"puis
puis vint la mer, la mer qui n’était pas la terre de mes appels, la
mer non pas pour que j’y élise domicile mais afin que je m’y
perde, la mer non pas mon étonnement et ma joie mais ma
fragilité, ma fragile fragilité, la mer devant moi, autour de moi,
devant, derrière, à droite, à gauche, au-dessus, oui, la mer était
aussi au-dessus de moi, en moi aussi, entrant par la bouche, les
narines, les yeux, les oreilles, chacun des pores de ma peau, par
chacune de mes pensées d’alors
la mer et mon reflet brisé par elle, et mon monde morcelé,
noyé dans son écume, la mer qui n’était pas pour moi, nulle
mer n’est pour celui qui n’a pas de terre ferme
et j’étais une pierre, une pierre qui réclamait la mer pour ses
obscurités, une pierre que sollicitait le monde afin que le
monde m’oublie" [...]
puis vint la mer, la mer qui n’était pas la terre de mes appels, la
mer non pas pour que j’y élise domicile mais afin que je m’y
perde, la mer non pas mon étonnement et ma joie mais ma
fragilité, ma fragile fragilité, la mer devant moi, autour de moi,
devant, derrière, à droite, à gauche, au-dessus, oui, la mer était
aussi au-dessus de moi, en moi aussi, entrant par la bouche, les
narines, les yeux, les oreilles, chacun des pores de ma peau, par
chacune de mes pensées d’alors
la mer et mon reflet brisé par elle, et mon monde morcelé,
noyé dans son écume, la mer qui n’était pas pour moi, nulle
mer n’est pour celui qui n’a pas de terre ferme
et j’étais une pierre, une pierre qui réclamait la mer pour ses
obscurités, une pierre que sollicitait le monde afin que le
monde m’oublie" [...]
Rémi Checchetto-extrait de: "Laissez moi seul"
" Une fois terminées ces pages, une fois
l'ouvrage achevé, alors qu'on le ferme,
que les pages soupirent, entendre encore
longtemps le bruissement de l'air,
une respiration qui ne nous quitte pas,
qui fait un peu de notre respiration,
cela alimente aussi le petit peu de braise
qu'on conserve pas plus gros qu'une rose,
juste fait pour notre éternité et celle de quelques uns."
Rémi Checchetto extrait de: "Puisement"
Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains réunies :
Le caillou, l'herbe sèche,
L'insecte qui vivra,
Pour leur parler un peu,
Pour donner amitié
À soi-même, à cela
Qu'on avait dans les paumes,
Que l'on voulait garder
Pour s'en aller ensemble
Dans ses mains réunies :
Le caillou, l'herbe sèche,
L'insecte qui vivra,
Pour leur parler un peu,
Pour donner amitié
À soi-même, à cela
Qu'on avait dans les paumes,
Que l'on voulait garder
Pour s'en aller ensemble
Au long de ce moment
Qui n'en finissait pas.
Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains rassemblées
Pour ajouter un poids
De confiance et d'appel,
Pour jurer sous le ciel
Que se perdre est facile.
Tout ce qu'on a tenu :
L'eau fraîche dans les mains,
Le sable, des pétales,
La feuille, une autre main,
Ce qui pesait longtemps,
Qui ne pouvait peser,
Le rayon de lumière,
La puissance du vent,
On aura tout tenu
Dans les mains rapprochées."
Qui n'en finissait pas.
Tout ce qu'on a tenu
Dans ses mains rassemblées
Pour ajouter un poids
De confiance et d'appel,
Pour jurer sous le ciel
Que se perdre est facile.
Tout ce qu'on a tenu :
L'eau fraîche dans les mains,
Le sable, des pétales,
La feuille, une autre main,
Ce qui pesait longtemps,
Qui ne pouvait peser,
Le rayon de lumière,
La puissance du vent,
On aura tout tenu
Dans les mains rapprochées."
Eugène Guillevic extrait de: "Sphère-Carnac"
"Je veux entrer
Mais je ne sais
Ni où ni dans quoi.
Il semblerait que ce soit là
Où je me confondrais
Avec la source de ce
Dont j'ai toujours eu besoin. "
Eugène Guillevic extrait de: "Possibles futurs"
Auguste Comte
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