"Ici, dit la raison
c’est peut-être encore la mer,
la vie puissante
sa tendre indifférence.
Passer est le lot le plus simple.
Passer
et cependant rendre les armes
" C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses
bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la
valise. Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul à savoir
qu’il s’appelle ainsi car tous ceux qui le savaient sont morts autour de
lui.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses
ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort. Le
pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde
disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle
et le chahute comme une marionnette.
Le voyage dure longtemps. Des jours et des jours. Et tout ce temps, le
vieil homme le passe à l’arrière du bateau, les yeux dans le sillage
blanc qui finit par s’unir au ciel, à fouiller le lointain pour y
chercher encore les rivages anéantis.
Quand on veut le faire entrer dans sa cabine, il se laisse guider sans
rien dire, mais on le retrouve un peu plus tard, sur le pont arrière,
une main tenant le bastingage, l’autre serrant l’enfant, la petite
valise de cuir bouilli posée à ses pieds.
Une sangle entoure la valise afin qu’elle ne puisse pas s’ouvrir, comme
si à l’intérieur se trouvaient des biens précieux. En vérité, elle ne
contient que des vêtements usagés, une photographie que la lumière du
soleil a presque entièrement effacée, et un sac de toile dans lequel le
vieil homme a glissé une poignée de terre. C’est là tout ce qu’il a pu
emporter. Et l’enfant bien sûr.
L’enfant est sage. C’est une fille. Elle avait six semaines lorsque
Monsieur Linh est monté à bord avec un nombre infini d’autres gens
semblables à lui, des hommes et des femmes qui ont tout perdu, que l’on a
regroupés à la hâte et qui se sont laissé faire.
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Découvert chez: KUB
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Écrire pour ne pas mourir
"Que je sois née d'hier ou d'avant le déluge
J'ai souvent l'impression de tout recommencer
Que j'aie pris ma revanche ou bien trouvé refuge
Dans mes chansons, toujours, j'ai voulu exister
Que vous sachiez de moi ce que j'en veux bien dire
Que vous soyez fidèles ou bien simple passant
Et que nous en soyons juste au premier sourire
Sachez ce qui, pour moi, est le plus important
Oui le plus important
Écrire pour ne pas mourir
Écrire, sagesse ou délire
Écrire pour tenter de dire
Dire tout ce qui m'a blessée
Dire tout ce qui m'a sauvée
Écrire et me débarrasser
Écrire pour ne pas sombrer
Écrire, au lieu de tournoyer
Écrire et ne jamais pleurer
Rien que des larmes de stylo
Qui viennent se changer en mots
Pour me tenir le cœur au chaud
Que je vive cent ans ou bien quelques décades
Je ne supporte pas de voir le temps passer
On arpente sa vie au pas de promenade
Et puis on s'aperçoit qu'il faudra se presser
Que vous soyez tranquille ou plein d'inquiétude
Ce que je vais vous dire, vous le comprendrez
En mettant bout à bout toutes nos solitudes
On pourrait se sentir un peu moins effrayé
Un peu moins effrayé
Écrire pour ne pas mourir
Écrire, tendresse ou plaisir
Écrire pour tenter de dire
Dire tout ce que j'ai compris
Dire l'amour et le mépris
Écrire, me sauver de l'oubli
Écrire pour tout raconter
Écrire au lieu de regretter
Écrire et ne rien oublier
Et même inventer quelques rêves
De ceux qui empêchent qu'on crève
Quand l'écriture, un jour, s'achève
Qu'on m'écoute en passant, d'une oreille distraite
Ou qu'on ait l'impression de trop me ressembler
Je voudrais que ces mots qui me sont une fête
On n' se dépêche pas d'aller les oublier
Et que vous soyez critique ou plein de bienveillance
Je ne recherche pas toujours ce qui vous plaît
Quand je soigne mes mots, c'est à moi que je pense
Je veux me regarder sans honte et sans regrets
Sans honte et sans regrets
Écrire pour ne pas mourir
Écrire, grimace et sourire
Écrire et ne pas me dédire
Dire ce que je n'ai su faire
Dire pour ne pas me défaire
Écrire, habiller ma colère
Écrire pour être égoïste
Écrire ce qui me résiste
Écrire et ne pas vivre triste
Et me dissoudre dans les mots
Qu'ils soient ma joie et mon repos
Écrire et pas me foutre à l'eau
Et me dissoudre dans les mots
Qu'ils soient ma joie et mon repos
Écrire et pas me foutre à l'eau
Écrire pour ne pas mourir
Comme c'est beau !
RépondreSupprimerMerci...
Merci beaucoup...
SupprimerBelle journée à vous
:-)