lundi 14 juillet 2008

je suis le vent














































Il s'en est allé vers d'autres poésies, un 14 juillet, comme un dernier pied de nez au monde uniforme , l'homme qui fut souvent en pétard contre les injustices, les rigueurs étriquées, les renvois aigres et les moutonneries diverses. Il s'en est allé dans l'inconnu sans soldat, en laissant sa plume salée prendre son vol à marée montante et ses pas s'effacer lentement sur la grève qu'il empruntait souvent, lui le fumeur de celtiques, avec son ami le barde breton et philosophe fait de terre et de mer- "glenmor". Il s'en est allé mais sans se défiler, un 14 juillet, avec ses doutes, ses colères , son immense tendresse et ses rêves, flottant dans un piano sur la mer à la rencontre d'autres symphonies inachevées. Il s'en est allé, loin des champs élysées et de leur parade bruyante et vulgaire, doucement, tranquillement au soleil qui caresse les oliviers ,en laissant pour qui veut bien prendre le risque de s'en saisir, un peu de la musique et des mots, à couper le souffle, à donner le tourni, à pleurer d'émotion mais à rester contre toute attente et à jamais comme un léo , seul sous la lumière blanche: debout.


















"Je suis né ce printemps dans une île d'amour avec dans mes poumons tout un banc de violettes. J'avais pour me parler d'anciennes girouettes et j'avais pour pleurer des nuages très lourds. Je suis né ce printemps dans une île d'amour
J'ai vu la corde lisse au mât des suppliciés pour leur dernier sommeil c'était moi la berceuse.Sur les tringles du ciel quand l'âme est voyageuse les pendus le matin ça fait un bruit glacé. J'ai vu la corde lisse au mât des suppliciés
On me force à tourner les ailes des moulins. On me force à gonfler les voiles de naguère. Je suis le mec maudit qu'on a mis aux galères. Je suis un vieux bagnard et vous n'en savez rien. On me force à tourner les ailes des moulins
Je vous donne ma voix et puis tous mes violons. Venez donc avec moi et laissez vos maisons. Et dans l'azur tout bleu où nous ferons escale nous soufflerons sur Dieu et sur ses décimales. Je vous donne ma voix et puis tous mes violons
Vous savez qui je suis maintenant ?
Le vent, je suis le vent" -léo ferré-


















"Quand je fumerai autre chose que des Celtiques je veux être drapé de noir et de raison Battre de l'aile au bord de l'enfer démocrate et cracher sur Trotski sur Lénine et Socrate Ee qu'on dise de moi " Mon Dieu qu'il était con! " Quand je fumerai autre chose que des Celtiques" Il n'aimait rien de ce que l'on nous fait aimer et marchait seul, devant, le poing dans l'utopique Il croyait que l'amour c'est comme la musique alors que votre amour s'est immatriculé " Quand je fumerai autre chose que des Celtiques moi je suis con, ma foi, mes fleurs noires à la face Fini le temps des bombes, aujourd'hui on transige on groupuscule, on parlemente et l'on exige d'un mec à cheveux longs qu'il crame ou qu'il s'efface; Quand je fumerai autre chose que des Celtiques Je veux mourir tout seul là-bas au bout du quai tiré à quatre chiens dans la nuit camarade avec dans mes paquets mon hibou sérénade qui n'y voit que la nuit pour mieux m'accompagner
alors nous tirerons nos dernières cartouches"
-léo ferré-


















"La poésie contemporaine ne chante plus… Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction… Elle ne fréquente pas les mots mal famés… Elle les ignore. On ne prend les mots qu'avec des gants: à "menstruel" on préfère "périodique", et l'on va répétant qu'il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires ou du Codex.
Le snobisme scolaire qui consiste, en poésie, à n'employer que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu'ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain
Ce n'est pas le rince-doigts qui fait les mains propres ni le baisemain qui fait la tendresse. Ce n'est pas le mot qui fait la poésie, c'est la poésie qui illustre le mot. Les écrivains qui ont recours à leurs doigts pour savoir s'ils ont leur compte de pieds, ne sont pas des poètes, ce sont des dactylographes. Le poète d'aujourd'hui doit appartenir à une casteà un parti ou au Tout-Paris.Le poète qui ne se soumet pas est un homme mutilé.La poésie est une clameur. Elle doit être entendue comme la musique. Toute poésie destinée à n'être que lue et enfermée dans sa typographie n'est pas finie. Elle ne prend son sexe qu'avec la corde vocale tout comme le violon prend le sien avec l'archet qui le touche. L'embrigadement est un signe des temps. De notre temps. Les hommes qui pensent en rond ont les idées courbes; Les sociétés littéraires sont encore la Société. La pensée mise en commun est une pensée commune. Mozart est mort seul, accompagné à la fosse commune par un chien et des fantômes, Renoir avait les doigts crochus de rhumatismes, Ravel avait une tumeur qui lui suça d'un coup toute sa musique,
Beethoven était sourd,Il fallut quêter pour enterrer Bela Bartok, Rutebeuf avait faim,Villon volait pour manger. Tout le monde s'en fout. L'Art n'est pas un bureau d'anthropométrie. La Lumière ne se fait que sur les tombes
Nous vivons une époque épique et nous n'avons plus rien d'épique;La musique se vend comme le savon à barbe. Pour que le désespoir même se vende il ne reste qu'à en trouver la formule. Tout est prêt: les capitaux, la publicité, la clientèle. Qui donc inventera le désespoir?
Avec nos avions qui dament le pion au soleil. Avec nos magnétophones qui se souviennent de " ces voix qui se sont tues ", avec nos âmes en rade au milieu des rues, nous sommes au bord du vide, ficelés dans nos paquets de viande, à regarder passer les révolutions. N'oubliez jamais que ce qu'il y a d'encombrant dans la Morale, c'est que c'est toujours la Morale des autres.
Les plus beaux chants sont les chants de revendications
Le vers doit faire l'amour dans la tête des populations.. A L'ECOLE DE LA POESIE ET DE LA MUSIQUE ON N'APPREND PAS ON SE BAT!" -léo ferré-

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