa rumeur

rumeur jalouse
dont le poème dit l'essor
amour contraire
à tout ce qui se répand
sans être

et la rumeur encore est le poème
.../..."

extrait de- Poèmes du matin-"Fresque peinte sur un mur obscur"Jean-Pierre Siméon-Cheyne Editeur





"Au large les barges se gondolent dans le roulis
Ici on cuit au bain-marie
Un coup j'te lave un coup tu m'essuies
Ici on se botte
On se débecte
Et les mouettes se délectent
De nos anecdotes

Au large les barges se gondolent dans le roulis
Ici on suit des bikinis
Les jours de grève le sable s'ennuie
On se prélasse
Dans les grandes surfaces
Là où se pressent les huiles
Et les bigorneaux

J'écume
J'm'enrhume

J'ai qu'une idée
Eternuer
Te retourner le canoë
Etre le dernier à s'éterniser
Sur ton corps alangui

J'écume
J'm'enrhume

Au large les barges se gondolent dans le roulis
Ici on jouit du clapotis
Du bord de mer dans mon jacuzzi
Du premier jet
J'ai tout gardé
Puis j'ai mélangé
Le léger le corsé

J'ai qu'une idée
Eternuer
Te retourner le canoë
Etre le dernier à s'éterniser
Sur ton corps alangui

J'écume
J'écume
J'm'enrhume"

-Alain Bashung-






3 commentaires:

  1. je suis tout essoufflée d'avoir parcouru toutes ces lignes !
    les images sont apaisantes et belles
    et Bashung parti trop vite a laissé des traces et des mots!
    superbe page c'est vrai

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  2. Merci beaucoup pour vos félicitations Madame, Monsieur et comme je ne suis qu'un des contributeurs à l'affaire je partage avec grand plaisir vos encouragements avec les autres participants
    Beau week-end à vous

    RépondreSupprimer

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