jeudi 18 mars 2010

JOURS DE TREMBLEMENT


".../...Depuis l'autre bout de la salle Marie m'avait fait un signe d'appel. elle était curieusement souriante, son ami avait eu une bonne nuit, me disait-elle, tout le reste semblait sans importance, Je l'avais suivi jusqu'à leur cabine qu'un tissu accroché à la fenêtre transformait en un huit-clos bleui à la très forte odeur d'eau de Cologne. Le vieil homme était assis sur son lit, adossé à ses coussins, il m'avait invité d'un geste à m'installer à côté de lui dans cette lumière irréelle qui détachait son visage osseux, le vague halo de ses cheveux blancs, son oeil toujours en alerte. il parlait avec une infinie lenteur, en reprenant sa respiration entre chaque phrase, je sentais l'effort non tant de rassembler sa pensée que d'articuler les mots d'une voix rauque, presque éteinte. Quelle chance pour le journaliste que vous êtes, observait-il non sans ironie, quelles images, mais quelles images vous rapporterez au monde...Le prenant au mot j'avais cru bon de me défendre de l'appellation de journaliste, disant préférer celle de cinéaste, un cinéaste qui pourtant ne filmait rien, n'en ayant ni l'envie ni l'audace, peut-être parce que nous n'étions plus dans le film, lui disais-je, nous étions sortis du film...Il m'écoutait sans paraître s'étonner, comme Marie qui de l'autre côté du lit me fixait de cet oeil appuyé qui me troublait au fond, non tant sa beauté de femme mûre que l'impression qu'elle posait sur moi une attente, un dessein, peut-être le désir profond que je parle à son compagnon, que je l'écoute, que grâce à moi il puisse s'ouvrir à quelqu'un d'autre qu'elle.
Gageons que votre film sur la réserve n'est que partie remise, reprenait lentement le vieil homme, savez-vous que là-bas Dieu ni a pas encore séparé la terre et l'eau, c'est le lieu du tohu-bohu, c'est le commencement du monde. il avait posé la main sur mon bras et me souriait le front en sueur, je sentais à la fois l'effort de parler et le bonheur de dire, chaque mot extrait du souffle et chaque mot choisi. Un temps il m'avait regardé en silence puis sans apparente transition s'était mis à évoquer une rébellion touarègue des années 90, dix jours où il s'était retrouvé bloqué dans un hôtel  d'Arlit, à jouer d'interminables parties de dames avec un ingénieur écossais des mines d'uranium, dix jours passés hors du monde à déplacer des jetons de bois sur un damier dans la chaleur d'un patio fleuri, alors que des coups de feux claquaient partout dans la ville.
A ce souvenir il souriait encore mais plus vaguement, lointainement, la malice de ses yeux soudain noyée dans ce sourire, il disait que c'était des moments étranges, comme nous vivions un moment étrange, il disait que toute la vie se resserrait dans ces moments-là puis s"assombrissant peu à peu il se mettait à parler de l'Afrique qui jouait en pleine clarté, en pleine cruauté, disait-il, ce qui se tramait à l'ombre de nos sociétés occidentales: la lutte des riches et des pauvres, des cyniques et des idéalistes, des offenseurs et des humiliés...Guerres larvées, guerres souterraines, guerres de mots et de déclarations qui éclataient ici en pleine lumière ( à l'instant où je le voyais de plus en plus faible, comme vidé par ce qu'il cherchait encore à me dire, écrasé d'un coup par la fatigue). Mais je pérore, s'excusait-il, Marie vous dira que je pérore, c'est d'avoir trop aimé ce continent sans doute...
Et il avait renversé la tête sur le montant du lit en gardant les yeux grands ouverts. Ce sont nos enfants poursuivait-il de sa voix usée, nos merveilleux enfants, nos merveilleux enfants...
encore un peu de temps, restez. J'ai peur de vous fatiguer, lui disais-je, il baissait les paupières puis lentement, phrase après phrase: vous ne me fatiguez pas, vous me donnez votre présence.
Un peu plus tard j'avais tenté de me dégager du poids de sa main sur mon bras et il avait murmuré restez, j'ai toujours été curieux des êtres et j'aime l'idée que vous voulez faire un film sur les oiseaux, moi je ne suis presque plus de ce monde, il n'y a pas beaucoup de ciel dans la cabine mais assez pour en percevoir les signes, merci d'être venu au chevet d'un vieil homme, merci.../..."

Extrait de: "Jours de tremblement" un livre de François Emmanuel- Editions -Seuil-

ET SI ON DANSAIT?





c'est dans les vieux pots...



Comme il disait le ptit gars en rentrant à droite "ça sent le printemps" et tiens! même que ça s'arrose ATCHOUM! (un peu simplet aussi non? n.d.c.) à la santé des pollens multicolores qui nous reviennent batifolants et guillerets....
Remarque, une autre raison qu'on aurait d'éternuer, c'est la fétide fin de campagne (même pour le lisier y a plus de saison) de ces régionales de l'étape. C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes se disait sans nul doute,  un premier sinistre depuis  son hôtel maquignon et tiens pour la peine j'vais leur chanter notre indémodable couplet de l'insécu culcul de l'insécurité! - comme les troisièmes -et n'arrêtons  pas le progrès de la médecine qui  se touche- les quatrièmes âges également,  se déplacent en force et  toutes can-cannes dehors vers les urnes de l'école maternée et primaire pour mettre le bulletin qui va bien, surtout quand il a peur!, nous pouvons  donc remercier les  quelques  trous duc de basquaise et d"ailleurs  qui confondent leur inconsolable  et addictive  console qui fait boum boum les méchants, avec la vraie vie en dehors de l'asile des limités du bulbe, pour nous permettre d'instrumentaliser -comme on apprend dans les écoles du marketinge politoc - le fait d'hiver, avec le tour de passe passe électoral. 
Merci les gars, vous l'auriez fait exprès que..
d'ailleurs on se demande si....
et
avec un peu de "chance"  encore deux trois affaires comme celles-là et ptêt qu'"ils n'auront pas l'Alsace ni la Lorraineu!" 
-pour la Corse faut que j'en cause d'abord au trésorier...

Et sinon pour l'actualité qu'elle plus locale, enfin quand je dis actualité je m'entends (avec le sonotone) , qu'est ce que j'apprends en feuilletant le quotidien du ptit coin?  le denier truc à la mode de nos z'ailés z'élus de ma gôche qui se trémousse au  bout de la jetée, ce  serait de  déplacer les monuments commémoratifs installés sur le territoire de la  commune.
En vla d'une idée printanière (de légumes)
-Esprit es-tu là?, 
Oui!
  Ok!  on mouve!
Et pour la peine apprécions à sa juste valeur  la phrase du chroniqueur de Ouest France "la stèle des déportés déplacée"...  On dirait du  Besson dans le texte. Non seulement on déporte les gens et en plus comme ça suffit pas on les déplace..
.Vraiment! Y'en a qu'on pas de chance quand-même!

Heu! si je peux rajouter ma pierre à l'édifice, à  quand l'érection (printanière bien sur) d'un monument contre toutes les boucheries de la connerie humaine qu'on appelle plus communément "guerres" et où ce sont toujours les mêmes qui se font dégommer pour le pognon de quelques autres?
Mais ça bien sur c'est une autre histoire! 

(Pfffffffff! tu mélanges tout -voix off-)
Ben oui, c'est dans les vieux pots que...




chronique de chez nous z'autres -première station avant l'autoroute-

Ah ben dame, si tu crois que c'est ainsi que tu va t'avancer vers le grand vide d'un inutile mais performant remplissage, de l'écritoire défouloir et cabine d'essayage incorporée au vestibule du grand univers de l'esbrouffe?- Tu peux toujours te le carrer dans  l'hypoténuse ton quatre heures à moteur, et sa moitié aussi.
Parce que, tu t'imagines sans doutes que le monde qui ronfle au diapason de ses cloisons vagales se doute de quelque chose quand tu tortilles du stylo ou grésilles du clavier?
Mon pauvre Pierrot -comme disait Léo- tu t'arranges plutôt pas mal avec la lune et ses accointances  mais pour ce qui est de la grande clarté, tu préfèreras toujours marcher sur ton ombre...C'est ainsi, et tu n'as même pas besoin de le reconnaitre, c'est écrit sur la doublure.
C'est une affaire de décor sans doutes, d'opportunité boostée  par l'ambiance. Tu t'envisages comme une mise en selles et ton rouleau de papier  pourrait presque te guider jusqu'à l'océan tant semble grande l'inspiration et infinies les contractions .






 Tu le sais trop bien pourtant, ce n'est que du bluff et ne regarde surtout  pas  dans le dico pour savoir comment ça s'écrit, pas la peine de te faire du mal avec ça surtout  quand  l'autre côté du miroir n'a vraiment rien à t'envier. Ton virtuel à toi il garde au moins les mains presque propres et il s'essuie les pieds sur le paillasson de tes nuits solitaires avant de se  rentrer à la niche. Quand aux  rencontres du hasard, si elles existent, elles sont libres d'interprétation et fruits de l'imagination,
et là tu vois,
on  rime fort quand ça veut...





J'ai la nuit carmélite dans mon ashram du temps moderne.
Remarque,
Je suis de ceux qui prennent les jours en diagonale sur les calendriers en s'imaginant peut-être ainsi se rassurer jusqu'au jeu de quilles.
Tu crois que c'est grave ou pathétique en soi?
Il faudrait peut-être que j'en parle à quelqu'un, un spécialiste des tiroirs, seulement  les bons ils sont trop chers et les autres, presque comme moi... trop prévisibles.
Mais dis donc!
il va ptêt falloir songer à la pause du j'mange une pomme et je me gratte l'Adam.
Tu vois, 
c'est pas si terrible finalement et peut-être même- mais faut pas le répéter _ c'est un mot qui a mauvaise presse chez les jaloux qui se glissent partout, tu serais du genre "privilégié " que ça ne m'étonnerais point-
et sais-tu  pourquoi?

parce que,  avec un rien,
tu t'es vague.


j'ai aussi lu 
par ici
quelque chose
comme cela:


 celui qui veille
"L'insomniaque veille sur ton sommeil. Ici, ça ne veut pas dire grand chose. Dans une autre ville romantique, c'est important. Sa nature inquiète. Son instinct de survie. L'empêche de dormir la nuit. Parce que les autres et toi, vous êtes abandonnés. 
Il le fait par devoir. Sans en retirer aucun bénéfice. Parce que la pénombre lui dicte que quelques uns parmi les autres doivent garder l'oeil ouvert. La nuit recèle de plusieurs dangers. Sa nature inquiète. Toi, tu peux alors reprendre tes forces paisiblement. Puisque lui ne s'autorisera à dormir, qu'au lever du jour. Lorsque tu prendras la relève."


 




mercredi 17 mars 2010

JE SUIS LIQUIDE



"Non je ne suis pas forte
Mais je ne veux pas qu'on me porte
Non je ne suis pas forte
Mais je ne veux pas qu'on m'escorte
Non je ne suis pas forte
Mais jamais ne m'arrêterai

Non je ne suis pas grande
Mais je ne veux pas qu'on m'attende
Non je ne suis pas grande
Mais je voudrais bien qu'on m'entende
Non je ne suis pas grande
Mais jamais ne m'allongerai

Non je ne suis pas solide
ça c'est la nature qui décide
Non je ne suis pas solide
Je suis cassable, je suis passable
Je suis liquide

Non je ne suis pas belle
Mais je ne veux pas qu'on me le rappelle
Non je ne suis pas belle
Mais ça dépend à quelle échelle
Non je ne suis pas belle
Mais tout arrive on sait jamais

Non je ne suis pas solide
ça c'est la nature qui décide
Non je ne suis pas solide
Je suis cassable, je suis jetable

Je suis liquide de sueur et de confusion
Je suis liquide comme la lave en fusion
Je suis liquide et deviens flaque en un clin d'oeil
Je suis liquide comme la rosée sur les feuilles
Je suis liquide en écoutant couler mes veines
Je suis liquide en regardant couler la Seine
Je suis liquide quand je t'ouvre mon sillage
Je suis liquide et je t'accueille en mon village

Non je ne suis pas solide
ça c'est la nature qui décide
Non je ne suis pas solide
Mais mieux que ça

Non..."


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