"La nuit ! La nuit surtout je ne rêve pas je vois J'entends je marche au bord du trou. J'entends gronder ce sont les pierres qui se détachent des années. La nuit nul ne prend garde c'est tout un pan de l'avenir qui se lézarde et rien ne vivra plus en moi Comme un moulin qui tourne à vide L'éternité. De grandes belles filles qui ne sont pas nées se donneront pour rien dans les bois. Des hommes que je ne connaîtrai jamais battront les cartes sous la lampe un soir de gel. Qu'est-ce que j'aurai gagné à être éternel? Les lunes et les siècles passeront Un million d'années ce n'est rien mais ne plus avoir ce tremblement de la main qui se dispose à cueillir des oeufs dans la haie Plus d'envie plus d'orgueil tout l'être satisfait. Et toujours la même heure imbécile à la montre. Plus de départs à jeun pour d'obscures rencontres. Je me dresse comme un ressort tout neuf dans mon lit. Je suis debout dans la nuit noire et je m'agrippe à des lampions à des fantômes pas solides. Où la lucarne ? Je veux fuir ! Où l'écoutille ? Et je m'attache à cette étoile qui scintille comme un silex en pointe dans le flanc ivrogne de la vie qui conjugue au présent le liseron du jour et le fer de la grille" -rené guy cadou-
"la nuit a inventé la parole : le langage parlé n’est pas d’une nécessité absolue de jour (il existe les gestes). La nuit est le lieu prétexte à l’apparition de la parole. Pour le linguiste Claude Hagège, si l’homme a toujours été doté de la faculté de la parole, il ne l’a utilisé que tardivement, paut-être face à la nécessité qu’impose la nuit. La nuit a inventé le droit, c’est-à-dire l’intrusion de la parole dans l’obscurité des relations humaines. La parole est le fondement du droit ("parole d’honneur", "tenir parole"). S’il y a continuité de la parole et du droit, on peut faire l’hypothèse que l’origine du droit est nocturne. Pour le juriste Jean Carbonnier, le jour est dissociation et absence de droit, la nuit est rassemblement et naissance du droit. la nuit a inventé le temps : les nuits d’amour sont trop courtes, les nuits de souffrance interminables. Les Gaulois et les Germains ne mesuraient-ils pas les "jours" en nuits ?.../... La nuit a inventé la ville : parmi les mythes fondateurs, certains convoquent le rêve et le songe. Toute fondation concrète, diurne, est précédée d’une fondation rêvée, imaginée, nocturne.../.. Si Rome ne s’est certainement pas faite en un jour, elle s’est peut-être faite en une nuit. Mais l’urbanisme rationnel et impavide a remis en cause cette primauté de la nuit. Vus les résultats "diurnes", on ferait peut-être mieux d’astreindre urbanistes et architectes au travail de nuit. Leurs ateliers deviendraient des "rêvoirs" (Bachelard). On habite en fait deux villes : l’une diurne, l’auttre nocturne. Montréal de jour n’est pas Montréal la nuit, et si l’on dit "Paris la nuit", on ne dit jamais "Paris de jour". Du reste, la nuit monte et ne tombe pas sur la ville. Prenez une tour : c’est sa base qui entre la première dans l’obscurité. De même que les lampes éclairées des lampadaires semblent en lévitation, les fenêtres de la tour sont éclairées, en l’air, elles aussi en lévitation." extraits de -géographie de la nuit- luc bureau-
jolies photos
RépondreSupprimermerchi je transmettrais aux auteurs c'est à dire camille z'et moi même! :-)
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