Je suis d'ici et par hasard et peut-être pour quelque chose si j'en crois les "apôtres" du sens commun des mortels. Un jour j'ai entendu un type énervé, rondouillard et rouquin dire que son physique avait sa part de responsabilité dans son agitation et sa quête de célébrité. Depuis il est rentré bien avant et les deux pieds joints, dans la société du spectacle, comme quoi on n'est pas toujours desservi parce qu'on croyait à priori être un handicap, c'est ce que voulait sans doutes dire ce monsieur, tout peut être utilisé à ses fins...surtout si on y prend garde. Je suis arrivé par ici dans la facilité si bien sur je m'en tiens à mon unique raisonnement, celui de ma génitrice serait, je l'imagine aisément sur un autre registre, mais voilà en ce qui me concerne, s'il vous plait, les forceps pas pour moi merci, une césarienne et hop! c'était la grande ouverture sur la vie. Remarquez, j'avais pas à me tracasser sur la gestion de l'affaire, si j'ose dire, du cousu main. Toutes les mères qui passaient à l'époque dans la boutique en question, avaient droit au même genre d'opération - cela arrangeait peut-être l'accoucheur pour planifier ses week-end, qui sait? Je suis de ma rue et j'en fais un boulevard, une histoire personnelle où se mèlent de vagues souvenirs de couches en coton et des odeurs saisonnières qui m'entraînent dans des courants de vagues émotionnelles et je risque fort d'avoir les cales submergées surtout si je laisse grandes ouvertes les écoutilles. Je suis un produit d'un terroir breton, j'y ai mis de côté la pureté vu qu'elle n'a pas de sens ni pour moi, ni pour n'importe quel autre de mes semblables, et heureusement dirons-nous, la race pure souche étant condamnée à la régression généralisée et c'est bien fait pour elle car si j'osais et je ne vais pas me géner, je dirais qu'il ya une morale dans la genèse, celle du mélange, du brassage, le métissage, la mosaïque, le cocktail ...et à la votre! Tiens! cela me rappelle une anecdote, ça c'est pour faire comme les professionnels de la spontanéité étudiée- une anecdote bien placée ça fait toujours son petit effet, n'est ce pas! Donc, pour vous situer, en temps et en heure, je vous cause d'un fest-noz à huelgoat, monts d'arrée, centre finistère ça va jusque là vous me suivez? l'époque importe peu, on dira quand même que c'était en été sinon comment vous expliquer et être crédible en disant qu'on se trouvait sur la place principale de la ville en train de danser avec quelques centaines d'autres agiles du ptit doigt et de la gambette. et pendant que j'étais en train d'atteindre la banlieu du nirvana sur une gavotte échevelée voir cochevelou ( humour breton) vla que deux trois casseurs de rêve que je ne connaissais ni de rennes ni de lorient, me tombent sur le cabic...mince, ça va pas! on est en été, le cabic c'est pas de saison, remarque, on est en montagne, bretonne certes, mais montagne quand même, et la nuit est tombée (comme elle a pu) et on sait pas ,ptêt que c'était un été pourri où il a plu que sur les cons mais quand-même! bon on va pas non plus passer la nuit là dessus, on dira: tee shirt, bermuda; là ça va? Surtout que les lascars qui m'interpellent c'est sur, ils m'ont pris pour un touriste et ils viennent me talibaniser, mais pourquoi au fait? et bien parce qu'ils trouvaient que ma façon de danser n'était pas codifiée dans le, comment dire! barzaz breiz édité par un cercle celtique de par chez-eux dont ils sont, me précisent t'ils, menbres éminence. Culottés les gars! Et là, n'ayant pour l'heure, pas ma langue dans la poche , ni dans celle du ciré du voisin- ciré, pluie, bretagne! you understand?- (qu'est ce qu'on ne ferait pas pour faire plaisir...) je leur réponds que je fréquente le "milieu" briton depuis presque mes premières couches coton de tout à l'heure ( et faudrait les laver de temps en temps) et que si je n'ai pas la raideur académique (on se calme) et "l'air épanoui" dont ils font preuve lorqu'ils dansent , cela ne m'empêche nullement de m'éclater, de m'exprimer gentiment sans déranger personne mis à part, et c'est une première, quelques puristes fondamentalistes confondant culture et immobilisme, eau bénite, anti-mites, musée... et ouverture d'esprit... collectif . et que donc, si ça les gène, j'en suis bien contrit pour eux, mais, personnellement, je m'en fous , voir même, cela pourrait presque me faire plaisir de savoir que je puisse agacer quelques jurassic- celtiques s'imaginant posséder à eux-seuls, le label de la bienséance festonnienne...Tout ça pour dire et en délayant la sauce-dame qu'est ce que vous imaginez, je suis payé à la ligne- que les purs, d'où qu'ils sortent, me semblent suce pets et propres à gâcher le peu de liberté qu'il nous reste encore et que si l'on n'y prend garde sera bouffé pas plus tard que très bientôt, par les ligues de vertu qui fleurissent comme gale au soleil ou morpions sur la canopée intime. Je suis breton mais sans rancoeur, ni renvoi acide, car je n'ai pas à me justifier du fait, je le sais et c'est bien suffisant et cela ne me donne ni réduction dans les transports publics, ni avantage en quoi que ce soit, juste le plaisir d'être d'ici et d'ailleurs, "par chance" et ptêt un peu aussi "par vouloir" voilà pourquoi: "je dors en bretagne ce soir"
"Les pommiers fleuris du printemps et la grêle de temps en temps Sur les talus la blanche épine la tige fine qui s'incline Les ajoncs de La Roche-Bernard beauté prise dans un regard Par chance et aussi par vouloir Je dors en Bretagne ce soir L'abeille sur le liseron blanc et en surface d'océan L'évanouissement des vagues l'ombre d'un chemin qui zigzague La graine des genêts craquant en plein midi au bord des champs Par chance et aussi par vouloir Je dors en Bretagne ce soir Les bruines de l'arrière-saison voilant des ports sans horizon Une sirène qui résonne portant mélancolie d'automne Le galop fou du vent salé sur l'infini des monts d'Arrée Par chance et aussi par vouloir Je dors en Bretagne ce soir L'onglet du pêcheur étripant le poisson sur le pont glissant L'alignement mégalithique que fait reluire la pluie oblique Et un peu de neige parfois qui blanchit l'ardoise des toits Par chance et aussi par vouloir Je dors en Bretagne ce soir dans la beauté" -gilles servat-
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