" L'école faisait office de gare de triage. Certains en sortaient tôt,
qu'on destinait à des tâches manuelles, sous-payées, ou peu
gratifiantes. Il arrivait certes que l'un d'entre eux finisse plombier
millionnaire ou garagiste plein aux as, mais dans l'ensemble, ces
sorties de route anticipées ne menaient pas très loin. D'autres allaient
jusqu'au bac, 80 % d'une classe d'âge apparemment, et puis se
retrouvaient en philo, socio, psycho, éco-gestion. Après un brutal coup
de tamis au premier semestre, ils pouvaient espérer de piètres diplômes,
qui les promettaient à d'interminables recherches d'emploi, à un
concours administratif passé de guerre lasse, à des sorts divers et
frustrants, comme prof de ZEP ou chargé de com dans l'administration
territoriale. Ils iraient alors grossir cette acrimonieuse catégorie des
citoyens sur-éduqués et sous-employés, qui comprenait tout et ne pouvait
rien. Ils seraient déçus, en colère, progressivement émoussés dans
leurs ambitions, puis se trouveraient des dérivatifs, comme la
constitution d'une cave à vin ou la conversion à une religion orientale."
Nicolas Mathieu extrait de: "Leurs enfants après eux"
Jeter son gant
à la grille du monde
Une solution pour homme des bois
dont on fait les flûtes.
Morceau d'arbre qui cache la forêt
et sa langue de bois
sans soif
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