"Je n'ai jamais aimé apprendre l'Histoire mais cet embêtement n'est rien auprès de l'obligation de la vivre."
Tristan Bernard
Depuis chez le nécessaire Marquis de l'Orée:
" C'est la nuit, mon meilleur moment, voici venir l'heure des esprits que j'ai inventés et de ceux qui sont réels et qui me cherchent patiemment dans la pyramide des étoiles et des planètes."
Tadeusz Konwicki
Envoyé par Myriam:
Le
gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures
guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les
virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome,
traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.
Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre
l'espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent
son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter sans dommage les
microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement,
car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit
avoir sa place. La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais
l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons
notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.
Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle
l'intelligence collective et populaire se manifeste.
En quelques jours, les français ont établi des rites de remerciement
massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France
ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et
l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont
importants dans nos vies.
Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles
qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les
aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui
travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les
instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de
misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions
d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.
Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se
nomment "exploitants agricoles" reçoivent des centaines de milliers
d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement
tandis que l'industrie chimique prospère.
Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux
fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa
reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont
prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des
décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos
systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en
maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.
Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang,
prenons l'argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts,
qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car
après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ? Ils l'ont gagné parce
qu'il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues,
d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité, d'eau courante,
d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la
collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c’est grâce à toutes
ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc
ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.
Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous
ruine en enrichissant les marchés financiers. Au cours des siècles
passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la
dette publique, de remettre les compteurs à zéro.
Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en
banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront
plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers,
l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra
continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne
profite qu'aux banquiers.
J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera
que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée
au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays
font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser,
produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont
immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n'a fait que
nous appauvrir.
Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect
pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des
femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le fric.
Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.
Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui
frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres
d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les
personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles
nombreuses, coincés qu'ils sont en ville, souvent dans de toutes petites
surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en
train de remettre ses idées à l'endroit.
Où sont les vraies valeurs ?
Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?
Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?
Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?
Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir
le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?
Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se
soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent
autant ou plus qu'ils ne les soignent ?
Une médecine aux ordres des
laboratoires pharmaceutiques ?
Alors que la seule médecine valable, c’est celle qui s'occupe de
l'environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même
s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les
poumons prospère si bien ?
Parce que nos poumons sont malades de la
pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux
virus.
En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines
d'hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des
terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s'en
régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles
survivent, c’est un cercle vicieux qui ne peut mener qu'à des
catastrophes.
Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus
humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.
Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont
entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs
poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et
attaqueront leur point faible : leur système respiratoire. Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la
manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin,
pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que
seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se
défendre efficacement et à long terme contre les virus.
Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales
importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous
pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d'objets,
de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus :
d'abord en achetant moins on devient riches.
Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et
polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient,
combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la
méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital,
nous faisait du mal.
On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se
parle, on s'envoie des messages qui rivalisent de créativité et
d'humour. Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à
un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les
mégapoles pourront se désengorger.
Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons
magnifiques : la culture n'est ni un vecteur de vente, ni une usine à
profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la
culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et
de partager nos émotions avec les autres humains.
Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les
italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des
sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues
entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des
manifestations de gratitude, c’est cela la vraie culture, la belle, la
grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour
juguler la solitude.
C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne
se sont jamais préoccupées d'assouvir les besoins des populations, de
leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n'ont
eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation
culturelle qui plairait au bas peuple.
En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle. Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années
par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les
scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime
partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire
des révisions déchirantes et se réinventer.
Ce festival de Cannes qui
déconne, ou festival des connes complices d'un système rongé par la
phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on expose
complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres
femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à
l’idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles
sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans
troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités
d'artiste qu'il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la
plus à poil, la plus pute !
Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés
pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un
beau rêve !
Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux
nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos
maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de
penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas
croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me
prends à prier pour que tous ces gens guérissent.
Cette prière ne
remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des
soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce
que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes
transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à ceux qui
en ont besoin.
Coline Serreau
[...]
"Quand les jeunes soldats sont partis à la guerre de 1914, ils ont été applaudis, couverts de fleurs et menés au massacre sous les vivats. Comparaison n'est pas raison, mais nous applaudissons aussi les soignants parce qu'ils se sacrifient pour nous.Un certain nombre d'entre-eux vont attraper le virus. Le moins possible, espérons-le. il faut donc les applaudir, mais en se souvenant bien qu'ils risquent de payer."
Boris Cyrulnik extrait d'un entretien accordé à Sylvain Courage pour l'Obs n°2890
"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose,
qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre."
Blaise Pascal
source: Lundi Matin:
"Le Soleil, seul Soleil, surplombe tout.
Le Soleil, seul Soleil, survole nous.
Le Soleil me dévore quand vient l'aurore, il m'appelle.
Le Soleil sait encore comment faire à présent, me réveille.
Le Soleil chassera la peine, m'envoler à même dans le vent.
Mais, prise dans mon grand cerf-volant viendra de temps en temps me perdre.
Le Soleil, seul Soleil, surplombe tout.
Le Soleil, seul Soleil, survole nous.
Le Soleil, seul Soleil, surplombe tout.
Le Soleil, seul Soleil, survole nous.
Le Soleil est moins fort depuis que tu dors, il sommeille."
Laura Cahen