Sont-ce les valeurs démocratiques qui nous rassemblent?:
"10 avril,
premier tour de l’élection présidentielle. Il est environ 18 heures.
Pour un futur article dans « l’Obs » sur le risque du vote « tout sauf
Macron », je rejoins six ou sept « gilets jaunes » qui se sont réunis
dans un café, près de la chic place de la Madeleine. Je les interviewe
pour savoir quelle est leur stratégie de vote, eux qui rêvent de sortir
le président de la République du jeu. Parmi eux, des piliers discrets du
mouvement, des livreurs, un avocat. En dehors de l’un d’eux qui
explique avoir voté blanc, ils disent tous avoir voté Jean-Luc Mélenchon
au premier tour. Ils espèrent ardemment sa victoire, pour battre ce
président sortant qu’ils détestent et combattent depuis quatre ans. On
discute du deuxième tour. En cas d’un face à face « Emmanuel
Macron/Marine Le Pen », que feront-ils ? Certains évoquent un vote
blanc, d’autres expliquent qu’ils sont prêts à voter Marine Le Pen au
nom du « tout sauf Macron ». Ils parlent, avec fièvre, je prends des
notes sur mon ordinateur. Depuis le temps qu’ils attendent cette
élection.
Il est 19h30 environ, la tablée se lève, marche quelques mètres dans la
rue. On continue d’échanger, quand soudain, des sirènes, des motos
vrombissantes, et une trentaine de policiers qui, vêtus de noirs,
casqués, nous encerclent. « Contrôle d’identité, s’il vous plaît ! » Le
petit groupe, surpris, obtempère. Certains protestent. Je présente ma
carte de presse, ce qui suffit normalement à ce qu’on vous laisse
travailler tranquille, quand on est journaliste, en tout cas dans un
contexte calme comme celui-ci, où rien ne menace apparemment l’ordre
public. On me demande une pièce d’identité, je donne mon permis.
L’opération prend du temps, une quinzaine de minutes, pendant lesquelles
je patiente. Les policiers indiquent au petit groupe qu’ils vont les
verbaliser, pour « participation à une manifestation illégale ».
Les « gilets jaunes » protestent, en colère mais pas surpris. Cette
amende est devenue leur réalité banale, sous ce quinquennat. Et ce
quartier de la Madeleine, où ils viennent de prendre un verre, n’est pas
loin de l’Elysée, ni même du QG d’Emmanuel Macron.
L’heure du 20-heures approche. Les résultats vont tomber, alors même que
nous sommes encore nassés. La situation est ubuesque. Les premiers
chiffres officieux circulent. En attendant la fin des vérifications
d’identité, chacun regarde son portable, commente, en attendant que la
police rende les papiers. Un policier me demande mon adresse, que je
donne, tout en m’étonnant. Normalement, encore une fois, on montre sa
carte de presse, et cela suffit. Je lui pose la question : « Mais pourquoi me demandez-vous mon adresse ? » « Pour vous verbaliser », me répond-il tranquillement, en pianotant sur sa machine. « Me verbaliser ? » Je pense qu’il se trompe : « Mais
verbaliser de quoi ? Je suis journaliste, envoyée en reportage par ma
rédaction, “l’Obs”, un magazine d’information national ! Vous avez vu ma
carte de presse et vérifié mon identité ! » Il précise : « Verbalisation pour participation à une manifestation illégale. » Je m’étrangle. « Mais je ne manifeste pas ! Je travaille ! » Et je répète, croyant encore à un malentendu : « Je suis envoyée par ma rédaction, pour interviewer ces personnes sur leur vote ! »
Le policier continue ostensiblement à noter mon adresse, à laquelle il
compte manifestement envoyer cette amende de 135 euros. Je m’énerve, lui
reprends vivement mon permis de conduire des mains : « Je refuse que vous me verbalisiez ! C’est un abus de pouvoir ! »« Mettez-la à l’écart ! » Je
suis bousculée par les policiers, qui me plaquent contre le mur, l’un
d’eux me maintient par le bras, durement. Une policière me demande de
lui rendre mon permis de conduire, je refuse. « Vous avez déjà mon identité, je suis journaliste, vous n’avez pas à me verbaliser ! » Elle me menace de m’envoyer au poste. Le policier qui me presse le bras : « C’est moi qui vous ai verbalisée, si vous n’êtes pas contente, déposez plainte auprès de l’IGPN ! » Finalement, la policière abandonne l’idée de m’envoyer au poste, je suis ramenée dans la nasse, avec les autres.
Il est 20 heures passées. D’un coup, les policiers s’évaporent. Les
résultats sont tombés. Emmanuel Macron en tête du premier tour, Marine
Le Pen, en second, Jean-Luc Mélenchon juste derrière. « Une catastrophe »,
souffle un des « gilets jaunes ». Ils se séparent, doublement lestés
par la défaite de leur candidat face à leur ennemi juré, qui, ultime
pied de nez, a envoyé la police les verbaliser. Les verbaliser, eux,
mais moi aussi, donc. Verbalisée, un soir de premier tour d’élection,
parce que je faisais mon métier de journaliste."
"Votre gorge est serrée ? Vous ressentez des nausées, un poids sur la
poitrine, une perte de sens de l’orientation, ou un goût amer dans la
bouche ? Contre tous ces maux, et tous les autres, un seul remède : Le Grand Soulagement.
Une méthode simple, efficace et pratique. Des objectifs clairs, à
atteindre par étapes, grâce à une série de petits gestes précis à
accomplir au quotidien. Dès les premiers résultats obtenus, vous pourrez
développer votre méthode autonome en inventant vos propres gestes
apaisants. Bientôt, grâce au Grand Soulagement, vos tourments ne seront plus qu’un mauvais souvenir.
Les affiches du Grand Soulagement sont apparues en avril 2021 sur les
murs de différentes villes en France. Il est instigué par Quentin
Faucompré et Cyril Pedrosa." SOURCE
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