samedi 20 septembre 2025

un petit morceau de tout

 

"Le remède à n'importe quoi c'est l'eau salée; la sueur, les larmes ou la mer."
Isak Dinesen

           

              " Si notre société devait un jour opter pour une dictature à la George Orwell, le meilleur instrument d'oppression serait sans doute le sillage laissé par la carte bancaire. Dans une économie sans espèces, avec un marché noir de troc réduit à l'état de curiosité historique, les activités d'un individu pourraient être pistées en temps réel par la simple étude du sillage monétaire tracé par sa carte universelle. Il y a des lois très strictes sur la protection des libertés individuelles, mais les lois ont la mauvaise habitude de s'effacer ou de se faire abroger chaque fois que la pression sociale se transforme en poussée totalitaire."
Dan Simmons









"Café des immortels !
J’ai vu des diables au festin magnifique
Prendre tout l’or
J’ai déjà bu mon encre
Plume d’orgueil trempée dans des poisons
J’irai peser mon âme
Au négoce des invisibles

Café des immortels !
Les cerises dans l’écuelle, les pyramides de pêches
Sont un complet pays, et le cheval céleste

Café des immortels oracle des cohues !
J’aurai passé à peindre
Des avancées de brume
 
             Café des immortels, à des embarquements !
Comme bateliers anciens aux cargaisons de sel
J’affûte la patience à des orages, à des colères  "         LO'JO                       



"Je pèse quarante-huit kilos
Peut-être un peu plus, un peu moins
Ça dépend si j'ai du chagrin ou pas
Je pèse le poids de mes mots
Mes mots qui valent ce qu'ils valent
Mais, en tout cas, ce sont les miens
Et ces mots, quand je te les lance
Et que tu ne les attrapes pas
Je pèse le poids de l'absence
Avec ma rage au bout des doigts,
Je pèse le poids de la peur
Qui me tient éveillée la nuit
Les membres raidis sous le drap
Comme une dalle de béton
Les yeux tournés vers l'intérieur
A me demander qui je suis !
Je pèse le poids de mes actes
Qui sont pas toujours à ma taille
Qui se barrent sans prévenir
Sans demander la permission
Pour aller faire un peu plus loin
Quelques enfants adultérins
Que j'ai du mal à reconnaître,
Je pèse le poids d'un chien mort
Comme meurent les animaux
Avec ce regard qui s'étonne
Qui dit "Pourquoi tu m'abandonnes ?"
Ce regard insoutenable
Qui vous fait cracher vers le ciel
Un dernier refus misérable
Et qui fait qu'à jamais je pèse
La toute impuissance des hommes
Je pèse le poids de l'amour
Que je ne parviens pas à vivre
Ou de façon si maladroite
Que ma mère, sûrement, ne sait pas
La tendresse que je lui porte,
Je pèse le poids de l'amour
Qu'on rencontre si peu souvent
Qui, pourtant, doit nous délivrer !
Mais voilà, on n'a pas le temps
Ou alors, on est fatigué
Je pèse le poids de l'amour
Qu'est si difficile à donner
Et tout autant à recevoir
Alors, on reste là, tout seul
A peser le poids de l'orgueil
Je pèse quarante-huit kilos
Peut-être un peu plus, un peu moins
Ça dépend si j'ai du chagrin ou pas
Je pèse quarante-huit kilos
Toi, ça te fait ni chaud ni froid
Tu te dis "La fille, elle flippe
Dommage, mais c'est pas mon trip !"
D'accord, mais quand on se retrouve là, tout seul
Avec deux, trois spots dans la gueule
Faut bien raconter quelque chose
Pour essayer de se trouver
Pour pas rester des étrangers
"Toi, tu payes et moi je te baise"
Non ? alors raconte-moi
Combien tu pèses !  "   
Mama Béa Tekielski         


            "La parole est tout
Elle coupe, écorche.                     Elle modèle, module
Elle perturbe, rend fou
Elle guérit     ou tue net
Elle amplifie, abaisse selon sa charge.
Elle excite au calme les âmes."
Tradition Bambara





"Il regarde le ciel immobileEt se demande où sont les villesEt l'été naguère invincibleQui n'est pas revenu de l'ouest
Il regarde la mer impavideQui d'un coup d'un seul se débridePuis boit la gourde à moitié videLe ciel et l'eau se font des tresses
Il s'empare d'une lame visiblePuis solennellement désigneLe port où s'alignent les gruesLà où jadis il a vécu
Une forme de bonheur indicibleAvec sa femme son chien ses fillesIl se dit je suis encore chaudJ'aime bien mourir ma non troppo
Et puis au cas oùJe dis bien au cas oùIl y aurait rien là-hautPourrais-je emmener mon bateau?
Et puis au cas oùJe dis bien au cas oùIl y aurait rien là-hautPourrais-je emmener les potos?
Il regarde la route de l'exilEt se demande où vont les îlesEt les grands oiseaux indocilesEn forme de signaux de détresse
Il rêve des berges du Tibre ou du NilHumant la fumée d'une DunhillIl reste au loin quelques collinesAllongées dans la brume épaisse
Avant ici il y avait des chenilsDes grands bourgeois d'une grande villeLe confluent le pauvre est nuEt le jardin montre son cul
Le déclin était prévisibleL'humanité si peu sensibleMais tant qu'il y aura des bistrotsJe veux bien mourir ma non troppo
Et puis au cas oùJe dis bien au cas oùIl y aurait rien là-hautPourrais-je emmener mon bateau?
Et puis au cas oùJe dis bien au cas oùIl y aurait rien là-hautPourrais-je emmener les potos?
Et puis au cas oùJe dis bien au cas oùIl y aurait rien là-hautPourrais-je emmener mon bateau?"
Benjamin Biolay



"Je ne suis rien, je le sais
mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout."
Victor Hugo




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