samedi 16 mai 2020

refuge

 

"Par ce mouvant océan la foule une petite goutte d’eau a plu sur moi


Qui m’a chuchoté « Je t’aime et bientôt je mourrai


J’ai accompli ce long voyage pour te voir simplement, te toucher


Tant j’avais crainte de te perdre dans l’au-delà ».


Walt Whitman, Feuilles d’herbes

 


« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.

Si l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de l’imagination particulière :

tout y sera, moins l’esprit. Cette loi est celle du troupeau. »
André Suarès

Les deux textes proviennent des Editions du petit véhicule"




Cher enfant, 
Bientôt va débuter pour toi une merveilleuse et tragique expérience. 
Quelque part dans  l’immensité de l’univers, à la périphérie d’une galaxie appelée la Voie Lactée, près de l’étoile Soleil, sur la troisième planète de son système, la Terre, tu vas  naître. Des myriades de petits spermatozoïdes vont monter à l’assaut dans le ventre obscur de ta mère. Le gagnant pénétrera son ovule et tu  vas entrer dans l’existence.
Tu es le fruit d’une longue gestation qui se poursuit depuis près de quatorze milliards d’années. Tout a commencé dans la lumière éblouissante d’un gigantesque et torride  espace. Ne me demande pas ce qu’il y avait avant, je n’en sais  rien.
Par la suite, dans l’ambiance de collisions de galaxies, d’explosions d’étoiles, de chocs d’astéroïdes, sur une planète tiède tu vas naitre. Suite à une longue séquence d’accouplements et de naissances  tu auras acquis ton fabuleux cerveau qui te permettra de poser des questions.
Tu découvriras que tu n’es pas seul dans ce monde, tu seras  accompagné dans ton séjour terrestre par une famille, une nation, plus de sept milliards d’êtres humains et d’innombrables animaux et plantes de toutes espèces. Tu devras partager ton existence avec eux. Tu dépendras d’eux et ils dépendront de toi.
La durée de ton existence sera, au mieux, de l’ordre d’un siècle, une durée infime par rapport à celle de l’univers. Pendant ce temps il te sera possible d’explorer le monde et de prendre conscience de tes devoirs et de tes responsabilités.  Tu auras à affronter le cycle de la vie humaine avec ses moments de grâces et ses crises. «  De temps en temps la terre tremble », écrit le poète Louis Aragon.
Contrairement aux abeilles et aux oiseaux, ta destinée ne sera pas inscrite dans tes gênes, tu devras la décider toi-même. Il te reviendra de t’instruire pour trouver les moyens  de favoriser et d’enrichir la vie autour de toi. D’œuvrer à humaniser une humanité qui en a un grand besoin. D’inscrire ton activité pour amener la matière cosmique à accoucher des merveilles dont elle possède les recettes.  
   Tu auras l’immense chance d’entrer en contact avec le grand trésor de la culture humaine. Accumulé depuis des millénaires,  les œuvres d’art – musique, peinture, littérature qui ont contribué à embellir nos vies. Les réflexions des penseurs de toutes les cultures, qui se sont penchés sur les mystères de notre existence.
Tu pourras t’approprier ce riche patrimoine, en faire ton profit, aider à le préserver contre l’oubli et peut-être y contribuer toi-même. Tu laisseras en héritage les fruits de ton activité pour que ceux qui viendront après toi poursuivent la grande aventure de l’univers.
Sache que, dans ce monde, il y a de la compassion et de l’amitié. Mais il  y a aussi de la méchanceté, de la cruauté, de l’horreur. Tu y seras peut-être confronté. Refuse obstinément d’y participer. II en va de ta dignité d’être humain.
Fais en sorte qu’on dise de toi ces mots d’Albert Camus « il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence ». Tache d’être à la hauteur de ta destinée. Ta vie y prendra son sens. Tu y trouveras ton bonheur.
Hubert Reeves 
source: "Lettres d'intérieur" France-Inter- 







"Aussi rapides que l'eau du fleuve ou le vent du désert,
nos jours s'enfuient.
Deux jours, cependant, me laissent indifférent :
celui qui est parti hier et celui qui arrivera demain." 

Omar Khayyâm





Découvert chez: "L'hippopotable, le blogue qui distrait tout en s'amusant."


« J'n'étais encore qu'un enfant d'chœur
Qu'j'avais déjà un cœur de notaire
J'n'aimais pas beaucoup l'école
Je n’vivais qu’pour les actes notariés, yé yé yé »

vendredi 15 mai 2020

frénésie


Au 15 du moi.
On a tondu des pelouses pour moins que ça
si je me fie à la pétarade du voisin
dans un  jardin qui s'en était offert bien des aises
pour le bonheur des têtes de chats dépassant à peine des buissons.
Les choses reprennent 
peu à peu
leur place
au catalogue des humanités contrariées

 
                    Pendant la fermentation la pub se cherche dans ses bonnes oeuvres


    "Vivre c'est passer d'un espace à un autre en essayant de ne pas se cogner"
     Georges Perec 





 On se fait une toile

Vendredi
HISTOIRE
sans paroles
ou CINEMA muet
A votre aise






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Graines de rue 


"J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources ;

Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né, l’arbre que j’aurais vu grandir (que mon père aurait planté le jour de ma naissance), le grenier de mon enfance empli de souvenirs intacts…

De tels lieux n’existent pas, et c’est parce qu’ils n’existent pas que l’espace devient question, cesse d’être évidence, cesse d’être incorporé, cesse d’être approprié. L’espace est un doute : il me faut sans cesse le marquer, le désigner ; il n’est jamais à moi, il ne m’est jamais donné, il faut que j’en fasse la conquête.

Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l’oubli s’infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés. Il n’y aura plus écrit en lettres de porcelaine blanche collées en arc de cercle sur la glace du petit café de la rue Coquillière : « Ici, on consulte le bottin » et « Casse-croûte à toute heure« .

L’espace fond comme le sable coule entre les doigts. Le temps l’emporte et ne m’en laisse que des lambeaux informes :

Ecrire : essayer méticuleusement de retenir quelque chose, de faire survivre quelque chose : arracher quelques bribes précises au vide qui se creuse, laisser, quelque part, un sillon, une trace, une marque ou quelques signes."
Georges Perec extrait de "espèces d'espaces." 

 








"On ne peut vivre longtemps dans la frénésie. La tension était trop forte en ce monde qui promettait tant, qui ne donnait rien."
Georges Perec extrait de: "Les choses"









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