mercredi 7 novembre 2018

la mer n'a pas cessé de descendre


"La poésie est un cadeau de la nature, une grâce, pas un travail. La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer."

                                            "J'écris pour me parcourir "


"Sur la toile blanche du Monde,
il va faire quelque chose.
il est décidé.

Pour le moment,

il marche,

quoique indubitablement oiseau et fait pour voler
Mais le vol n’est pas à l’horizon,

pas pour lui.
Sur sa droite,

en l’air,

un insecte à deux paires d’ailes

l’asticote d’idées d’ascension.
Vraiment ?

Est-ce qu’une petite sauterelle,

ses leçons de vol pourraient profiter à une outarde ?
Non.
Aussi ne tourne-t-on pas la tête.
On va plutôt prendre conseil d’un arbre

(plus réaliste un arbre, plus à l’essentiel,

à tenir d’abord,

à s’enraciner) d’un arbre, pour qui,

sucer la terre et le dur gravier,

c’est déjà la vie en rose."


                                                            Henri Michaux 








INFOS

                             



"L'océan lui aussi
écrit et ne cesse d'écrire.

A chaque marée
Il écrit sur le sable.

Il écrit tous les jours,
Toujours la même chose.

C'est sans doute
Ce qu'il doit se dire,

La même chose et pourtant
Qui s'en fatigue ?

Ne le jalouse pas :
C'est l'océan." 


                                  "Est-ce que l'océan
Dans ses profondeurs

Possède autant de silence
Que j'en ai en moi ?

Sinon, est-ce
Pour se libérer de son bruit

Qu'il vient sur nos côtes
Faire tout ce tapage

Ravager ce qu'il peut
Pour enfin s'affaler

Comme sur un lit
Fait de douceur ?


Du silence "    - Guillevic-


                

 « L’essentiel ce n’est pas que tel homme s’exprime et tel autre entende, mais que, personne en particulier ne parlant et personne en particulier n’écoutant, il y ait cependant de la parole et comme une promesse indéfinie de communiquer, garantie par la va-et-vient incessant de mots solitaires."
Maurice Blanchot 


 

« La dame m’a dit : « vous souffrez d’amnésie ».
Je n’ai pas osé lui répondre que c’était une perte de mémoire au niveau du cœur; c’est vrai, comme un automate, sans y penser il bat, bêtement il continue, alors que juste, c’est vrai, j’ai oublié pourquoi et puis aussi pour qui. Non, je crois que j’ai pris ma gomme, celle que l’on malaxe et perfore sans s’apercevoir de ce que l’on fait, et puis j’ai gommé des visages et des mots aussi. J’ai effacé des pans et une autre réalité s’est fait jour. Je crois bien que j’ai craché un peu dessus parce qu’il fallait lisser tout ça. L’amnésie c’est trop de mémoire que l’on enferme parce que, simplement, ça fait mal. C’est la douleur qui veut ça. Le cœur lui, il s’en fout, il veut juste battre.
A la dame, je lui ai répondu : « C’est la vie. » Elle a marmonné un petit son, noté dans son cahier quelques impressions (fausses) et m’a dit que je pouvais retourner dehors. »

L’éclat, A. Elieva





 Masculin Féminin (1966) dir. Jean-Luc Godard



Robert  Frank

Du jardin iodé
biglant entre les branches
les monstres de Loire Ness
tricotant
détricotant l'estuaire
de jour comme de nuit
passerelle ininterrompue
entre les hommes et leurs manières de consuméristes
leurs façons de faire
et de défaire
le paysage
et ses otages
de passage,
seulement de passage
un 15 novembre 2003
 

 
"La mer n’a pas cessé de descendre
Après le goût du sel, goût de cendre
La mer n’a pas cessé de descendre
Après le feu de joie, c’est la cendre
Et le vent n’a pas cessé de gémir
La pluie de tomber, le bois de pourrir
Non, le vent n’a pas cessé de gémir
Au lieu de se taire, de s’endormir

Alors le mal n’a pas cessé de grandir
La pluie de chanter, le ciel de rire
J’avais ton cœur à portée de la main
Toujours le même par le même chemin
Et ton visage sur l’horizon
Toujours le même à vouloir avoir raison
Toujours le même à vouloir avoir raison
Oui, le même à vouloir avoir raison

La mer n’a pas cessé de descendre
Les yeux de pleurer, les bras de se tendre


Non, la mer n’a pas cessé de descendre
Il faut de l’eau pour éteindre la cendre
Et le vent n’a pas cessé de gémir
Dans la gorge de celui qui va mourir
Non, le vent n’a pas cessé de me dire
Y a plus rien dans le filet que tu tires

Alors le mal n’a pas cessé de grandir
Le jour de tomber, le ciel de noircir
Maintenant y a trop d’eau, on ne peut plus revenir
La mer me pousse, la mer me tire
Oui, y a trop d’eau entre nous
L’eau des larmes du collier de ton cou
L’eau des larmes du collier de ton cou
L’eau des larmes du collier de ton cou

La mer n’a pas cessé de descendre
Après le goût du sel, goût de cendre
Elle est si loin qu’on ne peut plus l’entendre
Et je commence aujourd’hui à comprendre
Elle est si loin qu’on ne peut plus l’atteindre
Et tes yeux sur mes yeux vont déteindre
Et tes yeux sur mes yeux vont déteindre"  Gérard Manset
 
 

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