mardi 17 mai 2022

c'est par là la mer

 
Comment va le monde?
 
 Les corps s'agitent
                                      mais  heureusement l'esprit veille.
 

        Ode à la pluie par temps de sécheresse?
 

Premiers lotissements ayant servi d'éclaireurs
aux tribus suivantes
des Phénix,
Bouygue
                    et diverses compagnies.

On dit que le temps fait bien les choses
...


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 illustration source: KEDISTAN

"Le noir profond de la nuit se réfugia dans la poitrine du matin. Dans l’étable, les yeux de Dappir et de Derman brisèrent l’obscurité. Ces deux regards accablés commencèrent à se ronger l’un l’autre, petit-à-petit. Derman, de ses yeux éreintés, exténués, regarda Dappir, “tu l’as étouffé… étouffé…” dit-elle. Puis elle pleura des rivières.

Les mains de Dappir sanglotaient, suaient, tremblaient, elles cherchaient où se tapir sous ses mamelles. Un lit où elles dormiraient jusqu’à l’éternité. “Il est mort-né, l’enfant” dit Dappir, en baissant les yeux. Puis elle se tut…

Dappir dissimula Derman encore deux jours, sous les tas d’herbes, dans l’étable. Elle lui apporta du lait chaud, lui cuit des mûres grasses séchées, mais, peu importe tout ce qu’elle fit, Derman ne porta rien à sa bouche. Elle but juste de l’eau, elle but comme si l’eau lavait la douleur, éteignait le feu en son for intérieur, juste de l’eau…

Memo était un homme croyant. C’était un homme qui avait fait des voeux aux immenses montagnes, prié l’eau, l’arbre, le soleil, et versé tant de larmes. “Pauvre de moi, maintenant, il faut que le maître de cette terre et du ciel me montre le chemin”.

Memo se réveilla cette nuit là trempé de sueurs. Il avait fait un rêve. Dans ce rêve, Derman était morte ! Sous un arbre saint il y avait juste Memo, et la dépouille de Derman. Comme eau, il n’y avait même pas une goutte de rosée. Sa fille était nue, et Memo la lavait de ses larmes.

Il se leva et ouvrit ses mains vers le soleil sur le point de se lever, il fit d’abord le voeux du bien pour tous, puis une place pour lui, dans un coin. Ensuite, il réunit tous ses enfants et sa femme, autour du poêle en tôle qui feuilletait en étincelles. Désormais, personne ne devrait dire à Derman un seul mot plus lourd qu’une rose. Que le dieu ne montre la douleur de la perte d’un enfant, mieux vaudrait qu’il prenne sa propre vie. Ils allaient manger sous ce toit et se débrouiller, quelle que fût leur fortune. Ils verraient ce qui était écrit sur leur front…

D’un ordre de commandement, il envoya sa femme vers Dappir. Sa fille était trop précieuse pour être proie d’un “voyou blond”, il ne l’avait pas élevée dans la pauvreté pour rien…

Dappir, mains sur la poitrine, accueillit la mère de Derman. Comme si les montagnes s’étaient écroulées et que Dappir était restée  dessous. Elle déversa toute la souffrance de ses mains sur la mère, elle raconta tout par le menu. Comment elle avait fait, elle ne comprenait pas non plus, qui voudrait bien épouser Derman avec un bâtard… C’était arrivé d’un coup, voilà, d’un coup…

Elles s’enlacèrent et, ensemble, pleurèrent des millénaires sur leur sort.

Sur ces terres, s’il y a un père derrière une femme, s’il est solide comme une montagne, inébranlable, elle ne se laisse pas abattre facilement. Elle ne devient pas caillou, poussière, fumée, elle ne se donne pas la mort. Derman rentra à la maison avec sa souffrance. Elle s’enferma sur elle-même. “Eh, ouais, non”. Elle bâtit avec ces trois mots un tombeau au plus profond d’elle, elle y tint la garde jour et nuit, elle se donna aux tâches ménagères.

Des tempêtes éclatèrent, des pluies tombèrent, les neiges de montagnes immenses fondirent, et remplirent les ruisseaux.

La mère Terre appela le printemps, avec toute ses splendeurs. Grâce à cela, Derman se ressaisit au moins un peu. Elle avait enseigné tout ce qu’elle savait, le temps ferait le reste.

Derman était une plaie devant les yeux de Dappir, une plaie qui sans cesse, avec une pierre, rossait ses mains. Cela ne pouvait continuer comme ça, ce n’était plus possible. Un matin elle se réveilla avec les coqs. Elle se jeta sur les sentiers montagnards et disparut bientôt des regards. Elle arriva, dans un hameau, allez savoir combien de villages plus loin, chez le berger Cafer, son kirve1. Il y a trois ans, Cafer avait perdu sa femme, d’une pneumonie. Elle avait laissé derrière elle quatre orphelins.

Dappir prit Cafer en face d’elle. Elle raconta Derman, et tout ce qui s’était passé: “Derman est blessée, elle est jeune, candide, si tu panses sa plaie, si tu la soignes et la guéris, elle serait pour toi une bonne épouse, un bonne belle-mère pour tes enfants. Vas donc la chercher, prends la, et sauve Derman, sauve toi, et moi-même, au nom de la confession…”

Ensuite, elle sortit de sa poche cousue sur sa ceinture, une pièce d’or, et la laissa dans les mains cornées comme de la pierre de Cafer. “C’était la pièce pour mon linceul, tu la donneras à la mère de la fille, comme son droit au lait. Allez, et que je puisse être en paix” dit-elle, et repartit vers sa maison, le tombeau de ses mains.

Ce que Cafer espérait était un oeil, Dappir lui en proposait deux. Il déferla comme une déluge, Cafer, et en un clin d’oeil fut à la porte de Memo. Il lui demanda Derman, avec la bénédiction d’Allah, comme épouse. La pièce d’or de linceul de Dappir rejoint alors les perles, au cou de la mère de Derman, telle une grande soeur.

Derman ne voulut ni henné, ni noces. Elle ne demanda ni qui est Cafer, quel genre d’homme il est, ni ne le regarda. Quelques jours plus tard, ils partirent, Cafer devant, Derman derrière, et s’évanouirent sur les sentiers de la montagne.

Cafer se comporta toujours bien envers Derman. Et, avec le temps, Derman apprécia Cafer. Elle ne revint plus jamais à son village, jusqu’à la mort de son père Memo. Pendant de longues années elle n’eut d’enfant, puis ils eurent une fille, et un garçon.

Les mains de Dappir s’étendirent sur l’herbe et les rochers. Tout le monde finit par apprendre le sang sur ces mains. Elle perdit la respectabilité, devint une autre Dappir. Pour cette Dappir là, ignorée de tous, chassée de partout, il n’y eut de place dans ce village où elle était née, avait grandit, souffert, même dans le cimetière où étaient enterrés ses proches… Alors, elle vendit tout ce qu’elle pouvait, et elle s’installa dans un village de Kuzuova.

Quand Dappir est-elle arrivée dans ce village, comment les pierres jetées l’ont poursuivies jusqu’ici, nul ne le sait. Tout ce qu’on sait, c’est que personne n’aime Dappir, désormais.
.../... " LA SUITE
 
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                       A vis à la population:
         (A la guerre comme à la guerre sur les bords de l'estuaire)
 
          Au lieu de s'escrimer à trouver chaussure à son pied
utiliser
             la botte secrète.
 
                                                     \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\|||||||||||||||||||[[[[[[[
 

 



GOUEL BREIZH (à vos souhaits!)
 

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Elle était pleine,
pleine de nuages ma lune
qu'elle envoyait
sous ses aguets,
                        paître dans le ciel
 

 
 
 La note était salée.
                                Comment faire autrement?

 


 
C'est par là, la mer.
 
       illustration: SNSM
 
 ça peut toujours servir:
 

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