" Et quel cerveau......quel cerveau il nous faut, à nous autres les gens normaux, pour admettre qu’il existe sur terre une catégorie de personnes comme ça, dépourvues de cette chose que vous et moi, j’ai dit au juge, je suis sûr qu’on partage, quelque chose qui normalement nous empêche ou nous menace,quelque chose –une conscience peut-être, et qui naît assez vite pourvu qu’on ait dans la tête ce miroir mal fixé qui fait que même Adam s’est couvert d’une feuille de vigne, quelque chose qui nous entrave, oui, mais peut-être aussi, nous honore. Et le fait est que certains en sont dépourvus, de cette chose-là, comme d’autres naissent avec un bras en moins, certains naissent atrophiés de, je ne sais pas, de...
Et le juge a dit : D’humanité ?
Oui, peut-être au fond c’est ça, d’humanité."
Sainte-Soline : reportage dessiné au procès de Niort
Source: "Contre Attaque"
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" « Au milieu des calamités d’un siècle qui s’écroule » : c’est par ces mots que deux dominicains de l’Inquisition, Henry Institoris et Jacques Sprenger, entamèrent la rédaction d’un livre qui marqua les générations à venir, Le Marteau des sorcières, publié pour la première fois en 1486, à Strasbourg. Cet ouvrage inspira beaucoup de chasseurs de sorcières, qui en envoyèrent des milliers sur le bûcher à travers l’Europe. Ce qui frappe en lisant la prose des deux auteurs, c’est le sentiment d’effondrement d’un monde auquel ils croyaient, face à la menace du diable et de ses instruments, sorcières et sorciers.
Mercredi 6, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a déclaré : « L’effondrement climatique a commencé. » Un cri d’alarme, teinté de panique, qui résonne comme une prophétie aussi crépusculaire que celle de nos deux dominicains de l’Inquisition. Quel rapport entre ces deux époques ? Apparemment aucun, si ce n’est la conscience sourde que quelque chose de très grave est en train de se passer avec le climat. Pour beaucoup, les manifestations du diable étaient des épreuves que Dieu envoyait aux hommes pour éprouver leur foi et mettre en évidence leurs faiblesses.
Le dérèglement climatique a des airs de fléau démoniaque contre lequel notre raison semble défaillir. On a beau avoir expliqué depuis des décennies les causes, les raisons et les conséquences du réchauffement climatique, rien n’y fait, l’humanité continue d’avancer vers l’abîme comme si notre intelligence avait baissé les bras, abattue, déprimée, vaincue, tel le condamné à mort au pied de l’échafaud. Il suffit d’écouter autour de soi les amis,,les connaissances qui nous racontent la mine réjouie, les voyages qu’ils ont faits cet été à l’autre bout du monde, à bord d’aéroplanes qui crachent à chaque vol des tonnes de CO2.
Rien du réchauffement climatique ne semble faire douter les uns et les autres de leurs actes et de leur responsabilité. Les images d’inondations, d’incendies gigantesques et de populations jetées sur les routes commencent à ressembler de plus en plus à celles des gravures du XVIe siècle qui montraient des épidémies, des guerres et des massacres.
Quelqu’un devra payer
Quand de tels bouleversements déstabilisent à ce point une société, quand les esprits les plus rationnels finissent par ne plus rien comprendre au dérèglement du monde, alors la folie peut entrer en scène. Ainsi finirent sur le bûcher des milliers d’innocentes et d’innocents, boucs émissaires d’une société terrorisée par ses propres soubresauts. Quelqu’un devra payer pour expier nos peurs incontrôlables.
C’est la question que pose aussi le réchauffement climatique. Incapable de modifier son mode de vie et de mettre un coup d’arrêt aux cataclysmes causés par ce dérèglement, l’humanité sera-t-elle moins barbare qu’il y a cinq siècles ? Résistera-t-elle à la tentation de soulager sa peur en s’en prenant à des victimes expiatoires ? La question peut sembler excessivement pessimiste, mais l’Histoire nous a donné trop d’exemples en ce sens.
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