Cette société sans but -- sinon de durer le plus longtemps possible -- aura pour terme " le total asservissement de l'individu, son écrasement".
".../...Moi qui le connait bien, je ne m'en fais pas trop. Il s'est déjà sorti de missions bien plus tordues qu'une simple ballade chez un voisin que je rangerais dans la catégorie des "pas hostiles, mais tout juste".
Parmi mes frères ennemis
Moitié homme, moitié sauvage
Moitié silence, moitié cri
Séparé par tant de malheurs
Réuni par tant de beautés
Affolé par le fil des heures
Apaisé par l'éternité
Ecartelé dans le fini
Ou fusionnant dans le cocon
De bonheur cent fois trop fragile
Tant il se suspend dans le vide
Et je continue de chanter
De marée haute en marée basse
On a la tête comme une lame
Pour se faire hara-kiri
Quand on parle de vie sans la vivre
J'suis né dans un pays bizarre
En cette année de l'après-guerre
Où le Français beau et superbe
Se prenait pour l'père de la terre
Notre splendide civilisation
Avait érigé des décrets
Pour empêcher les p'tits Arabes
D'aller pisser dans leur quartier
Et l'on voyait des citadelles
Où les chaouchs et les fatmas
Avaient la porte grande ouverte
Pour torcher le cul colonial
Des écoles ô combien françaises
Pour apprendre l'atrocité
D'un matérialisme obèse
Qu'on nous faisait miroiter
Comme le paradis d'l'humanité
Maint'nant je rêve d'une vie tangible
Faite de paroles et de signes
Loin des paradis celluloïdes
D'l'Assedic et des vitamines
J'aimerais q'les hommes soient égaux
Dans l'écrabouillement des mythes
Dans la cassure de nos egos
Pour laisser couler la musique
Qui nous engendre et nous relie
Dans nos îles désertes fétides
Pour voir s'él'ver un continent
Pour que du désert nous sortions
A contre-courant de ma vie
Au bout du ruisseau de mon enfance
A la source des origines
Eclate un mystère étonnant :
Qu'est-ce que je fous sur cette terre ?
Si j'vous ai parlé de ma personne
C'est pour vous parler du sens
Que je trouve à notre passage
Sur cette terre incandescente
Que nous servions de sémaphores
Aux générations à venir
Que du tremplin de notre mort
Elles s'élancent enfin pour vivre
Que nous leur payions un chemin
Défrichant la jungle du monde
Comme une piste, comme une sonde
Un don pour qu'ils vivent demain
Un peu moins balourds que nous
Nous ne sommes que des étoiles
Clignotant dans l'infini
Qui s'éteindront au matin blême
Ne laissant que des souvenirs
A nos enfants qui se rappellent
Et qui perpétuent la parole
La parole."
"La paresse est une valeur humaine qui est en train de disparaître. C’est fou ce qu’à notre époque les gens peuvent être actifs. Que quelques amis se réunissent le dimanche pour un bon déjeuner, à peine la dernière bouchée avalée, il se trouve toujours quelqu’un pour demander : « alors.. ? qu’est ce qu’on fait ?… ». Une espèce d’angoisse bouleverse ses traits, tant est grand son désir de faire quelque chose ; et il insiste : « qu’est ce qu’on fait ? – mais rien ! », ai-je toujours envie de répondre… Pour l’amour de dieu, ne faisons rien. Restons un bon après-midi sans rien fiche du tout, ça ne suffit donc pas d’être avec de bons amis, de jouer à sentir cet invisible courant qui, dans le silence, règle les cœurs à la même cadence, de regarder le jour décroître sur les toits, sur la rivière, ou plus simplement sur le coin du trottoir ? J’exagère sans doute. C’est que j’aime tant la paresse, mais la vraie paresse, consciente, intégrale, que je voudrais bien lui trouver toutes les bonnes vertus. Bien sûr, elle est comme toutes les bonnes choses, comme le vin, comme l’amour ; il faut la pratiquer avec modération. mais croyez-moi, la terre ne tournerait pas moins rond si ses habitants avaient le courage de se forcer chaque semaine à rester quelques heures bien tranquilles, sans occupation apparente, à guetter les signaux invisibles et puissants que vous adresse le monde vaste et généreux."
Jean Renoir. (1937
Celle qui donne sur la mer, sur sa petite enfance..
Derrière lui,
Un goût d’illusions perdues
Quelques poussières d’étoile
Le rouleau des marées
Le visage d’un enfant,
Une lettre de son père.
D’abord, ne pas se perdre
D’abord, se reconnaître
Nous avons erré longtemps dans la multitude, l’anonymat,
Dans l’effroyable course du temps, nous avons eu parfois très peur !
Il faut dire que nous n’étions pas préparés
Pour une telle froidure,
il faut dire que la route fut semée d’embûches,
et le doute puissant...
Mais, des voix se dressent,
Des visages s’ouvrent,
Des appels s’amplifient...
Il est temps de battre chamade
De renouer avec sa force
D’amarrer son désir à l’encre du chemin
Il n’est jamais trop tard
Tu es vie,
Tu es vent,
VIE-VENT !"
Boulevard de la plage
Sous sa bâche elle était belle
Un sourire un peu triste
J'ai senti fraise cassis
Que j'pourrais tailler la zone avec elle
Le soir sur les falaises
On est allé voir vanille fraise
Saluer le soleil sur son trône
En m'enlaçant elle m'a dit
Vendre des glaces m'ennuie
On laisse tout on taille la zone
Dans mon deux pièces à Paris
Elle répétait toutes les nuits
Je règle quelques affaires
Après c'est sûr on taille la zone
Moi le bureau l'ordinateur
Elle son aspirateur
Ses catalogues de Mobil-Home
Je savais que c'était minable
Je me suis abonné au câble
On taillait pas vraiment la zone
Elle me disait déconne pas déconne pas
On va pas rester comme ça
Je veux les prairies les fleurs jaunes
On va pas faire comme les gens
Vivre à cause de l'argent
On laisse tout on taille la zone
De bagages de paysages
De grosses Harley avec des chromes
Moi mon portable et mes calmants
Mon compte d'épargne logement
Notre amour taillait la zone
Je me suis réveillé une nuit
Marchande de glaces partie
J'avais perdu mon petit Kim cône
Y a plein de filles sur le terre
Mais quand je vois une planisphère
J'ai le cœur qui taille la zone."

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