"Qui prend encore le temps de lire ? Comment résister autrement à la
mondialisation et aux idées dévotes et fanatiques ? Comment conserver
notre force intérieure, tous les combats menés par Voltaire, les
Lumières, tant d'autres, sans lire ? Pourquoi les français ont-ils si
peur et se replient-ils sur eux-mêmes ? Ils n'entraînent plus le muscle
de l'esprit. Ils ne lisent plus. Ils ne réfléchissent plus. J'ai des
amis qui me disent : "Je vais en Chine, j'emporte ma tablette, je vais
lire Voltaire dans l'avion." Mais dans l'avion, ils ont regardé le film
et relu leurs mails. Étonnez-vous après qu'il y ait du fanatisme dans
l'air. L'ignorance croissante, l'éradication de l'histoire à l'école,
l'illettrisme galopant, la misère de la philosophie, il faudrait
remédier à tout cela. On parle de service civique, de réapprendre à
lire, il serait temps ! Pire, même les gens qui lisent un peu, qui ont
lu ou qui savaient lire, oublient ce qu'ils ont lu. Et la plupart de
ceux qui lisent encore ne lisent que des yeux, alors qu'il faudrait,
vous savez, lire chaque matin un extrait des correspondances de
Voltaire, un crayon à la main !"
Philippe Sollers
" On sait quand ça commence
Pas quand ça finira
On sait qu'on a la chance
Terrible d'être là
Malgré ce que l'on pense
De tout ce que l'on voit
Même si donner un sens
À tout ne se peut pas
On apprend la souffrance
On livre des combats
Qui sont perdus d'avance
Et qui n'apportent pas
D'issue, de délivrance
On fait n'importe quoi
On a peur du silence
On hurle dans les bois
Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos danses
Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos choix
Et vient la récompense
Quand on ne l'attend pas
Comme vient la pénitence
Quand on tendait les bras
On croit que l'on avance
En reculant d'un pas
On donne de l'importance
À ce qui n'en a pas
Butins et indulgences
Qu'on porte à bout de bras
Énergie qu'on dépense
Que rien ne nous rendra
Oh stupide innocence
Oh fol… et cætera
Cependant que s'avance
Le jour… et cætera
Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos danses
Oh iro, oh iro
Oh ironie de nos choix"
Philippe Djian
"Mon passe-temps favori c’est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps.
"
Françoise Sagan
« Contrairement aux apparences, je suis plutôt un homme sauvage, fleurs,
papillons, arbres, îles. Ma vie est dans les marais, les vignes, les
vagues. Qu’importe ici qui dit je. Écrire à la main, nager dans l’encre
bleue, voir le liquide s’écouler sont des expériences fondamentales. Je
vis à la limite d’une réserve d’oiseaux, mouettes rieuses, goélands,
faucons, sternes, bécasseaux, canards colverts, hérons. Ah être un
oiseau ! Dans la maison, tous les matins, je laisse Richter jouer Haydn,
on pourrait l’écouter sans cesse, ré mineur, concert public de Mantoue,
notes vives et détachées, j’aime le futur immédiat, je ne crains pas la
répétition, jeu enfantin, cercle qui ne va nulle part, on écrit
toujours pour une voix disait Beckett, pas de voix, pas de notes ni de
mots. Le bonheur est possible. Je répète. Le bonheur est possible. »
Philippe Sollers extrait de: "Agent secret" Editions: Mercure de France
"Si vous pensez qu'un paysage n'a pas de langue, c'est que vous n'avez pas su l'écouter."
Philippe Sollers
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