mercredi 13 septembre 2023

peut-être au fond

 

 "Le pompon restait plus longtemps devant les enfants un peu lents parce qu'on n'était pas encore dans la vrai vie mais sur un manège"
Joël Baqué 
 

" Et quel cerveau......quel cerveau il nous faut, à nous autres les gens normaux, pour admettre qu’il existe sur terre une catégorie de personnes comme ça, dépourvues de cette chose que vous et moi, j’ai dit au juge, je suis sûr qu’on partage, quelque chose qui normalement nous empêche ou nous menace,quelque chose –une conscience peut-être, et qui naît assez vite pourvu qu’on ait dans la tête ce miroir mal fixé qui fait que même Adam s’est couvert d’une feuille de vigne, quelque chose qui nous entrave, oui, mais peut-être aussi, nous honore. Et le fait est que certains en sont dépourvus, de cette chose-là, comme d’autres naissent avec un bras en moins, certains naissent atrophiés de, je ne sais pas, de...
Et le juge a dit : D’humanité ?
Oui, peut-être au fond c’est ça, d’humanité."
Tanguy Viel 
 
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Si j'avais le...PROGRAMME
 
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Sainte-Soline : reportage dessiné au procès de Niort

 

 

 

 


 

 

 

 

 


 

 


 

                    Source: "Contre Attaque"

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" « Au milieu des calamités d’un siècle qui s’écroule » : c’est par ces mots que deux dominicains de l’Inquisition, Henry Institoris et Jacques Sprenger, entamèrent la rédaction d’un livre qui marqua les générations à venir, Le Marteau des sorcières, publié pour la première fois en 1486, à Strasbourg. Cet ouvrage inspira beaucoup de chasseurs de sorcières, qui en envoyèrent des milliers sur le bûcher à travers l’Europe. Ce qui frappe en lisant la prose des deux auteurs, c’est le sentiment d’effondrement d’un monde auquel ils croyaient, face à la menace du diable et de ses instruments, sorcières et sorciers.

Mercredi 6, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré : « L’effondrement climatique a commencé. » Un cri d’alarme, teinté de panique, qui résonne comme une prophétie aussi crépusculaire que celle de nos deux dominicains de l’Inquisition. Quel rapport entre ces deux époques ? Apparemment aucun, si ce n’est la conscience sourde que quelque chose de très grave est en train de se passer avec le climat. Pour beaucoup, les manifestations du diable étaient des épreuves que Dieu envoyait aux hommes pour éprouver leur foi et mettre en évidence leurs faiblesses.

 

Le dérèglement climatique a des airs de fléau démoniaque contre lequel notre raison semble défaillir. On a beau avoir expliqué depuis des décennies les causes, les raisons et les conséquences du réchauf­fement climatique, rien n’y fait, l’humanité continue d’avancer vers l’abîme comme si notre intelligence avait baissé les bras, abattue, déprimée, vaincue, tel le condamné à mort au pied de l’échafaud. Il suffit d’écouter autour de soi les amis,,les connaissances qui nous racontent la mine réjouie, les voyages qu’ils ont faits cet été à l’autre bout du monde, à bord d’aéroplanes qui crachent à chaque vol des tonnes de CO2.

Rien du réchauffement climatique ne semble faire douter les uns et les autres de leurs actes et de leur responsabilité. Les images d’inondations, d’incendies gigantesques et de populations jetées sur les routes commencent à ressembler de plus en plus à celles des gravures du XVIe siècle qui montraient des épidémies, des guerres et des massacres.

Quelqu’un devra payer

Quand de tels bouleversements déstabilisent à ce point une société, quand les esprits les plus rationnels finissent par ne plus rien comprendre au dérèglement du monde, alors la folie peut entrer en scène. Ainsi finirent sur le bûcher des milliers d’innocentes et d’innocents, boucs émissaires d’une société terrorisée par ses propres soubresauts. Quelqu’un devra payer pour expier nos peurs incontrôlables.

 

C’est la question que pose aussi le réchauffement climatique. Incapable de modifier son mode de vie et de mettre un coup d’arrêt aux cataclysmes causés par ce dérèglement, l’humanité sera-t-elle moins barbare qu’il y a cinq siècles ? Résistera-t-elle à la tentation de soulager sa peur en s’en prenant à des victimes ­expiatoires ? La question peut sembler excessivement pessimiste, mais ­l’Histoire nous a donné trop d’exemples en ce sens.

Et cette fois, ­l’effondrement qu’Antonio Guterres annonce à la tribune de l’ONU n’est pas la prédiction paranoïaque de deux inquisiteurs fanatiques du XVe siècle. Il est bien réel. Quelles réactions a déclenchées ce énième cri d’alarme ? Aucune. On continue d’ouvrir des dizaines de data centers à travers le monde, qui consomment autant d’électricité qu’une ville de province. On se gargarise du nombre de touristes étrangers venus en France cet été et on frétille déjà à l’idée d’en voir arriver d’autres pour assister à la Coupe du monde de rugby. « Effondrement » est bien le mot qui convient. Effondrement du climat, effondrement de la politique, effondrement de la pensée, effondrement de la raison."




lundi 11 septembre 2023

toi même

 

Une saison à porter des cornes
ou à rentrer dans la confrérie du cornichon amélioré.
Se chercher une descendance arménienne ou japonaise
et retrouver de vieux cousins charentais
que l'on avait un peu perdus de vue ;
Allez!
Ne rinçons pas la coupe de l'amitié avec du vinaigre... 
et puis,
c'était bien de se croiser.
 

 "La seule différence que je connaisse entre la mort et la vie, c'est quà présent vous vivez en masse, et que, dissous, épars en molécules, dans vingt ans vous vivrez en détail."
Diderot 
 

 "Une oeuvre ne sera jamais qu'un coin de la nature vu à travers un tempérament."
Emile Zola 
 

                                      Quand tu disais Valéry...
Un coin de jardin
                                    C'est ton d'Estaing
 

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 Port du Tinduff, à Plougastel-Daoulas
 

 

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Suspense.
 
Je pense
Je me dépense
Je repense aussi
Il n'y a que ça à me faire
penser
dans les limites instables de ma pensée
du jour.
Je compense alors
et je me dispense d'en rajouter,
quoi qu'on en pense.
 

 
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Mask Ha Gazh



O'Bronson

                                              
 
A la Bouëxière, entre Rennes et Saint Aubin du Cormier




Les Diables de la Garrigue

La Raymonde


                                             
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illustration source: Lundimatin
 
 Enclosure

"On dit qu’un jour un homme a été raisonnable. On dit qu’un jour un homme a travaillé beaucoup et il n’a pas dépensé et il n’a pas bu et il n’a pas joué et il n’a pas perdu. Il a acheté ce qu’il devait acheter il a gardé ce qu’il devait garder. Il mettait des billets sous un oreiller ou dans les banques qui ouvraient les unes après les autres. On dit qu’il a eu des enfants et que ses enfants ont eu des enfants et que les enfants de ses enfants ont eu des enfants. Et tous ont été raisonnables tous ont travaillé tous ont économisé tous étaient des braves gens. Ils étaient tellement sages tellement bons tellement raisonnables tellement courageux qu’ils mettaient de plus en plus d’argent de côté. Et tout leur travail se transformait en or et l’or passait de main en main de père en fils de frère en frère et jamais de mère en fille jamais de mère en fille jamais de sœur en sœur.

Et les fils des fils des fils des fils du premier homme avaient des belles maisons et leurs maisons étaient toujours propres les femmes ne passaient jamais les balais elles ne faisaient jamais la vaisselle et les maisons étaient toujours propres. Et les maris rentraient du travail déjà tout propres avec les mains toutes propres avec la chair de la paume qui était tendre et qui n’avait pas de callosité et qui n’avait pas les ombres qui restent toujours parce que ce n’est pas de la crasse mais de l’usure. Et dans les mains des maris parfois il y avait des livres et parfois il y avait des taches d’encre mais quand il y avait des taches d’encre il y avait toujours des mouchoirs dans les poches pour les essuyer et le soir en rentrant elles étaient de nouveau toutes propres toutes blanches et presque bleues avec les veines qu’on voit parce que la peau est fine parce que la peau est fragile.

Plus le temps passait plus les enfants des enfants des enfants des enfants du premier homme naissaient plus ils avaient leurs propres enfants et plus l’argent s’accumulait. Et l’argent s’accumulait parce que tout le monde était sage raisonnable et gentil parce que personne ne dépensait l’argent. L’argent n’était jamais jeté par les fenêtres. Les bouteilles n’étaient pas dans les mains des maris. Les dés n’étaient pas dans les mains et les cartes non plus. Les maris voulaient que tout le monde soit raisonnable et que tout le monde soit heureux. Ils disaient : si tout le monde est raisonnable tout le monde sera heureux.

À cause de cette histoire même si elle était fausse même si plus personne n’y croyait j’ai aimé comme une folle et j’ai travaillé comme une folle. Et j’ai cru en toi comme une folle et en ton père et en ton grand-père et en ton arrière-grand-père et dans le père du père de ton grand-père et dans le père du père du père de ton grand-père et jamais dans ta mère et jamais dans ta grand-mère et jamais dans la mère de ta grand-mère et jamais dans la mère de la mère de ta grand-mère.

J’étais jeune et j’ai cru que la vie était bleue comme l’habit et qu’un jour je serais grande qu’un jour j’irais au bureau et qu’un jour j’achèterais ma maison peut-être à la campagne ou dans un quartier vide et je ferais des fêtes avec les parents des enfants qui seraient dans la classe de mes enfants et j’aurais un étage dans ma maison et peut-être même deux et j’aurais une grande table dans mon salon où beaucoup de gens pourraient s’asseoir et j’aurais un endroit où on pourrait faire un feu dans le jardin et un mari qui saurait faire le feu et il aurait les mains propres et il aurait les mains blanches et il aurait juste peut-être quelques callosités dedans parce qu’il aurait quand même construit quelques petites choses lui-même il aurait bricolé deux trois trucs parce qu’on a beau être sage on a beau être raisonnable on a beau travailler beaucoup quand on n’est pas nés vraiment riches on sait qu’on ne le devient pas.

Parce que l’histoire est fausse et qu’on sait qu’elle est fausse et on n’y croit pas ou peut-être qu’on y croit à moitié ou peut-être qu’on pense à la troisième génération aux enfants des enfants de nos enfants on pense qu’eux ils pourront avoir les mains avec la peau fine qui laisse apparaître les veines ou peut-être qu’on pense simplement à tous les rôtis les zakouskis les bouteilles de champagne et les paquets cadeaux qu’on s’achète quand il faut fêter quelque chose ou pour les grandes occasions et peut-être qu’on croit à l’histoire comme on croit à un mythe parce que c’est beau parce que ça permet de tenir ça permet d’espérer de s’endormir en pensant à quelque chose à quelque chose qui se passera un jour et qu’on pourra garder pour toujours si on est sage si on est raisonnable. Ça aide à dormir et ça aide à s’éveiller ça aide à se lever et à aller au boulot ça aide à ne pas avoir la peur dans le ventre à ne pas avoir le trou béant, l’angoisse.

Et il y a quelqu’un qui dit qu’il faut être un héros pour renoncer à cette histoire qu’il faut être fort, courageux pour l’oublier parce qu’elle est si belle si ancienne comme un arbre généalogique rempli d’actes de bravoure qu’on se raconte encore et encore qu’on se transmet de mère en fils de mère en fille et de fille en fille et parfois de sœur en sœur avec toutes les mères les femmes et les filles qui font les familles et qui font les histoires et tous les pères les maris les frères et les oncles qui les observent de loin du coin d’un œil un peu derrière la table de la cuisine ou du jardin en retrait et qui parfois prennent un air détaché ou ironique mais qui bien sûr sont toujours contents qu’on parle des exploits de leurs pères et peut-être qu’ils pensent à quand on parlera de leur propre bravoure et de leur propres mérites ils pensent à quand leurs filles puis leurs petites-filles et peut-être leurs arrière-petites-filles montreront leurs photos et leurs livres et leurs papiers et peut-être leurs diplômes qui avaient été dans des cadres sur les murs et qu’on aura retiré mais qu’on aura gardé.

Les enfants des enfants des enfants du premier homme ne mentent pas ils croient à l’histoire qu’ils racontent parce qu’elle est belle leur histoire parce qu’elle est belle leur famille parce qu’ils sont beaux leurs pères et surtout les pères de leurs pères et les pères des pères de leurs pères les vieux les ancêtres dans leurs cadres de bois qui ont l’air tellement nobles sensibles cultivés bienveillants raisonnables avec leurs traits peints surtout ceux dont ils n’ont pas vu les vraies mains et les vraies bouches surtout ceux dont ils n’ont pas entendu les vrais cris ceux qu’ils n’ont pas vu cracher dans leurs mouchoirs blancs et renifler discrètement derrière leurs mains fines surtout ceux qu’ils n’ont pas vu dans leurs chambres avec leurs épouses ceux qu’ils n’ont pas entendu parler aux autres à ceux qui ne font pas partie de la famille à ceux qui travaillent pour la famille à ceux qui viennent interrompre la famille pendant la promenade du dimanche dans le parc ou dans les rues de la ville. Ils n’ont pas vu leurs calculs ils n’ont pas vu leurs chiffres ils n’ont pas vu leurs papiers ils n’ont pas vu leurs contrats ils n’ont pas vu leurs terres leurs champs ils n’ont pas vu les grands entrepôts avec les machines dedans ils n’ont pas vu les cris et la sueur. Ils n’ont pas vu le sang.

Ils ont vu le sang mais seulement dans les ruelles très loin de la maison très loin de la famille ils ont vu le sang sur les couteaux et sur les visages bouffis ils ont vu le sang sur les mains qui serrent les choses trop fort et qui les brisent.

Eva Mancuso dans Lundi matin