Monsieur Lévy, mettez fin à l’expansionnisme d’EDF contraire à l’intérêt des populations, au Mexique et ailleurs
Monsieur le Président,
"Vous dites défendre le service public de l’électricité. Or vous le voyez comme nous chaque jour, la privatisation de ce secteur et le marché qui l’accompagnent nuisent à ce service public et soumettent notre entreprise à une insécurité financière délétère. L’un des arguments de ceux qui prônent l’ouverture des marchés est le principe de réciprocité : EDF se permet de prendre des parts dans les services publics des autres pays, pourquoi dès lors conserverait-elle un monopole en France ?
Au-delà de ce principe, nous considérons qu’EDF, pas plus qu’une autre entreprise, ne peut accaparer, hors de France, les moyens de production de ce bien essentiel qu’est l’énergie. Les interventions de l’entreprise à l’international doivent donc être fondées sur un souci de coopération au service des populations et non sur un expansionnisme financier, qualifié parfois de « colonialisme énergétique » par les populations locales. De plus, lorsqu’EDF intervient dans des pays en développement, elle doit porter une attention toute particulière aux conditions de prise de décision et à la réalité du processus démocratique, et par la suite aux conditions de travail et de respect de l’environnement.
Nous dénonçons les interventions d’EDF qui ne se situent pas dans un cadre coopératif à but non lucratif. C’est le cas en particulier du méga projet d’installation de 5000 éoliennes dans l’isthme de Tehuantepec, au Mexique, auquel participe une filiale d’EDF, Eólica de Oaxaca. Il s’agit de son quatrième parc éolien dans cette région. Comme vous le savez, plusieurs collectifs portent l’opposition des communautés locales qui condamnent l’appropriation à grande échelle des terres communales, pour un projet qui ne répond pas aux besoins des populations de l’isthme. Ces collectifs, en France et au Mexique, alertent sur les effets de ce mégaprojet sur l’écosystème et dénoncent un processus démocratique de façade, les conflits locaux et les violences contre les opposant·e·s qui en découlent, la privatisation des terres contraire à leur caractère communale de propriété collective. Ils ont d’ailleurs saisi la Justice, au Mexique mais en France également, pour contester cette appropriation par une entreprise étrangère de leurs « communs ».
Le collectif français Stop EDF Mexique, que SUD-Énergie a rencontré, qui relaie la parole des communautés locales et qui a accompagné en Europe une délégation, vous a d’ailleurs adressé personnellement une pétition pour vous demander le retrait d’EDF de ce projet. Antoine Chao a interviewé la délégation et le collectif sur France Inter dans son émission Le souffle de Tehuantepec.
La transition écologique, vitale pour l’avenir de tous, doit se faire sous le contrôle démocratique des populations concernées, dans leur intérêt et non au profit de multinationales de l’énergie. C’est une condition essentielle à l’acceptation des projets, en France comme au Mexique et dans le reste du monde. Ces populations, qui ont un mode de vie respectueux de l’environnement, ne doivent pas subir les frais des politiques de verdissements de ces grands groupes. Il y a bien des choses à faire en France sur ce sujet !
Dans l’espoir que vous entendrez les demandes légitimes de ces populations et que vous engagerez notre entreprise vers une voie réellement au service de l’intérêt général, nous nous tenons à votre disposition pour tout complément d’information.
Bien à vous."
Anne Debrégeas et Jérôme Schmitt,
Porte-Paroles de la Fédération des syndicats SUD-Énergie
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