"Mais ils ne font guère mieux ceux d’aujourd’hui qui, avant de commettre
leurs crimes les plus graves, les font toujours précéder de quelques
jolis discours sur le bien public et le soulagement des malheureux"
Etienne de La Boétie -extrait de: "Discours de la servitude volontaire"
"Tout ce qui est inquiétant dans l'avenir et tout ce qui jadis faisait
frémir les oiseaux à jamais envolés, est en vérité plus rassurant encore
et plus familier que votre "réalité"."
Friedrich Nietzche extrait de: "Ainsi parlait Zarathoustra"
"Nous sommes tous des refugiés de quelque chose, quelque part."
" Traverser une autre éclipse. Ne plus contenir la bête.
Des ombres, voilà tout ce qui bruisse, sans qu’aucune figure ne s’imprime.
Rien ne dure, tout glisse, ainsi va ma colère.
(Ré)écrire pour ceux qui n’existent pas encore.
Œuvrer à contre-temps par-delà ce présent conjugué au passé.
Souffrir pour accumuler du dire dans le refus de la souillure.
Privé des basses besognes des adultes. Sans hypocrisie à opposer au ciel.
Traîner du pied pour me maintenir au chaud dans les sables mourants."
"Le remède à n'importe quoi c'est l'eau salée; la sueur, les larmes ou la mer."
Isak Dinesen
" Si notre société devait un jour opter pour une dictature à la George
Orwell, le meilleur instrument d'oppression serait sans doute le sillage
laissé par la carte bancaire. Dans une économie sans espèces, avec un
marché noir de troc réduit à l'état de curiosité historique, les
activités d'un individu pourraient être pistées en temps réel par la
simple étude du sillage monétaire tracé par sa carte universelle. Il y a
des lois très strictes sur la protection des libertés individuelles,
mais les lois ont la mauvaise habitude de s'effacer ou de se faire
abroger chaque fois que la pression sociale se transforme en poussée
totalitaire."
Dan Simmons
"Café des immortels !
J’ai vu des diables au festin magnifique
Prendre tout l’or
J’ai déjà bu mon encre
Plume d’orgueil trempée dans des poisons
J’irai peser mon âme
Au négoce des invisibles
Café des immortels !
Les cerises dans l’écuelle, les pyramides de pêches
Sont un complet pays, et le cheval céleste
Café des immortels oracle des cohues !
J’aurai passé à peindre
Des avancées de brume
Café des immortels, à des embarquements !
Comme bateliers anciens aux cargaisons de sel
J’affûte la patience à des orages, à des colères " LO'JO
"Je pèse quarante-huit kilos
Peut-être un peu plus, un peu moins
Ça dépend si j'ai du chagrin ou pas
Je pèse le poids de mes mots
Mes mots qui valent ce qu'ils valent
Mais, en tout cas, ce sont les miens
Et ces mots, quand je te les lance
Et que tu ne les attrapes pas
Je pèse le poids de l'absence
Avec ma rage au bout des doigts,
Je pèse le poids de la peur
Qui me tient éveillée la nuit
Les membres raidis sous le drap
Comme une dalle de béton
Les yeux tournés vers l'intérieur
A me demander qui je suis !
Je pèse le poids de mes actes
Qui sont pas toujours à ma taille
Qui se barrent sans prévenir
Sans demander la permission
Pour aller faire un peu plus loin
Quelques enfants adultérins
Que j'ai du mal à reconnaître,
Je pèse le poids d'un chien mort
Comme meurent les animaux
Avec ce regard qui s'étonne
Qui dit "Pourquoi tu m'abandonnes ?"
Ce regard insoutenable
Qui vous fait cracher vers le ciel
Un dernier refus misérable
Et qui fait qu'à jamais je pèse
La toute impuissance des hommes
Je pèse le poids de l'amour
Que je ne parviens pas à vivre
Ou de façon si maladroite
Que ma mère, sûrement, ne sait pas
La tendresse que je lui porte,
Je pèse le poids de l'amour
Qu'on rencontre si peu souvent
Qui, pourtant, doit nous délivrer !
Mais voilà, on n'a pas le temps
Ou alors, on est fatigué
Je pèse le poids de l'amour
Qu'est si difficile à donner
Et tout autant à recevoir
Alors, on reste là, tout seul
A peser le poids de l'orgueil
Je pèse quarante-huit kilos
Peut-être un peu plus, un peu moins
Ça dépend si j'ai du chagrin ou pas
Je pèse quarante-huit kilos
Toi, ça te fait ni chaud ni froid
Tu te dis "La fille, elle flippe
Dommage, mais c'est pas mon trip !"
D'accord, mais quand on se retrouve là, tout seul
Avec deux, trois spots dans la gueule
Faut bien raconter quelque chose
Pour essayer de se trouver
Pour pas rester des étrangers
"Toi, tu payes et moi je te baise"
Non ? alors raconte-moi
Combien tu pèses ! "
Mama Béa Tekielski
"La parole est tout
Elle coupe, écorche. Elle modèle, module
Elle perturbe, rend fou
Elle guérit ou tue net
Elle amplifie, abaisse selon sa charge.
Elle excite au calme les âmes."
Tradition Bambara
"Il regarde le ciel immobile Et se demande où sont les villes Et l'été naguère invincible Qui n'est pas revenu de l'ouest
Il regarde la mer impavide Qui d'un coup d'un seul se débride Puis boit la gourde à moitié vide Le ciel et l'eau se font des tresses
Il s'empare d'une lame visible Puis solennellement désigne Le port où s'alignent les grues Là où jadis il a vécu
Une forme de bonheur indicible Avec sa femme son chien ses filles Il se dit je suis encore chaud J'aime bien mourir ma non troppo
Et puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener mon bateau?
Et puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener les potos?
Il regarde la route de l'exil Et se demande où vont les îles Et les grands oiseaux indociles En forme de signaux de détresse
Il rêve des berges du Tibre ou du Nil Humant la fumée d'une Dunhill Il reste au loin quelques collines Allongées dans la brume épaisse
Avant ici il y avait des chenils Des grands bourgeois d'une grande ville Le confluent le pauvre est nu Et le jardin montre son cul
Le déclin était prévisible L'humanité si peu sensible Mais tant qu'il y aura des bistrots Je veux bien mourir ma non troppo
Et puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener mon bateau?
Et puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener les potos?
Et puis au cas où Je dis bien au cas où Il y aurait rien là-haut Pourrais-je emmener mon bateau?"
Benjamin Biolay
"Je ne suis rien, je le sais
mais je compose mon rien avec un petit morceau de tout."
Le collectif L’art à l’ouest et la médiathèque Etienne Caux de Saint-Nazaire ont le plaisir de vous convier à une rencontre avec Albane Gellé, poète, jeudi 18 septembre à 18h, sur le site de la médiathèque, 6 rue Auguste Baptiste Lechat.
Une rencontre organisée dans le cadre du festival CARGO 2025, visible jusqu’au 28 septembre 2025 et incluant dans sa programmation d’îles en lune, fruit d’une résidence de création* réunissant les photographies de Maia Flore et les écrits de la poète Albane Gellé. Source
photo: Maia Flor
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"Je rappelle que les amandiers sont en fleur que les violettes résistent au givre qu'il reste des asperges sauvages ou des mimosas je rappelle
qu'une poule pond un oeuf chaque jour
que les vignes se taillent à trois noeuds
que mon voisin plante des petits pois
et que les fraises des bois ne poussent pas que dans les bois
je rappelle que le CBD est légal
que pas plus de deux verres ça va
que des sacs vomitoires sont à votre disposition pendant le vol
que la chair n"est pas triste et que personne n'a lu tous les livres
je rappelle que nos enfants ont des ailes plus grandes que les nôtres
que les oiseaux ont faim et que les chiens lèchent gratos
je rappelle que la vie est une pute et que nous sommes tous des fils de petite-maman-chérie-qui-recoud-nos-boutons
qu'on peut faire des tartes avec à peu près tout ce qu'on veut et que les crayons de couleur ont une durée de vie considérable
je rappelle quu'on peut faire du papier avec du crottin de cheval un dessert avec du pain rassis
que le tonnerre est le bruit de la foudre
que j'ai vu un chat blanc dans la nuit et qu'il n'était pas gris
je rappelle que le bouton rouge sur les télécommandes sert à la fois à allumer et à éteindre
que le jour n'appartient à personne et qu'il n'y a pas de date de péremption sur les fesses des autres
je rappelle qu'un peu plus un peu ça fait un peu plus