lundi 21 mai 2018

...que personne ne lui pose


"Jeunes feuillages, promesses des fruits, aubes encore fraîches.
Printemps, joli mois de mai, printemps de la vie qui vous jette hors d'haleine sur les chemins.
On pourrait en jouir comme un animal de sa course puis de son repos dans l'ombre, au pied d'un arbre.
On pourrait marcher sans arrière-pensées, sans autre projet que de mettre un pied devant l'autre, sans souci du lendemain, sans attaches.
Pourtant, on a pris un carnet qui sera bientôt gondolé, taché de sueur, et un crayon.
Le soir, au gîte, chaussures ôtées, pieds posés sur le froid du carrelage où ils dessinent une marque humide, on écrira, on tentera de fixer quelques infimes événements du jour, on figera une pensée, un état d'âme.
Parfois même, sur le motif, on cessera de marcher pour griffonner quelques lignes, capter, manquer quelque chose du tremblement de l'instant.
et ces pages donneront parfois un livre, écrit comme on noue un mouchoir pour se rappeler quelque chose d'important, mais qui ne devait pas l'être tant que cela, sinon bien sûr, on ne risquerait pas pas d'oublier.
Ecrit comme on prend une photo qu'on laissera dans une boite ou bien dans un album et qu'on retrouvera des années plus tard, un dimanche après-midi d'hiver.
Il arrivera qu'on ne sache plus qui figure sur la photo, quand on l'a faite et où.
il arrive aussi qu'on se perde soi-même et que les clichés, les mouchoirs, les récits de voyage vous soient petits cailloux blancs dans la forêt où les chemins se nouent.
Donc, on écrit pour se retrouver.
Commenter les gestes de l'amour redouble le plaisir.
Parler du goût du vin, de sa couleur, de ses arômes et même, presque indicible, de la sensation qu'il a laissée sur la surface de la langue et dans toute l'intimité de la bouche, attise la jouissance.
Se remémorer le chemin suffit à vous mettre des fourmis dans les jambes.
On écrit donc pour revivre la sensation enfuie.
On écrit par regret du plaisir éteint, pas tant dans l'espoir de le ranimer que pour réveiller la douce douleur du jamais plus.
On écrit par nostalgie, ce sentiment moqué par les contemporains, mais qui,pourtant,  est bien le rapport au  temps le plus humain qui soit.
Ce qui a été n'est plus, mais rien ni personne ne peut faire que cela n'ait pas été et ne subsiste, sur le mode d'un écho assourdi, audible pour soi seul.
Pourquoi ne serait-il pas permis de trouver à hier un goût plus suave qu'à ce soir?"
Thierry Guidet extrait de: "Il était une fois un pays rêvé"

Boussole:
Sous la Halle sud, la déplacée en bord de Loire
ouverte à tous les vents de l'estuaire,
ce lundi matin férié mais travaillé ailleurs pour sans doutes plus de discrétion dans l'illusion,
mais je m'égare...
trouvé au vide grenier en l'île du du Petit Maroc un bouquin " le canal à pied de Nantes à Brest"
et en préambule
l'extrait ci-dessus publié.


Gomme un jeu.
Imagine:
Tu faisais quoi le 21 mai 2008-
1998, 1988
Tu pensais quoi
le 21 mai 1978, 1968...
tu rêvais quoi
le 21 mai 
1958?

"Tant d'années sont tombées en poudre sur les chemins.
Combien fidèle cependant la mémoire qui enfouit les images dans les couches du coeur où ne peut atteindre le temps."
Jean-Paul Hameury


"La vraie vie n’existe pas,
l’autre, la pas vraie,
aux soirs d’hirondelles mentales,
suffit."

Paol Keineg 

 





"L'homme qui est vraiment silencieux,
à la fois intérieurement et extérieurement,
est ouvert au vide.
Il ne ressent pas le besoin tyrannique d'être quelqu'un."
Thomas Merton


              illustration source: Toile
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pour fêter gentiment, aimablement
et certainement
en flânant: la  (nouvelle) digue du cru.

INFOS







"L'histoire ressemble à un sourd qui répondrait à des questions que personne ne lui pose."
Léon Tolstoï

2 commentaires:

  1. La mer dit les rivages, les vagues dessinent des virages, tout a un âge jamais un prix.

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