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« Il n’a pas posé de bombes, n’a attenté à la vie de personne, et pourtant il est traité de pire façon qu’un terroriste. La dernière fois que je l’ai vu, c’était le 17 juin 2022, le jour où la secrétaire d’Etat britannique, Priti Patel, signait son acte d’extradition vers les Etats-Unis. Je ne l’avais jamais vu aussi affaibli. »
Le 28 novembre, les cinq journaux (« The New York Times », « The Guardian », « Der Spiegel », « El Pais », « le Monde ») qui, il y a douze ans, avaient publié de concert avec Wikileaks les fameuses révélations, ont lancé un appel. Dans ce texte, ils demandent au gouvernement américain d’abandonner les poursuites contre Julian Assange. Tout en rappelant que certains des choix ultérieurs du fondateur de Wikileaks, partisan de la transparence absolue, avaient provoqué des débats d’éthique journalistique, notamment en 2011 au moment de la publication de télégrammes diplomatiques non expurgés pouvant mettre en danger des informateurs des Etats-Unis.
SITUATION DESESPEREE
Alors, Assange, journaliste ou lanceur d’alerte tête brûlée, pas assez vigilant quant au respect de la sécurité de ses sources ? « On confond tout ! Avec l’affaire Assange, c’est la liberté de la presse qu’on menace car il a agi comme éditeur de presse », martèle Antoine Vey. L’équipe juridique continue de multiplier les recours : devant la Cour européenne des Droits de l’Homme ; devant la justice britannique, pour contester la décision d’extradition en appel ; comme un baroud d’honneur, tant la situation d’Assange semble aujourd’hui désespérée et son extradition inéluctable.
Amnesty International, Reporters sans Frontières, la FIJ (Fédération internationale des Journalistes) dénoncent aussi une décision qui met en danger la liberté de la presse, mais ils ont l’air de protester dans le vide. Car combien sont-ils, les élus français et les personnalités qui soutiennent encore Julian Assange ? Jean-Luc Mélenchon, François Ruffin, Cédric Villani… Me Antoine Vey explique :
Il y a une autre raison pour laquelle le grand public ne sait plus trop quoi penser du dossier Assange. Son image a été durablement entachée par cette plainte pour viol, pour « sexe par surprise », en Suède en 2010 et par le bras de fer qui en a découlé avec les autorités suédoises. Persuadé qu’il serait livré illico aux Etats-Unis s’il remettait les pieds en Suède, Assange ne s’est jamais rendu à ses convocations devant la justice, se condamnant de facto à une vie de fugitif alors qu’il était l’objet d’un mandat d’arrêt européen. Le parquet suédois a clos définitivement l’enquête en novembre 2019, faute de preuves. Mais à cette époque, le positionnement d’Assange et de Wikileaks est déjà brouillé : Wikileaks continue de divulguer des « leaks », mais en faisant cavalier seul, et tant pis si l’intérêt journalistique de ces « fuites » peut parfois sembler discutable.
Ainsi, en 2016, Wikileaks s’invite dans la campagne électorale opposant Hillary Clinton à Donald Trump en divulguant tout un paquet de courriers électroniques d’élus démocrates. Assange et Wikileaks deviennent alors des « héros » aux yeux de républicains trumpistes qui le vouaient jadis aux gémonies, comme Sarah Palin, l’ancienne gouverneure de l’Alaska. Trump clame « I love Wikileaks ». Par un étrange revirement, Assange devient une espèce d’apôtre dans des milieux très controversés comme la secte QAnon, qui voient en Trump un émissaire chargé de débouter l’« Etat profond » et qui, sur la base des fameuses « leaks » des mails de démocrates, ont élaboré les théories du complot les plus folles. Aujourd’hui encore, le patron de la pizzeria Comet Ping Pong à Washington, dont les mails se sont retrouvés dans les fuites, est harcelé par des complotistes persuadés que son établissement abritait des rituels sataniques et pédophiles.
Les fuites ont-elles contribué à faire élire Trump ? Surtout, Wikileaks a-t-il été manipulé par la Russie pendant la campagne électorale de Trump, et les mails des démocrates ont-ils été obtenus via un hacker russe ? Les proches d’Assange ont toujours nié farouchement toute collusion avec la Russie. Seule certitude : si Trump a affirmé son « amour » pour Wikileaks, il ne l’a pas vraiment démontré dans les actes, bien au contraire. C’est son administration qui a lancé la chasse à l’homme à l’encontre de Julian Assange. Barack Obama, lui, avait choisi l’attentisme ; ses conseillers juridiques craignaient qu’un mandat d’arrêt n’ait des conséquences indirectes sur la liberté de la presse – Wikileaks a collaboré avec de nombreux médias lors de la diffusion des « warlogs » sur la guerre en Irak et en Afghanistan.
Mais Trump, lui, se fiche bien de la liberté de la presse : « America first » ! Et puis, quand il arrive à la Maison-Blanche, il nomme Mike Pompeo à la tête de la CIA : lui est fou de rage contre Assange. Surtout depuis la divulgation par Wikileaks au printemps 2017 de Vault 7, un arsenal d’outils de hacking utilisé par la CIA. Pour Pompeo, la messe est dite. Wikileaks est un « organisme de renseignement ennemi ». Il faut écraser Assange. Le 21 décembre 2017, un mandat d’arrêt est émis à son encontre, selon des documents obtenus par les documentaristes Etienne Huver et Marina Ladous qui ont réalisé plusieurs films sur Assange. Le décompte pour l’extradition a commencé.
Assange est l’obsession de Mike Pompeo. La cible numéro un de la CIA. Selon une enquête de Yahoo News, Pompeo et la CIA avaient envisagé d’enlever le fondateur de Wikileaks, alors que des rumeurs couraient sur sa fuite de l’ambassade équatorienne, direction Moscou. Un ancien des services explique même que lors d’un briefing, Trump s’est demandé s’il serait possible pour la CIA de faire assassiner Assange… « Impossible de savoir si c’était sérieux, ou si c’était Trump faisant du Trump », dit cet ancien officiel cité par Yahoo News.
La situation d’Assange dans l’ambassade d’Equateur devient de plus en plus inconfortable, avec l’arrivée au pouvoir à Quito début 2018 de Lenín Moreno. Pour le nouveau président, Assange est un « tracas » dont il faut se débarrasser au plus vite. L’hôte indésirable se transforme en prisonnier. Entouré désormais d’un personnel qui lui est hostile : son ami Fidel Narvaez, un des proches de l’ancien président Rafael Correa, a été viré. On lui coupe l’accès à internet, on filtre ses visites… Assange est espionné en permanence par la société de surveillance espagnole UC Global, qui travaille aussi en sous-main pour la CIA. Il se cache dans les toilettes pour femmes quand il est au téléphone, utilise un brouilleur pour que ses conversations ne soient pas audibles.
PLAINTE CONTRE LA CIA
Le journal espagnol « El País » révèle l’ampleur de cette surveillance clandestine et les images récupérées des vidéos de surveillance sont irréelles, une dystopie façon « Loft Story ». On y voit Assange faire du skateboard en short dans une pièce de l’ambassade. Ou traînant un matelas avec Stella Morris pour s’installer dans un angle mort des caméras et tenter de voler un instant d’intimité. La présence d’un bébé ayant été signalée lors d’une visite à l’ambassade de son avocate et compagne, UC global récupère les couches dans les poubelles pour effectuer des tests ADN et vérifier qu’il s’agit bien de l’enfant du couple… A l’été 2022, les avocates américaines d’Assange ont porté plainte contre la CIA pour surveillance illégale.
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L.A. philosophie
Et Jean Rostand répond à La Rochefoucauld : "La mort, seule chose plus grande que le mot qui la nomme."
RépondreSupprimerMeilleures oreilles à vous, néanmoins, saint jean-jacques.
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"Ne chantez pas la mort, c'est un sujet morbide
SupprimerLe mot seul jette un froid, aussitôt qu'il est dit
Les gens du "show-business" vous prédiront le "bide"
C'est un sujet tabou pour poète maudit
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la mort est la sœur de l'amour
La mort qui nous attend, et l'amour que l'on appelle
Et si lui ne vient pas
Elle viendra toujours.../..."
Léo Ferré
:-)