".../...
Des cris le réveillent mais il garde les yeux fermés. Deux hommes se querellent dans l'escalier en une langue qu'il ne connaît pas. une porte grince puis claque. L'immeuble semble vibrer soudain, résonner de toues ces respirations qui s'activent, de voix étouffées, de raclements de gorge, de toux, de musiques. Une femme rit, un petit enfant pleure. De l'eau cataracte dans une canalisation. Il écoute au plus loin qu'il peut l'écoulement épais et croit pouvoir suivre sa chute jusqu'à l'égout. Il imagine à cet instant toutes ces saletés qui sortent des corps, retenues pendant la nuit, et il sait bien que les humains se défont de leur fange, se purgent de ce qu'ils ont accumulé des heures durant, résultat de toutes leurs activités de la journée, puisque c'est à ça qu'ils se résument, de molles machines à fabriquer de la merde, il sait bien, lui, que tout le jour ils vaqueront sous leur masque avenant, drapés, enrobés dans leurs habits, déguisés en êtres civilisés, travestis pour le grand carnaval sordide, grands singes savants,, guenons rusées, tâchant de dominer leur état de rut permanent, leur violence, leurs rêves de puissance, leurs envies de meurtre, ces pulsions d'animaux qu'ils nomment amour, désir, ambition, ces mots qu'ils utilisent comme du papier hygiénique pour torcher leurs turpitudes. Tous les matins ils vidangent la fosse septique qu'ils s'appliquent à remplir chaque jour, heure après heure, en feignant d'ignorer ce qui macère en eux.
.../..."
Hervé Le Corre- extrait de: "Traverser la nuit" Editions Payot Rivages/Noir
"Promenade, bord de mer
Promenade, que la lune éclaire
En automne, en été, en hiver
Promenade, bord de mer
Promenade, que la lune éclaire
En automne, en été, en hiver
Promenade, bord de mer
Promenade à la ville
Promenade d'un tout autre style
En octobre, en novembre, en avril
Promenade sur le fil
Promenade d'un tout autre style
En octobre, en novembre, en avril
Promenade sur le fil
Mais c'est quoi qui coule, qui coule
De tes yeux
Cette envie dévorante de dire adieu
De tes yeux
Cette envie dévorante de dire adieu
Je t'emmène en voyage
Pour qu'éclaire à nous ton visage
Un sourire, la lumière du courage
Je t'emmène en voyage
Pour qu'éclaire à nous ton visage
Un sourire, la lumière du courage
Je t'emmène en voyage
Immobile, si tu veux
On reste là, juste tous les deux
Sans parler, sans bouger, sans aveu
Immobile, si tu veux
On reste là, juste tous les deux
Sans parler, sans bouger, sans aveu
Immobile, si tu veux
Mais c'est quoi qui coule, qui coule
De tes yeux
Cette envie dévorante de dire adieu
De tes yeux
Cette envie dévorante de dire adieu
Promenade
Promenade
Promenade
Le long de tes nerfs
Promenade
Promenade
Le long de tes nerfs
Mon ami, que puis-je faire
Mon ami, pour toi, que puis-je faire?
Aujourd'hui ou demain, sois fier
Mon amour, que puis-je faire
Mon ami, pour toi, que puis-je faire?
Aujourd'hui ou demain, sois fier
Mon amour, que puis-je faire
Pour que cesse cet enfer
Et que sèchent sur tes joues ces rivières
En automne, en été, en hiver
Et que sèchent sur tes joues ces rivières
En automne, en été, en hiver
Mon amour, que puis-je faire"
Gaétan Roussel "Promenade"
\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\|||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||[{{{{{{{{{{{{{{{{{{{
“Chaque jour il est un instant
Et trouble et chargé de menace.
A voix haute, les yeux somnolents,
je bavarde avec mon angoisse.”
Et trouble et chargé de menace.
A voix haute, les yeux somnolents,
je bavarde avec mon angoisse.”
Anna Akhmatova
Vendredi 29 novembre VIP Saint Nazaire
"Un jour
ils sont venus te chercher
toi aussi
ils ne pouvaient pas te pardonner
d’être la compagne
d’un poète insoumis
d’aimer un paria
et de le soutenir de ta propre résistance
Tu connus la nuit du bandeau
Le souterrain de la Question
tu entendis ces voix
d’outre-humanité
tonitruant menaces et sarcasmes
tu sentis devant toi
d’autres hommes (ô si peu hommes)
que tu savais tortionnaires et assassins
tu sentis près de toi
d’autres hommes (un peu plus qu’hommes ordinaires)
triés d’électrodes et de fouet mais le cœur intact ;
Voilà
il n’y plus rien à te cacher
des multiples contrastes
du pays du soleil
et puis
tu me revins
ils sont venus te chercher
toi aussi
ils ne pouvaient pas te pardonner
d’être la compagne
d’un poète insoumis
d’aimer un paria
et de le soutenir de ta propre résistance
Tu connus la nuit du bandeau
Le souterrain de la Question
tu entendis ces voix
d’outre-humanité
tonitruant menaces et sarcasmes
tu sentis devant toi
d’autres hommes (ô si peu hommes)
que tu savais tortionnaires et assassins
tu sentis près de toi
d’autres hommes (un peu plus qu’hommes ordinaires)
triés d’électrodes et de fouet mais le cœur intact ;
Voilà
il n’y plus rien à te cacher
des multiples contrastes
du pays du soleil
et puis
tu me revins
tu étais un peu pâle, amaigrie
mais dans tes yeux
il y avait une grande tache incandescente
où se noyait un petit grain d’inquiétude
Et quand tu es partie
et que la nuit enleva
les couches superficielles de ma fureur
mais dans tes yeux
il y avait une grande tache incandescente
où se noyait un petit grain d’inquiétude
Et quand tu es partie
et que la nuit enleva
les couches superficielles de ma fureur
j’ai pris une lettre pour t’écrire
et j’ai détaché du vif de ma chair
le cri le plus vigoureux de ma fraternité"
Abdellatif Laâbi
sait
menottes
pour ménager son pêne
à jouir
anti vole
des amours enfermés à triple tour
Bonsoir Jean-Jacques
RépondreSupprimerToujours de beaux textes à lire chez toi, certains durs, certains plus doux (j'aime beaucoup la chanson de Gaëtan Roussel, Promenade). Je n'ai pas écouté toutes les chansons que tu proposes, mais je reviendrai. :-)
Belle semaine à toi.
Bonsoir Françoise et merci pour ton commentaire
RépondreSupprimer"Jean qui rit, Jean qui pleure" dans le théâtre de la vie...
:-)