mercredi 13 mai 2020

terriens je suis à vous



Suggestion de lecture de David:

"Je suis sale comme Rimbaud
Je suis lâche comme Villon
débauchée comme Hugo
syphilitique comme Baudelaire
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas la poésie.

Je suis faux comme Racine
exhibitionniste comme Rousseau
esclavagiste comme Voltaire
je n'existe pas comme Shakespeare
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas la littérature

Je suis bête comme Michel-Ange
alcoolique comme Utrillo
lèche-bottes comme Vélasquez
épileptique comme van-Gogh
mais peut-être après tout
n'aime- vous pas la peinture 

Je suis putain comme Lulli
et sourde comme Beethoven
plagiste comme Sébastien Bach
cupide comme Albinoni
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas la musique

Je suis gloutonne comme Colette
souillon comme Marie-Curie
collabo comme Anne de Bretagne
je ne suis pas un homme comme Jeanne-d'Arc
mais peut-être après tout
n'aimez-vous pas les femmes."
Brigitte fontaine



"Je me suis trouvée là
dans ce corps inconnu
pour dieu sait quel gala
je ne l'ai jamais su
soudain parachutée
dans ce monde étranger
ange au supermarché
il m'a fallu danser
la java des terriens
sans en connaître rien

j'fais un genre
j'fais un genre humain

Je veins d'un au-delà
au souvenir brumeux
d'une étoile angora
d'un chaos ténébreux
j'étais l'oeil vert du feu
ou la reine invisible
je m'éveille dans ce
lupanar impossible
moi l'eau du paradis
l'ogre des galaxies.

j'fais un genre
j'fais un genre humain

et je fais de mon mieux
pour n'avoir l'air de rien
pour oublier les Cieux
les antres souterrains
m'adapter au logis
très acabracadabrant
qui me fut imparti
de chair d'os et de sang
moi l'eau du paradis
l'ogre des galaxies

j'fais un genre
j'fais un genre humain

le vertige me prend
au détour de la rue
au rivage aveuglant
ou je dors demi-nue
mais je ne voudrais pas
changer encore de gîte
ne désespérons pas
j'apprendrais bien les rites
on s'habitue à tout
terriens je suis à vous

j'fais un genre
j'fais un genre humain"
Brigitte Fontaine




"reposons-nous sur cette terre
car la mort est un long voyage
sur un océan de poussière
très loin très loin de nos rivages

la vie est pour le voyageur
une plage bien douce et fraîche
où il peut trouver dans les fleurs
un corps tout neuf et quelques pêches

remercie le propriétaire
pour les bombes et les barbelés
les apéros les frigidaires
les ceintures de chasteté

pour les coeurs évangélisés
anémones pacifiées
pour les sexes civilisés
soleils soleils défoliés

remercie le propriétaire
pour les leçons dans les ordures
pour l'amour dans les pissotières
pour les lumières qui suppurent

pour les têtes décapitées
pour les enfants sénilisés
pour les étoiles déportées
les paysans dépaysés

remercie le propriétaire
pour les soixante ans de repos
dans son île pénitentiaire
dans son charmant petit ghetto

la vie est pour le voyageur
une plage bien douce et fraîche
où il peut trouver dans les fleurs
un corps tout neuf et quelques pêches."
Brigitte Fontaine
Extraits de: "Mot pour mot"- Les belles lettres- Editions Arhchimbaud éditeur



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                        Giulia Andreani source "Des mots et des espaces"

" es-tu libre de marcher
sur un parterre de sauges
es-tu libre de regarder
le blé par le vent caressé
es-tu libre de jouer
à l'enfance retrouvée
es-tu libre de soumettre
ton avis aux chasseurs
es-tu libre de chanter
la chanson inconnue
es-tu libre de t'asseoir
pour te lever aux ordres
es-tu libre de manger
devant la faim des autres
es-tu libre de surseoir
à la guerre entrevue
es-tu libre de commettre
l'inéluctable action
es-tu libre de frémir
à un simple désir
es-tu libre de choisir
le peu qu'il te faudrait
es-tu libre d'envoyer
un ballon dans les airs
es-tu libre de partir
où personne ne va
es-tu libre de connaître
tout ce qui est caché
es-tu libre d'agencer
un monde à ta mesure
es-tu libre de suspendre
cette course obligée
es-tu libre de voter
pour l'invisible effort
es-tu libre de croire
à ce qu'on dit de croire
es-tu libre de forcer
la chance de l'oiseau
es-tu libre d'enfoncer
le clou de l'amertume
es-tu libre de choisir
la fleur qui lui ira
es-tu libre de foncer
pour dépasser les bornes
es-tu libre dans la rue
dans les champs imprévus
es-tu libre de forger
l'étançon de la paix
es-tu libre de paraître
nu devant le froid
es-tu libre d'une foi
qui te fait abdiquer
es-tu libre des rumeurs
qui habitent ton sang
es-tu libre de fomenter
un trouble nécessaire
es-tu libre dans l'amour
tatoué sur ta peau
es-tu libre de sauter
sur des poussières d'étoiles
es-tu libre d'espérer
de soulever des pierres
es-tu libre de sourire
simplement de sourire
...

et là s'arrête le mot"

Zakane "Des mots et des espaces" 

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Les affaires reprennent:




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Masques obligatoires sur les plages chez: "Bretzel Liquide" 



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