—
Est-ce
que c'est une chose ?
—
Oui
et non.
—
Est-ce
que c'est un être vivant ?
—
Pour
ainsi dire.
—
Est-ce
que c'est un être humain ?
—
Cela
en procède.
—
Est-ce
que cela se voit ?
—
Tantôt
oui, tantôt non.
—
Est-ce
que cela s'entend ?
—
Tantôt
oui, tantôt non.
—
Est-ce
que cela a un poids ?
—
Ça
peut être très lourd ou infiniment léger.
—
Est-ce
que c'est un récipient, un contenant ?
—
C'est
à la fois un contenant et un contenu.
—
Est-ce
que cela a une signification ?
—
La
plupart du temps, oui, mais cela peut aussi n'avoir aucun sens.
—
C'est
donc une chose bien étrange ?
— Oui, c'est la nuit en plein jour, le regard de l'aveugle, la musique des sourds, la folie du sage, l'intelligence des fous, le danger du repos, l'immobilité et le vertige, l'espace incompréhensible et le temps insoutenable, l'énigme qui se dévore elle-même, l'oiseau qui renaît de ses cendres, l'ange foudroyé, le démon sauvé, la pierre qui parle toute seule, le monument qui marche, l'éclat et l'écho qui tournent autour de la terre, le monologue de la foule, le murmure indistinct, le cri de la jouissance et celui de l'horreur, l'explosion suspendue sur nos têtes, le commencement de la fin, une éternité sans avenir, notre vie et notre déclin, notre résurrection permanente, notre torture, notre gloire, notre absence inguérissable, notre cendre jetée au vent..
— Est-ce que cela porte un nom ?
— Oui, le langage."
— Oui, c'est la nuit en plein jour, le regard de l'aveugle, la musique des sourds, la folie du sage, l'intelligence des fous, le danger du repos, l'immobilité et le vertige, l'espace incompréhensible et le temps insoutenable, l'énigme qui se dévore elle-même, l'oiseau qui renaît de ses cendres, l'ange foudroyé, le démon sauvé, la pierre qui parle toute seule, le monument qui marche, l'éclat et l'écho qui tournent autour de la terre, le monologue de la foule, le murmure indistinct, le cri de la jouissance et celui de l'horreur, l'explosion suspendue sur nos têtes, le commencement de la fin, une éternité sans avenir, notre vie et notre déclin, notre résurrection permanente, notre torture, notre gloire, notre absence inguérissable, notre cendre jetée au vent..
— Est-ce que cela porte un nom ?
— Oui, le langage."
Jean Tardieu
"Parlons-en de l'air du temps, putain ! Il a une sale odeur. Ça fait
trente ans qu'on progresse vers la pestilence avec une indignation
courtoise. On peut traiter une ministre de la Justice de "singe" et lui
jeter des bananes parce qu'elle est noire, on peut appeler "ayatollah"
une ministre de l'Éducation nationale parce qu'elle est d'origine
marocaine. Il y a trente ans, on pouvait rire de l'autre, on pouvait
même rire avec lui. Je me souviens des Smaïn, des Coluche, des Boujenah,
des Desproges, des Fellag et d'autres qui endossaient le rôle de
l'autre, de l'étranger, avec plus ou moins de talent, et se marraient
d'eux, de nous, du choc de la rencontre. Finalement, de l'homme dans
tous ses états. Aujourd'hui, les fachos de tout poil ont distillé le
pire de ces différences pour faire de cette moquerie fraternelle une
haine politique. On parlait hier de Branly et du musée des Colonies.
Aujourd'hui, en France, on laisse revenir les conceptions colonialistes
des années 30, dignes de Hergé : on jette des bananes au Noir ; l'Arabe
est jihadiste ou délinquant. Je repense à Sarkozy qui voulait renvoyer
les délinquants dans leur pays, comme s'il y avait un pays dont les
habitants sont les Délinquants ! On a morcelé l'espèce humaine en
groupuscules rivaux pour mieux nous monter les uns contre les autres :
les Noirs, les Jaunes, les Arabes, les Juifs, les homos, les
fonctionnaires, les riches, les communistes, les rentiers, les
retraités, les banquiers, les francs-maçons, les politiques, les
chômeurs, les Roms, les intégristes, les profiteurs... À la fin de la
journée, on a tellement d'ennemis qu'on ne sait plus qui on doit haïr en
priorité ! Heureusement qu'il y a le "20 heures" pour nous donner des
repères !"
Nicolas Lebel
"Il y a, au bout de l'horizon, des noms de ports qui flottent, des noms de villes qui brûlent, des humanités que la mer engloutit à tout jamais.
Et les vagues, toujours qui reviennent au rivage."
Xavier-Marie Bonnot- extrait de: "Les vagues reviennent toujours au rivage."
"Les peurs… Nos peurs.
Finalement, ce sont elles qui structurent nos modes de fonctionnement, de pensée.
Qui n’a pas regardé sous son lit ou dans son placard, alors qu’il était enfant ?
Moi, je me rappelle l’avoir fait, plusieurs fois, tout en me convainquant que mon entreprise était ridicule.
Mais comment aurais-je réagi si j’avais réellement aperçu quelque chose ? Si l’une de ces créatures m’avait dévoilé son vrai visage ?
Je n’ose y penser, car, finalement, je sais aujourd’hui qu’ils existent… Oh ! pas comme les monstres imaginaires pourvus d’une poignée d’yeux vitreux ou de mâchoires à rallonge bien garnies de dents tranchantes prêtes à vous dévorer…"
Finalement, ce sont elles qui structurent nos modes de fonctionnement, de pensée.
Qui n’a pas regardé sous son lit ou dans son placard, alors qu’il était enfant ?
Moi, je me rappelle l’avoir fait, plusieurs fois, tout en me convainquant que mon entreprise était ridicule.
Mais comment aurais-je réagi si j’avais réellement aperçu quelque chose ? Si l’une de ces créatures m’avait dévoilé son vrai visage ?
Je n’ose y penser, car, finalement, je sais aujourd’hui qu’ils existent… Oh ! pas comme les monstres imaginaires pourvus d’une poignée d’yeux vitreux ou de mâchoires à rallonge bien garnies de dents tranchantes prêtes à vous dévorer…"
Gilles Caillot
Si votre maison brûlait, qu'emporteriez-vous ?
J'emporterais le feu.
Jean Cocteau
J'emporterais le feu.
Jean Cocteau
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