"Au cours de l'automne 1939, nous retournâmes à Paris, et, vers le 20 mai de l'année suivante, nous étions de nouveau près de la mer, cette fois sur la côte ouest de la France, à Saint-Nazaire. Là, un dernier petit jardin nous entoura, tandis que toi et moi, et notre enfant, maintenant âgé de six ans, entre nous deux, le traversions en nous rendant aux docks, où derrière les bâtiments qui nous faisaient face, le paquebot Champlain nous attendait pour nous emmener à New York.
[...]
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Là, devant nous, à l'endroit où une rangée interrompue de maisons se dressait entre nous et le port, et où l'oeil rencontrait toute sortes de camouflages, tels que du linge de corps bleu pâle et rose dansant le cakewalk sur une corde à linge, ou une bicyclette de dame voisinant bizarrement avec un chat rayé sur un rudimentaire balcon de fer coulé, quelle profonde satisfaction ce fut de distinguer, parmi le brouillamini angulaire des toits et des murs, une superbe cheminée de tableau, se laissant voir derrière la corde à linge comme ce que, dans une image devinette-Trouvez ce que le marin a caché-, on ne peut plus ne pas voir une fois qu'on l'a vu."
Vladimir Nabokov extrait de: "Autres rivages" traduction: Yvonne Davet-Editions Gallimard
"Je veux dédier ce poème
A toutes les femmes qu'on aime
Pendant quelques instants secrets
A celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais
A celle qu'on voit apparaître
Une seconde à sa fenêtre
Et qui, preste, s'évanouit
Mais dont la svelte silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui
A la compagne de voyage
Dont les yeux, charmant paysage
Font paraître court le chemin
Qu'on est seul, peut-être, à comprendre
Et qu'on laisse pourtant descendre
Sans avoir effleuré la main
A celles qui sont déjà prises
Et qui, vivant des heures grises
Près d'un être trop différent
Vous ont, inutile folie,
Laissé voir la mélancolie
D'un avenir désespérant
Chères images aperçues
Espérances d'un jour déçues
Vous serez dans l'oubli demain
Pour peu que le bonheur survienne
Il est rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin
Mais si l'on a manqué sa vie
On songe avec un peu d'envie
A tous ces bonheurs entrevus
Aux baisers qu'on n'osa pas prendre
Aux coeurs qui doivent vous attendre
Aux yeux qu'on n'a jamais revus
Alors, aux soirs de lassitude
Tout en peuplant sa solitude
Des fantômes du souvenir
On pleure les lèvres absentes
De toutes ces belles passantes
Que l'on n'a pas su retenir"
Georges Brassens -source: Frédéric Corvest
Niki de St Phalle dans "Retour aux docks"
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Lu dans Marianne n°1198
-cqfd- pour les pas "oeil de lynx" on clique sur l'article
Deux très belles chansons. J'emporte celle de Louis Chedid sur mon blog (sourire).
RépondreSupprimerBelle fin de journée, Jean-Jacques.
les notes de musique volent
Supprimeret les chansons nous pénètrent.
un virus sympathique en quelque sorte
:-)