jeudi 14 mai 2020
comme en 14
Au loin le cri du train
porté par un souffle rugueux.
Le ventre des Chantiers ronronne à nouveau la nuit.
La ville se décarcasse
et à deux pas- d'autres brûlent. (ils l'on dit dans le poste)
Jeudi dans le bleu du ciel griffé par les goélands et autres zélés ailés.
Dans l'enclos paroissial
-comme j'aime à l'appeler dans mes confessions intimes-
l'onirisme fleurit
sous des seins de glace.
les tomates se donnent des airs gourmands,
les capucines se dispersent,
l'aloe plante son épieu dans les cieux,
l'hortensia boutonne,
je plonge un oeil au fond de la faïence
et pense qu'il va falloir songer à ramener la consigne
"Le train roule sur les rails, à toute vitesse, dans la nuit. Vers l’Ouest se hâte la bête de fer, haletante, qui s’ébroue en sifflant, et secoue son collier de fumée : vers l’Ouest, là où la terre finit et où l’Océan s’espace, image du ciel sans bornes.
L’ Ouest !.. Les mots ont leur magie, et comme les parfums ils évoquent les visions lointaines. L’Ouest a pour moi la féerie de la lumière qui descend, du soleil qui tombe, la gloire passionnée du couchant, le crépuscule sur la lande qui rêve et la splendeur de la mer, cette beauté déserte…Sur l’âme changeante de l’Ouest, c’est le prestige de ce qu’elle préfère, le songe de sa demeure ardente et triste, au bord de la mer, devant l’horizon où s’attarde la flamme du jour sanglant, couchée sur l’heure occidentale…
Puis, ce fut la nuit noire, la nuit humide, qui trempe les labours."
André Suarès, extrait de: "Le Livre de l’Émeraude – En Bretagne "
parce que les fleurs c'est périssable
" Pour peu qu’on soit un rien distrait, la journée passe comme une lettre à la poste. Et nous nous retrouvons dans la position horizontale sans avoir eu le temps de dire ouf. Il suffirait de se voir passer ainsi du jour à la nuit, dans un mouvement de bascule accélérée, pour comprendre un peu plus nettement ce qui rend notre condition incompréhensible."
Georges Perros
"Je ne dirai jamais de mal de la littérature. Aimer lire est une passion, un espoir de vivre davantage, autrement, mais davantage que prévu."
Georges Perros
" Écrire, c’est dire quelque chose à quelqu’un qui n’est pas là. Qui ne sera jamais là. Ou s’il s’y trouve, c’est nous qui serons partis."
Georges Perros
"La terre et la mer comme deux aveugles qui se rencontrent, butent l'un dans l'autre.
Se râtent, se reconnaissent."
Georges Perros
" Rien de plus naturel que de vouloir être aimé pour soi-même. Et rien de plus sot, car soi-même n’existe pas. L’amour est toujours approximatif."
Georges Perros
Textes source: "Entre les vagues"
mercredi 13 mai 2020
terriens je suis à vous
Suggestion de lecture de David:
"Je suis sale comme Rimbaud
Je suis lâche comme Villon
débauchée comme Hugo
syphilitique comme Baudelaire
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas la poésie.
Je suis faux comme Racine
exhibitionniste comme Rousseau
esclavagiste comme Voltaire
je n'existe pas comme Shakespeare
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas la littérature
Je suis bête comme Michel-Ange
alcoolique comme Utrillo
lèche-bottes comme Vélasquez
épileptique comme van-Gogh
mais peut-être après tout
n'aime- vous pas la peinture
Je suis putain comme Lulli
et sourde comme Beethoven
plagiste comme Sébastien Bach
cupide comme Albinoni
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas la musique
Je suis gloutonne comme Colette
souillon comme Marie-Curie
collabo comme Anne de Bretagne
je ne suis pas un homme comme Jeanne-d'Arc
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas les femmes."
Brigitte fontaine
"Je me suis trouvée là
dans ce corps inconnu
pour dieu sait quel gala
je ne l'ai jamais su
soudain parachutée
dans ce monde étranger
ange au supermarché
il m'a fallu danser
la java des terriens
sans en connaître rien
j'fais un genre
j'fais un genre humain
Je veins d'un au-delà
au souvenir brumeux
d'une étoile angora
d'un chaos ténébreux
j'étais l'oeil vert du feu
ou la reine invisible
je m'éveille dans ce
lupanar impossible
moi l'eau du paradis
l'ogre des galaxies.
j'fais un genre
j'fais un genre humain
et je fais de mon mieux
pour n'avoir l'air de rien
pour oublier les Cieux
les antres souterrains
m'adapter au logis
très acabracadabrant
qui me fut imparti
de chair d'os et de sang
moi l'eau du paradis
l'ogre des galaxies
j'fais un genre
j'fais un genre humain
le vertige me prend
au détour de la rue
au rivage aveuglant
ou je dors demi-nue
mais je ne voudrais pas
changer encore de gîte
ne désespérons pas
j'apprendrais bien les rites
on s'habitue à tout
terriens je suis à vous
j'fais un genre
j'fais un genre humain"
Brigitte Fontaine
"reposons-nous sur cette terre
car la mort est un long voyage
sur un océan de poussière
très loin très loin de nos rivages
la vie est pour le voyageur
une plage bien douce et fraîche
où il peut trouver dans les fleurs
un corps tout neuf et quelques pêches
remercie le propriétaire
pour les bombes et les barbelés
les apéros les frigidaires
les ceintures de chasteté
pour les coeurs évangélisés
anémones pacifiées
pour les sexes civilisés
soleils soleils défoliés
remercie le propriétaire
pour les leçons dans les ordures
pour l'amour dans les pissotières
pour les lumières qui suppurent
pour les têtes décapitées
pour les enfants sénilisés
pour les étoiles déportées
les paysans dépaysés
remercie le propriétaire
pour les soixante ans de repos
dans son île pénitentiaire
dans son charmant petit ghetto
la vie est pour le voyageur
une plage bien douce et fraîche
où il peut trouver dans les fleurs
un corps tout neuf et quelques pêches."
Brigitte Fontaine
Extraits de: "Mot pour mot"- Les belles lettres- Editions Arhchimbaud éditeur
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Giulia Andreani source "Des mots et des espaces"
" es-tu libre de marcher
sur un parterre de sauges
es-tu libre de regarder
le blé par le vent caressé
es-tu libre de jouer
à l'enfance retrouvée
es-tu libre de soumettre
ton avis aux chasseurs
es-tu libre de chanter
la chanson inconnue
es-tu libre de t'asseoir
pour te lever aux ordres
es-tu libre de manger
devant la faim des autres
es-tu libre de surseoir
à la guerre entrevue
es-tu libre de commettre
l'inéluctable action
es-tu libre de frémir
à un simple désir
es-tu libre de choisir
le peu qu'il te faudrait
es-tu libre d'envoyer
un ballon dans les airs
es-tu libre de partir
où personne ne va
es-tu libre de connaître
tout ce qui est caché
es-tu libre d'agencer
un monde à ta mesure
es-tu libre de suspendre
cette course obligée
es-tu libre de voter
pour l'invisible effort
es-tu libre de croire
à ce qu'on dit de croire
es-tu libre de forcer
la chance de l'oiseau
es-tu libre d'enfoncer
le clou de l'amertume
es-tu libre de choisir
la fleur qui lui ira
es-tu libre de foncer
pour dépasser les bornes
es-tu libre dans la rue
dans les champs imprévus
es-tu libre de forger
l'étançon de la paix
es-tu libre de paraître
nu devant le froid
es-tu libre d'une foi
qui te fait abdiquer
es-tu libre des rumeurs
qui habitent ton sang
es-tu libre de fomenter
un trouble nécessaire
es-tu libre dans l'amour
tatoué sur ta peau
es-tu libre de sauter
sur des poussières d'étoiles
es-tu libre d'espérer
de soulever des pierres
es-tu libre de sourire
simplement de sourire
...
et là s'arrête le mot"
Zakane "Des mots et des espaces"
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Les affaires reprennent:
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Masques obligatoires sur les plages chez: "Bretzel Liquide"
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