"Par ce mouvant océan la foule une petite goutte d’eau a plu sur moi
Qui m’a chuchoté « Je t’aime et bientôt je mourrai
J’ai accompli ce long voyage pour te voir simplement, te toucher
Tant j’avais crainte de te perdre dans l’au-delà ».
Walt Whitman, Feuilles d’herbes
« Il est possible que le livre soit le dernier refuge de l’homme libre.
Si
l’homme tourne décidément à l’automate, s’il lui arrive de ne plus
penser que selon les images toutes faites d’un écran, ce dernier finira
par ne plus lire. Toutes sortes de machines suppléeront : il se laissera
manier l’esprit par un système de visions parlantes : la couleur, le
rythme, le relief, mille moyens de remplacer l’effort et l’attention
morte, de combler le vide ou la paresse de la recherche et de
l’imagination particulière :
tout y sera, moins l’esprit. Cette loi est celle du troupeau. »
André Suarès
Les deux textes proviennent des Editions du petit véhicule"
Cher enfant,
Bientôt va débuter pour toi une merveilleuse et tragique expérience.
Quelque part dans l’immensité de l’univers, à la périphérie d’une galaxie appelée la Voie Lactée, près de l’étoile Soleil, sur la troisième planète de son système, la Terre, tu vas naître. Des myriades de petits spermatozoïdes vont monter à l’assaut dans le ventre obscur de ta mère. Le gagnant pénétrera son ovule et tu vas entrer dans l’existence.
Tu es le fruit d’une longue gestation qui se poursuit depuis près de quatorze milliards d’années. Tout a commencé dans la lumière éblouissante d’un gigantesque et torride espace. Ne me demande pas ce qu’il y avait avant, je n’en sais rien.
Par la suite, dans l’ambiance de collisions de galaxies, d’explosions d’étoiles, de chocs d’astéroïdes, sur une planète tiède tu vas naitre. Suite à une longue séquence d’accouplements et de naissances tu auras acquis ton fabuleux cerveau qui te permettra de poser des questions.
Tu découvriras que tu n’es pas seul dans ce monde, tu seras accompagné dans ton séjour terrestre par une famille, une nation, plus de sept milliards d’êtres humains et d’innombrables animaux et plantes de toutes espèces. Tu devras partager ton existence avec eux. Tu dépendras d’eux et ils dépendront de toi.
La durée de ton existence sera, au mieux, de l’ordre d’un siècle, une durée infime par rapport à celle de l’univers. Pendant ce temps il te sera possible d’explorer le monde et de prendre conscience de tes devoirs et de tes responsabilités. Tu auras à affronter le cycle de la vie humaine avec ses moments de grâces et ses crises. « De temps en temps la terre tremble », écrit le poète Louis Aragon.
Contrairement aux abeilles et aux oiseaux, ta destinée ne sera pas inscrite dans tes gênes, tu devras la décider toi-même. Il te reviendra de t’instruire pour trouver les moyens de favoriser et d’enrichir la vie autour de toi. D’œuvrer à humaniser une humanité qui en a un grand besoin. D’inscrire ton activité pour amener la matière cosmique à accoucher des merveilles dont elle possède les recettes.
Tu auras l’immense chance d’entrer en contact avec le grand trésor de la culture humaine. Accumulé depuis des millénaires, les œuvres d’art – musique, peinture, littérature qui ont contribué à embellir nos vies. Les réflexions des penseurs de toutes les cultures, qui se sont penchés sur les mystères de notre existence.
Tu pourras t’approprier ce riche patrimoine, en faire ton profit, aider à le préserver contre l’oubli et peut-être y contribuer toi-même. Tu laisseras en héritage les fruits de ton activité pour que ceux qui viendront après toi poursuivent la grande aventure de l’univers.
Sache que, dans ce monde, il y a de la compassion et de l’amitié. Mais il y a aussi de la méchanceté, de la cruauté, de l’horreur. Tu y seras peut-être confronté. Refuse obstinément d’y participer. II en va de ta dignité d’être humain.
Fais en sorte qu’on dise de toi ces mots d’Albert Camus « il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence ». Tache d’être à la hauteur de ta destinée. Ta vie y prendra son sens. Tu y trouveras ton bonheur.
Hubert Reeves
source: "Lettres d'intérieur" France-Inter-
"Aussi rapides que l'eau du fleuve ou le vent du désert,
nos jours s'enfuient.
Deux jours, cependant, me laissent indifférent :
celui qui est parti hier et celui qui arrivera demain."
Omar Khayyâm
Découvert chez: "L'hippopotable, le blogue qui distrait tout en s'amusant."
« J'n'étais encore qu'un enfant d'chœur
Qu'j'avais déjà un cœur de notaire
J'n'aimais pas beaucoup l'école
Je n’vivais qu’pour les actes notariés, yé yé yé »
magnifique Blog
RépondreSupprimermerci à vous
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