vendredi 21 octobre 2011

conte de fée




"Nous savons, depuis Bettelheim, qu'il ne faut pas rigoler avec les contes de fée. On a compris qu'ils présentent à l'enfant, en termes préscs, des problèmes existentiels en caricaturant les situations.
Le méchant est très méchant, le gentil, très gentil etc.Certains films américains nous donnent aussi un bel exemple de cette dichotomie simplificatrice. Il faut croire que ces situations excessives et imaginaires imprègnent durablement notre inconscient mais plus encore celui des journalistes et des politiques. Prenons l'affaire Babu. Un type meurt électrocuté sur la voie du métro. Pendant que l'enquête policière se déroule, enfle une rumeur, immédiatement reprise par la presse. Babu a courageusement défendu une jeune fille agressée par un méchant délinquant puis, en luttant pour son honneur a été lâchement poussé sur les rails électrifiés. Mort d'un héros ordinaire. Le courage a tué Babu. Gros titres, hommages posthumes. Le ministre se déplace et pose une gerbe, là où le grand homme est tombé. Minute de silence, discours ému du représentant de l'Etat. Le gentil est très gentil, irréprochable en tous points. Il travaille durement pour gagner sa vie. Le méchant, lui est très méchant. Chômeur, déjà connu défavorablement des services de police, étranger, on le retrouve où ce salaud? Mais dans un bar de Pigalle bien sur. Car, non seulement lâche, le mec doit être alcoolique...On marche dans la combine, on pleure, on vitupère, on s'insurge. Tout cela correspond tellement à notre petite image d'Epinal intérieure que l'on voudrait bien que ce soit vrai...
Mais voilà, on recherche désespérément la jeune fille agressée pour la voir pleurer au 20 heures: elle n'existe pas. On interroge les autres voyageurs de la rame: ils n'ont rien vu. On visionne les caméras: on y voit le fameux Babu agresser un voyageur qui se défend comme il le peut : le hasard défavorable à l'agresseur, entraînant la triste fin que l'on sait. Pas de héros, pas de démon, pas de courage, pas de quête du sublime. Une sordide histoire entre mecs sur un quai de métro.
Faites de beaux rêves quand même."
-"Conte de fée"- une chronique de Etienne Liebig parue dans le numéro 1035 de l'hebdomadaire Lien Social

3 commentaires:

  1. voilà ce qu'on gagne à croire tout ce qu'on nous dégoise.....

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  2. bonjour,

    Etienne Liebig sait le pouvoir des mots, et le montre dans son bel ouvrage :"comment draguer la catholique sur les chemins de Compostelle",chez La Musardine. :-)
    http://tinyurl.com/6gvnxu5

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  3. Allez je vais causer comme les politiques (hugh)"c'est compliqué" ce genre de truc; on a parfois tellement envie -pour des raisons diverses et variées- qu'un évènement soit arrivé que l'on s'engouffre très vite dans ce genre de bien -pensance histoire de se rassurer..et avec l'info qui file à toute vitesse, les erreurs arrivent bien vite. Pour autant comme le "tous pourris" légèrement réducteur le "tout pas vrai" l'est tout autant
    d'ailleurs parfois même la terre peut être trompeuse non?
    heu! j'ai l'impression d'être clair comme un dimanche matin là
    Belle journée à toi Anne.
    ;-)

    Ah en voilà d'un joli titre Rotko: "comment draguer..." et si en plus les educs se mettent à écrire autre chose que de la soupe administrative hu!hu!hu!
    Bon dimanche Monsieur le bibliothécaire historien chercheur...
    ;-)

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