jeudi 8 octobre 2020

mais pour autant, j'apprends

 

"C'est dans le regard de l'autre
que l'on devient soi."
Abd al Malik

 

 Je n'ai pas de portable et ne m'en sens
pourtant ni fier ni coupable,
ni AÏE!  Phone
même si parfois je détonne
un peu
au milieu de gens
si pressés de répondre
à des onomatopées sonores
ou rivés sur leur écran.

mais pour autant, j'apprends...

"Né sans intérêt,
D’un pouce baladeur
Et du clavier tapageur,
D’un mobile à clapet.
Je suis un mode d’expression,
Un mode de pression,
De façon répétée,
Sur des touches usées.

Ne me cherchez pas sur Mentor,
Ou même aux abords,
Je n’ai rien d’officiel,
Plutôt superficiel.
Pour l’éducation nationale,
Je suis une déformation anormale,
Une compression de mot,
Que l’on nomme texto.

Tantôt virus,
Cheval de Troie invictus,
J’infecte le quatrain,
Je bafoue l’alexandrin,
Et ampute son pied,
En un texte abrégé,
Sorte d’ergot,
Comme de l’argot.

Tantôt rictus,
Deux points sur parenthèse ou plus,
Mélange de symboles
Que l’on prononce LOL.
Je suis sibyllin,
Pour les puritains,
D’un français littéraire,
Issu d’un autre millénaire.

Plus remue ménage
Que remue méninges,
Je m’écris en phonétique
Façon tecktonik.
Avec moi, pas de galère,
Je zappe la grammaire.
Et de l’orthographe,
Je suis l’épitaphe.

Pour certain aberration,
Pour d’autre évolution,
Je suis la variante,
D’une langue vivante,
Résidu de langue maternelle,
Réduite à l’essentiel.
J’escagasse le Français,
Jusqu’à l’abstrait.

Je sais que j’exagère,
Sur texto ou messenger,
Que je ne respecte rien,
Au grand dam des académiciens.
Pourtant je rêve de mots,
Qui vont crescendo,
Jusqu’à l’extase,
Pour enfin devenir phrase.

Je suis un SMS,
Fait de mots en détresse,
Jetés sur un écran,
Pour les rendre plus scintillants.
Moyen de communication,
Des nouvelles générations,
Pour qui encre et papier,
Font partie du passé."

Fred de Mai "SOS d'un SMS en détresse"-SOURCE



"je rêve
d'habiter la nudité
des mots
pour enseigner aux bruits
la grammaire
du silence" Edgard Dauphin extrait de: "Gravie d'Ombre"


                                                       \\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\\################


"Tu laisse ta vie voyager
et la mer jamais ne s'est tarie
le pays jamais ne s'est découragé.
Sa musique remplit ta page de sable,
ses odeurs aiment les ruptures
que tu imposes

De ta maison il ne reste
que quelques branches éparses"
Christine Saint-Geours Jour de pluie sur la dune -"Dune"
 
  |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||{{{{ 
 

 

"bon bon il est un pays
où l’oubli où pèse l’oubli
doucement sur les mondes innommés
là la tête on la tait la tête est muette
et on sait non on ne sait rien
le chant des bouches mortes meurt
sur la grève il a fait le voyage
il n’y a rien à pleurer

ma solitude je la connais allez je la connais mal
j’ai le temps c’est ce que je me dis j’ai le temps
mais quel temps os affamé le temps du chien
du ciel pâlissant sans cesse mon grain de ciel
du rayon qui grimpe ocellé tremblant
des microns des années ténèbres

Vous voulez que j’aille d’A à B je ne peux pas
je ne peux pas sortir je suis dans un pays sans traces
oui oui c’est une belle chose que vous avez là une bien belle chose
qu’est-ce que c’est ne me posez plus de questions
spirale poussière d’instants qu’est-ce que c’est le même
le calme l’amour la haine le calme le calme."

Samuel Beckett
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...