"Surface de la pensée-la parole.
Surface de la parole-le geste.
Surface du geste-la peau.
surface de la peau-le frisson."
Véra Pavlova-
"Si tu as peur d'oublier--écris.
Si tu redoutes d'écrire--souviens-toi.
Si tu crains de te souvenir--écris.
J'écris. J'ai peur."
-Véra Pavlova-
"Nous ne sommes capables d'aimer que les morts.
notre amour pour les vivants est bmaladroit, approximatif.
Qu'ils soient proches ne nous apprend pas à les aimer.
Une longue séparation non plus.
Les graves maladies non plus.
La vieillesse pas davantage.
Seule la mort nous apprendra à aimer.
C'est une grande spécialiste en matière d'amour ."
-Véra Pavlova-
"Je voudrais t'écrire une lettre
dans laquelle li n'y aurait pas un mot
de reproche, de rancune, d'insolence,
pas de coquetterie, de caprice, de bravade,
pas de flatterie, de mensonge, d'entourloupe,
pas la moindre billevesée, pas de vaine philosophie...
Je voudrais t'écrire une lettre
dans laquelle il n'y aurait pas un mot."
-Véra Pavlova-
"Y a-t-il de la vie sur Mars?
demande Bach.
Y a-t-il de la musique sur Mars?
demande Mozart.
Y a-t-il Mozart sur Mars?
demande Chopin.
Y a-t-il de la Russie sur Mars?
demande Glinka.
Y a-t-il de l'amour sur Mars?
demande Schubert à Schumann.
Des pigeons voyageurs
distribuent-ils des faire-part de mariage
imprimés sur du papier à musique
aux demoiselles de Mars
qui ne soupçonnent pas
qu'elles sont fiancées?
demande Schumann.
L'amour divin existe-t-il sur Mars?
demande Tchaïkovski.
Y a-t-il une grotte de Vénus sur Mars?
demande Wagner.
Y a-t-il de l'humour sur Mars?
demande Mozart.
La mort existe-t-elle sur Mars?
demande Brahms
en se bouchant les oreilles
pour ne pas entendre la réponse.
Et la mort à Venise?
ajoute Mahler en éteignant la télévision.
Le marxisme-léninisme existe-t-il sur Mars?
s'enquiert Chostakovitch.
Et le sexe?
demande Scriabine en frisant ses moustaches.
Ce poème composé à la cuisine
devabt une bouteille de Cahors
avec mon amie Natacha Kotileva,
a-t-il du sens, sur Mars?
Je ne pose pas la question."
-Véra Pavlova-extraits de: "L'animal céleste" Anthologie traduite du russe par Jean-Baptiste& Hugo Para-Editions L'Escampette
Deux
croit
brins d'herbes
pour soigner ses végétations.
"Jardin public
a-verdit
en vaut deux"
formulait Virginie des Plantes
Au matin, dans le poste:
Question récidive à Christophe Galfard:
" Y a-t-il de la Vie sur une autre planète?"
-Distinguons: Vie et Vie intelligente
et dans ce dernier cas
il faudrait déjà en trouver sur la terre.
...
Elément de Base
pour
Voir le bout du tunnel
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Nuits Salines
nuits câlines
à Batz sur Mer
et programme associé
Gilles Servat
Mes souliers sont rouges
Avalon Celtic Dance
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Aber-Ildut, 1er juin 2009, dix-neuf heures, marée basse.
"Dissimulé
dans les rochers du Crapaud, je prends les notes que voici. Je mets en
chantier ce dictionnaire amoureux sur un cahier chinois bleu santal.
J'apprends à l'aimer en lui fournissant les mots qu'il préfère en moi.
Lesquels ? J'y vais à tâtons. Des mots essentiels, à mon avis, comme
enfance, bateau, famille ou maison. Vous voyez la maison blanche au fond
du port, derrière nous ? C'est la mienne, ou plutôt : c'était la
mienne... Un dictionnaire amoureux peut commencer par un chagrin
d'amour, une maison vendue.
J'ai passé la journée d'hier, toujours au
Crapaud, à rédiger le préambule à ces variations déclinées sur le thème
de Bedrich Smetana : Ma Vlast - Ma Patrie. Elles sont un peu
sentimentales, désolé, je n'y changerai rien. Il n'y a pas de termes
exacts pour figurer ses doutes, son amour, son espoir, pas de note bleue
ni de silence idéal à quoi
raccorder sa voix sur la page. Comme un peintre sur la falaise épiant la
nature, et s'en délivrant aussi vite que possible, l'écrivain se
traduit lui-même au petit bonheur des mots nés du moi profond, ce for
intérieur où rien ne se passe comme il se résigne à l'écrire, et selon
ce qu'il devient en l'écrivant.
A mes pieds l'océan, une luisance
d'acier. Je vois la tourelle rose du Lieu, le piquet noir de la Pierre
de l'Aber, le cormoran perché sur la balise tordue, le glacis miroitant
du chenal du Four, je vois à l'horizon Ouessant, Molène, Lityri, les
trois îles de l'Ouest qui préludent au couchant. Ma vie d'enfant tient
tout entière entre ces îles et le carnet bleu santal où je hasarde ces
premières impressions. Mer d'huile, crépuscule sans vent, sans voix
hormis l'appel défaillant d'une bouée quelque part.
Durant des
années, j'ai conservé sur mon bureau une écaille d'ormeau, ce coquillage
armoricain dont le nom savant est abalone et le nom coutumier dans les
îles anglo-normandes oreille de mer. Il me servait de presse-papier, de
gobe-fourbi : trombones, clés, Scotch, préservatifs, jetons de casino,
cachous. Les étudiants fauchés utilisaient l'ormeau comme cendrier, dans
les années 60, il voisinait avec un magnum de valpolicella dégoulinant
de chandelle poussiéreuse, généralement coiffé d'un abat-jour enclin à
prendre feu.
J'ai renoncé à dépeindre l'ormeau par écrit. Nacre
inodore, il m'a suivi dans tous mes déménagements. Si la mer n'y chante
pas, cette paume irisée d'infinie douceur irradie comme un cristal de
voyante. Elle paraît englober la Bretagne de mon enfance et tous les
mots jusqu'au dernier - jusqu'au silence énervé du lecteur butant sur
l'achevé d'imprimer -, tous les mots de ce futur dictionnaire amoureux.
Abalone, lampe d'Aladin, madeleine de Proust, chouquette industrielle de
Muriel Barbery - Bretonne par alliance -, manteau de Gogol et toi
lièvre de Vatanen, je vous dédie humblement ce qui va suivre, en
espérant vous avoir à mes côtés jusqu'au havre du Z, ma destination si
Dieu le veut.
En fait d'outils, pour ce chantier littéraire en Armor,
outre mes crayons B5 et l'ormeau d'Iroise, j'ai sous les yeux la photo
noir et blanc d'Yvonne, ma mère, à bord de la vedette Cambronne, un jour
de balade heureuse à l'île de Houat, et la minibarquette en papier
blanc que mon fils Neven vint poser sur ma table d'écriture, un soir,
sans dire un mot, après que j'eus perdu mon vieux bureau Louis-Philippe
au jeu du qui perd gagne. Non moins à mon crédit les soixante-trois ans
d'une existence passée en Armor, même aux heures où je m'en trouvais
séparé, ce qui n'arriva jamais bien longtemps. Je l'imaginais quand
j'étais loin, je l'écrivais, le racontais, le promettais (surtout les
îles). Et toute ma vie je n'eus de cesse que de retourner à l'Aber
auprès des miens.../..."
Yann Queffélec-extrait de: "Dictionnaire amoureux de la Bretagne"