Psychanalyse du moi
de mars
Introspection du moi
D'avril
Mai
où est-il donc?
Qui sait
peut-être en observation,
ou approfondissement des fonda-manteaux.
Aussi graine de lundi
qui pousse, qui pousse vers la sortie:
Sors tes couverts
quand la bise fut venue.
J'aime beaucoup votre regard intérieur,
savez-vous?
« À quoi bon bouger, quand on peut voyager
si magnifiquement dans une chaise ? »
(Huysmans, À Rebours)
source: "Hors les clous""Je n' ai pas peur de la route
faudra voir, faut qu'on y goûte
des méandres au creux des reins
et tout ira bien (là)
Le vent nous portera
Ton message à la Grande Ourse
et la trajectoire de la course
un instantané de velours
même s'il ne sert à rien (va)
Le vent l'emportera
Tout disparaîtra mais
le vent nous portera
La caresse et la mitraille
et cette plaie qui nous tiraille
le palais des autres jours
D'hier et demain
le vent les portera
Génétique en bandoulière
des chromosomes dans l'atmosphère
des taxis pour les galaxies
et mon tapis volant dis ?
Le vent l'emportera
Tout disparaîtra mais
le vent nous portera
Ce parfum de nos années mortes
ce qui peut frapper à ta porte
infinité de destins
on en pose un et qu'est-ce qu'on en retient ?
Le vent l'emportera
Pendant que la marée monte
et que chacun refait ses comptes
j'emmène au creux de mon ombre
des poussières de toi
Le vent les portera
Tout disparaîtra mais
le vent nous portera"
Noir Désir
Et bien
CHANTONS MAINTENANT
Tous ensemble tous ensemble...
"Ah la la quelle vie qu'cette vie
Ah la la quelle vie qu'cette vie-là
Des pions, des j'tons, des trous dans la gamelle
Des r'tours de manivelle pour les gras du bidon
Des claques et des plaques d'immatriculation
Des bordels à Cosaque, des claques dans les roustons
Ah la la quelle vie qu'cette vie
Des fatalistes
Des pessimistes
Des arrivistes
Qui vont nulle part
Des loufs, des braques, des pignoufs et des maniaques
Qui s'attaquent au steak des lopettes en pantoufles
A grands coups d'arnaque les mâchoires dans l'cou
A genoux sur la moquette tâte-moi la peau du mou
Ah la la quelle vie qu'cette vie
Ah la la quelle vie qu'on vit là
Des ectoplasmes
Et des fantasmes
Dans le marasme
Economique
Baby foot, baby foot,
Rien à foutre, rien à foutre
Baby foot, baby foot,
Rien à foutre, rien à foutre
Salut mes loulouttes
Vas-y shoote
Gamelle !
Gonocoques, jeunes coqs et paire de boucs en rut
Des femelles en chaleur qui te roulent une gamelle
Quelle époque, qu'elle est belle, la belle au coeur de pute
Loufoque elle m'affûte la flûte et le valseur
Ah la la quelle vie qu'cette vie
Rentrée des classes
Luttes des classes
Sortie des classes
L'école est finie
Baby foot, baby foot,
Rien à foutre, rien à foutre
Des gros, des petits, des pauvres et des nantis
Des ramasse-ton-oseille et des ras du gazon
J'bosse pour peau d'balle, pot d'colle et bol de riz
Lâche-moi la banane ou j'te fais sauter les boulons
Baby foot, baby foot,
Rien à foutre, rien à foutre
Hey biloutte
Ecoute-ça
Y'a un rat dans la soute
Baby foot, baby foot,
Chapeau les cuivres
Rien à foutre, rien à foutre
Plein la hotte, plein le dos,
Plein les bottes et l'apéro
Des clous dans ma roulotte
Et des bâtons dans les roues
Rase-motte, casse-cou
Qui rote et qui s'en fout
Des clodos qui radotent,
Capotes et sacs à poux
Baby foot, baby foot,
Rien à fout', rien à fout'
Ah la la quelle vie qu'cette vie
De la névrose
Des over-doses
Et des cirrhoses
Crise de foi
Des bérets, des cabas
Des baguettes et des bibinnes
Des radines et des bougnats
Qui retroussent leurs babines
Gueule de fouine,
Castrats scarlatine et choléra
Des steaks à la vaseline,
Des combines et des combats
Baby foot, baby foot,
Rien à fout', rien à fout'
Baby foot, baby foot,
Rien à fout', rien à fout'
Ah la la quelle vie qu'cette vie
Ah la la quelle vie qu'on vit là
La joie dans la douleur
Des rats au fond d'la cale
Et des poêles à mazout
Baby foot, rien à fout'
La joie dans la douleur
En noir et en couleur
Et des poêles à mazout"
Jacques Higelin
L’entraide et l’auto-organisation doivent fleurir en période de confinement, affirment les signataires de cette tribune, pour que le néolibéralisme ne reprenne pas ensuite sa domination comme avant.
Cette tribune est publiée simultanément sur plusieurs médias indépendants, Bastamag, Lundi Matin, Mediapart, Politis et Terrestres.Près de 230 médecins, infirmier.e.s., psychologues, réanimateurs, enseignant.e.s, comédien.ne.s, paysan.ne.s, artistes, chercheuses, scientifiques, musicien.ne.s, syndicalistes, éditeurs, libraires et autres personnalités appellent à s’auto-organiser face à la pandémie de Covid-19 et à rejoindre le réseau de solidarité COVID-ENTRAIDE FRANCE.
Depuis une semaine la France est entrée dans une nouvelle réalité vertigineuse. Le Covid-19 n’est plus une « petite grippe », selon nos gouvernants, mais la « pire crise sanitaire depuis un siècle ». Un choc intime qui nous fait trembler pour nos proches et toutes les personnes particulièrement fragiles. Une secousse géopolitique qui fait s’effondrer la mondialisation néolibérale comme un château de cartes. 2019 avait été une année d’incendies ravageurs en Australie, Amazonie et ailleurs, et d’immenses soulèvements populaires. 2020 a d’ores et déjà les traits d’une paralysie totale, une crise systémique majeure.
Cette pandémie achève de rendre irrespirable la vie dans un système politique et économique délirant, néfaste, mais surtout inutile au moment où un immense besoin de soin se fait sentir. Après être resté attentiste pendant un mois et demi, Emmanuel Macron a promis, pour ne pas perdre la face, que « l’État paiera […] quoi qu’il en coûte ». La « mobilisation générale » est décrétée. « Nous sommes en guerre », paraît-il, contre un « ennemi invisible ». « L’entraide que nous construisons n’est pas l’auxiliaire d’un État néolibéral défaillant »
Face à cette rhétorique militariste, nous affirmons une autre logique. À « l’union nationale », nous préférons l’entraide générale. À la guerre, nous opposons le soin, de nos proches jusqu’aux peuples du monde entier et au vivant. En France, comme dans les autres pays, nous allons tenir ensemble pour faire face à l’épidémie. Nous allons transformer l’isolement imposé en immense élan d’auto-organisation et de solidarité collective.
Avec nos voisin.e.s, nos ami.e.s, nos familles, nos proches, nos collègues ; dans nos immeubles, nos rues, nos quartiers, nos villes et nos villages ; notamment en utilisant les réseaux sociaux, nous allons construire l’entraide à la base. Pour aider les plus fragiles qui ne peuvent pas sortir à obtenir de la nourriture. Pour garder les enfants de celles et ceux qui doivent continuer de travailler. Pour partager des informations vérifiées sur la situation. Pour se donner des nouvelles et se réconforter dans cette situation déchirante. Pour soutenir les plus précaires dans leurs luttes pour vivre. Pour faire face à une crise économique, bancaire et financière qui s’annonce dévastatrice malgré les annonces faussement rassurantes des banques centrales. En restant chez nous pour le moment, mais dans la rue dès que possible.
Face à l’ampleur du bouleversement, même Emmanuel Macron appelle à « innover dans la solidarité ». Mais nous ne sommes pas dupes du fameux « en même temps » : l’entraide que nous construisons n’est pas l’auxiliaire d’un État néolibéral défaillant. Elle ne sera pas le cheval de Troie d’une future « stratégie du choc » à base de télétravail, de « volontariat citoyen » dans des services publics détruits, et de poursuite dans la destruction des acquis sociaux au nom de « l’état d’urgence sanitaire ».
Notre solidarité est celle du peuple, de ceux d’en bas, qui se serrent les coudes pour survivre et pour vivre dignement. Elle n’a rien à voir avec celle des élites mondiales – facilement dépistées, elles -, qui se retranchent dans leurs palais dorés, protégés et désinfectés pendant que les soignant-e-s sont « au front » sans moyens et fabriquent leurs propres masques de protection en prenant tous les risques.
Pendant que les travailleurs sociaux et les institutrices gardent leurs enfants, sans consigne officielle pour se protéger, s’exposant à une contamination. Pendant que les plus précaires, les sans-logis, sans papiers, sans réseaux sociaux, les intérimaires sans chômage partiel, les « indépendants » contraints au travail en danger ou sans activité, seront encore plus frappé.e.s par la crise. Pendant que les personnes âgées dans les Ehpad, les personnes handicapé-e-s à mobilité réduite, les personnes internées en hôpital psychiatrique se voient encore plus privées de liens sociaux. Pendant que les « déjà confiné.e.s », les migrant.e.s enfermé.e.s en centres de rétentions et les prisonnier-e-s voient leur situation encore aggravée. Pendant que les habitant.e.s des quartiers populaires et les personnes racisé.e.s sont parmi les premier.e.s visé.e.s par la répression liée au confinement. « Nous jouons notre vie pendant qu’eux gèrent l’économie »
Jamais l’alternative n’a été si claire, le scandale si palpable : nous jouons notre vie pendant qu’eux gèrent l’économie.
L’entraide que nous allons construire s’inscrit dans le sillage du soulèvement des peuples partout dans le monde au cours des derniers mois, du Chili au Liban, de l’Algérie au Soudan. Cette vague a répandu sur la planète la nécessité de mettre nos corps en jeu. Le Covid-19 rend indispensable, pour l’heure, leur confinement. Mais révoltés ou confinés, nous mourrons d’un système qui recherche le profit et l’efficacité et pas le soin, le pouvoir et la compétition et pas l’entraide.
Cette épidémie ravageuse n’est pas une simple réalité biologique. Elle est amplifiée par les politiques néolibérales, la destruction méthodique de l’hôpital et de l’ensemble des services publics. Si ce virus tue autant, c’est aussi parce qu’il n’y a plus assez de soignant.e.s et de lits, pas assez de respirateurs ou parce que l’hôpital tend à devenir une entreprise à flux tendu. Et si nous applaudissons chaque soir à 20h les soignant.e.s, c’est aussi pour contenir notre colère contre les gouvernants qui savaient que la tempête arrivait depuis deux mois sans rien faire.
Nous appelons donc à renforcer la solidarité et l’auto-organisation pour faire face à la pandémie et la crise systémique, partout où c’est possible, sous toutes les formes imaginables, tout en respectant la nécessité absolue du confinement pour freiner la propagation. Plus particulièrement, nous appelons à rejoindre le réseau de solidarité auto-organisé #COVID-ENTRAIDE FRANCE qui se constitue dans des dizaines de lieux depuis une dizaine de jours. Nous invitons à créer des groupes d’entraide locaux en ligne et sur le terrain, de notre hameau à notre village, de notre immeuble à notre ville. Nous appelons à recenser les centaines d’initiatives qui se créent à travers une cartographie collaborative. (https://covidentraide.gogocarto.fr).
« Il y aura des responsables à aller chercher, des comptes à rendre, des plaies à réparer et un monde à construire »
Ne restons pas sidéré.e.s face à cette situation qui nous bouleverse, nous enrage et nous fait trembler. Lorsque la pandémie sera finie, d’autres crises viendront. Entre temps, il y aura des responsables à aller chercher, des comptes à rendre, des plaies à réparer et un monde à construire. À nous de faire en sorte que l’onde de choc mondiale du Covid-19 soit la « crise » de trop et marque un coup d’arrêt au régime actuel d’exploitation et de destruction des conditions d’existence sur Terre. Il n’y aura pas de « sortie de crise » sans un bouleversement majeur de l’organisation sociale et économique actuelle.
Il y aura un avant et un après. Nous sommes pour l’instant confiné-e-s, mais nous nous organisons. Et, pour sûr, nous reprendrons les rues, les jardins, les outils de travail, les moyens de communication et les assemblées, ensemble.
La stratégie du choc doit s’inverser. Cette fois-ci le choc ne servira pas à affermir le contrôle, le pouvoir central, les inégalités et le néolibéralisme, mais à renforcer l’entraide et l’auto-organisation. À les inscrire dans le marbre.
INFOS :
Site internet : https://covid-* entraide.fr
Inscrivez votre groupe local ici : https://covidentraide.gogocarto.fr
Contact : covidentraidefrance@riseup.net
• Appel à signature : LIEN VERS LA PÉTITION : https://covid-entraide.fr/signe-la-petition-pour-lentraide/
source Zone à Défendre
"Si tu aimes les soirs de pluie
Mon enfant, mon enfant
Les ruelles de l'Italie
Et les pas des passants
L'éternelle litanie
Des feuilles mortes dans le vent
Qui poussent un dernier cri
Crie, mon enfant
Si tu aimes les éclaircies
Mon enfant, mon enfant
Prendre un bain de minuit
Dans le grand océan
Si tu aimes la mauvaise vie
Ton reflet dans l'étang
Si tu veux tes amis
Près de toi, tout le temps
Si tu pries quand la nuit tombe
Mon enfant, mon enfant
Si tu ne fleuris pas les tombes
Mais chéris les absents
Si tu as peur de la bombe
Et du ciel trop grand
Si tu parles à ton ombre
De temps en temps Et la lune sous le vent
Si l'on perd souvent ta trace
Dès qu'arrive le printemps
Si la vie te dépasse
Passe, mon enfant
Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou, plutôt sans
Si tu oublies les prénoms
Les adresses et les âges
Mais presque jamais le son
D'une voix, un visage
Si tu aimes ce qui est bon
Si tu vois des mirages
Si tu préfères Paris
Quand vient l'orage
Si tu aimes les goûts amers
Et les hivers tout blancs
Si tu aimes les derniers verres
Et les mystères troublants
Si tu aimes sentir la terre
Et jaillir le volcan
Si tu as peur du vide
Vide, mon enfant
{au Refrain}
Si tu aimes partir avant
Mon enfant, mon enfant
Avant que l'autre s'éveille
Avant qu'il te laisse en plan
Si tu as peur du sommeil
Et que passe le temps
Si tu aimes l'automne vermeil
Merveille, rouge sang
Si tu as peur de la foule
Mais supportes les gens
Si tes idéaux s'écroulent
Le soir de tes vingt ans
Et si tout se déroule
Jamais comme dans tes plans
Si tu n'es qu'une pierre qui roule
Roule, mon enfant
Mon enfant"
Crie, mon enfant
Si tu aimes les éclaircies
Mon enfant, mon enfant
Prendre un bain de minuit
Dans le grand océan
Si tu aimes la mauvaise vie
Ton reflet dans l'étang
Si tu veux tes amis
Près de toi, tout le temps
Si tu pries quand la nuit tombe
Mon enfant, mon enfant
Si tu ne fleuris pas les tombes
Mais chéris les absents
Si tu as peur de la bombe
Et du ciel trop grand
Si tu parles à ton ombre
De temps en temps Et la lune sous le vent
Si l'on perd souvent ta trace
Dès qu'arrive le printemps
Si la vie te dépasse
Passe, mon enfant
Ça n'est pas ta faute
C'est ton héritage
Et ce sera pire encore
Quand tu auras mon âge
Ça n'est pas ta faute
C'est ta chair, ton sang
Il va falloir faire avec
Ou, plutôt sans
Si tu oublies les prénoms
Les adresses et les âges
Mais presque jamais le son
D'une voix, un visage
Si tu aimes ce qui est bon
Si tu vois des mirages
Si tu préfères Paris
Quand vient l'orage
Si tu aimes les goûts amers
Et les hivers tout blancs
Si tu aimes les derniers verres
Et les mystères troublants
Si tu aimes sentir la terre
Et jaillir le volcan
Si tu as peur du vide
Vide, mon enfant
{au Refrain}
Si tu aimes partir avant
Mon enfant, mon enfant
Avant que l'autre s'éveille
Avant qu'il te laisse en plan
Si tu as peur du sommeil
Et que passe le temps
Si tu aimes l'automne vermeil
Merveille, rouge sang
Si tu as peur de la foule
Mais supportes les gens
Si tes idéaux s'écroulent
Le soir de tes vingt ans
Et si tout se déroule
Jamais comme dans tes plans
Si tu n'es qu'une pierre qui roule
Roule, mon enfant
Mon enfant"
Benjamin Biolay/Fabien Gérard
"Monsieur le Président,
« Je vous fais une lettre / Que vous
lirez peut-être / Si vous avez le temps ». À vous qui êtes féru de
littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose.
C’est le début de la chanson de Boris Vian Le déserteur, écrite
en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui,
quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici
n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de
nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à
l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous
tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les
respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de
scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous
êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on
pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre
dernier – L’état compte ses sous, on comptera les morts – résonne
tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui
prônent le désengagement de l’Etat, préconisant l’optimisation des
ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique
dépourvu de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce
sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le
fonctionnement du pays : les hôpitaux, l’Education nationale et ses
milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le
métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient
rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles,
de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir
cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la vie matérielle.
Choix étrange que le mot « résilience »,
signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas
là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de
confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps
propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un nouveau monde.
Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà
sans pudeur l’antienne du « travailler plus », jusqu’à 60 heures par
semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont
l’épidémie révèle les inégalités criantes, Nombreux à vouloir au
contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se
soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un
monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la
possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus
nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et « rien ne vaut la
vie » – chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos
libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à
ma lettre – contrairement à celle de Boris Vian, interdite de
radio – d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale."
Annie Ernaux
Lettre lue ce matin sur France Inter par Augustin TrapenardChez Yves Brette:
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