samedi 5 janvier 2019

on fait comme ça


"Nous étions frères un jour et les choses ont changé, c’est vrai. Il est parti. Dix-huit mois à l’autre bout de la terre, éprouver son corps et sa tête dans les champs de bananes d’Océanie où l’on se lève à l’aube ; éprouver le reste sur les plages asiatiques où l’on goûte au bonheur de synthèse et aux espaces infinis que les eaux couvent la nuit. Où l’on se lève à l’aube.
Et si nous avons pleuré ensemble ce jour de septembre où nous nous sommes quittés c’est qu’on savait que l’infinie tendresse, la mémoire et le téléphone mobile sont peu de choses contre la distance — que tout allait changer. Il est parti. C’est qu’il se lève à l’aube.
Faut bien s’arracher. D’abord il y a l’âge libre avant la vie domestique qu’on attend tous comme une sentence absurde et nécessaire. Et puis ces chimères à fuir, qu’on croit laisser aux portes des avions long-courriers. Enfin, la peur de s’engraisser ici, que le confort nous abêtisse. Il est parti ! C’est qu’il se lève à l’aube.

Dans nos longues nuits blanches, qui s’en allaient mourir dans le cendrier, on a beaucoup rêvé et attendu que les choses adviennent, comme par enchantement. Des lendemains de ces soirs grisés il me souvient surtout l’odeur amère du tabac froid, la torpeur qu’engendrait le shit qu’on fume, l’impuissance et l’orgueil. Il faut choisir, la vie est ailleurs ! Voilà ce qu’on se disait. Il est parti. C’est qu’il se lève à l’aube.
Avant son départ il était déjà moins bavard que lorsque je l’ai connu, huit ans plus tôt. C’est qu’il n’y a pas d’âge pour avoir de vieux démons. Les siens lui parlaient, je crois, de filiation et d’arbre généalogique. A celui-là aussi on coupe les branches qui font ombrage et les feuilles y meurent à l’automne. Alors j’ai compris ses silences et je les partageais. Je me suis aussi dit que j’étais sans doute moi-même moins fougueux, moins dispendieux qu’en notre prime adolescence. Lors on découvrait, comme tout le monde, le péril de toute véritable entreprise de séduction et la saveur des lèvres maladroites et conquises. On apprenait aussi par cœur les mystères âpres et charnus du con féminin qu’on touche d’abord avec les doigts. Et surtout — surtout ! — l’insolent et naïf sentiment de liberté, les poumons amples, quand on prend la route du voyage pour la première fois ! Il est parti. C’est qu’il se lève à l’aube."

Feu Chatterton





JUSTE UN RÊVE

"Souvent je fais un rêve:
nos dirigeants défendent l'intérêt général;
les magistrats sont justes;
les médecins sont humanistes;
les infirmières soignent et rassurent;
les enseignants instruisent;
les parents éduquent;
les pompiers secourent;
la police sécurise;
Paule emploie;
les agriculteurs vivent décemment de leur métier;
les vaches broutent dans de verts pâturages;
la grande distribution justement redistribue;
le con-sommateur est acteur;
santé et maternité sont accessibles sur tous les territoires;
la pharmacie n'est pas un commerce comme les autres;
la mort n'est pas un business;
les assureurs assurent les personnes et les biens;
les banquiers gèrent des capitaux;
les moniteurs d'auto-école apprennent à conduire;
les postiers distribuent le courrier;
les trains sont à l'heure;
les buralistes vendent du tabac et des journaux;
les artisans sont plombiers, peintres, chauffagistes, électriciens ou coiffeurs;
les chauffeurs de taxi ne s'appellent pas Hubert qui signifie "intelligent et brillant";
internet épargne la paperasse et nos forêts;
les chaînes d'info, les polémistes et les plates-formes téléphoniques n'existent pas;
et le Père-Noël est une femme"
Joelle B-Escot
Courrier des lecteurs de Marianne n°1136/37



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Si j'étais parisien jusqu'à demain
j'aimerais bien
visiter le musée des Arts Forains 

Mais pourquoi jusqu'à demain?
.../...
 

 « Le rire et la fête n’avaient pas de musée alors qu’il y a de nombreux musées qui montrent la guerre. J’ai créé un monde de rêve qui ne serait rien sans le public qui le fait vivre. "
Jean Paul Favand








Le Musée des Arts Forains




                  
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 se faire rouler
c'est tout un métier
 même
une profession








 Samedi au lit
Holla!
Jusqu'ici tout va bien
et le temps
prends le sien
au prématuré matin.
dans son bol de thé
au lait
Holé!









je lie beaucoup

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