jeudi 29 mars 2018

demain est passager



Pour qu'il reste
Pour ce qu'il en reste
caduc et dérisoire.

On n'attache pas la liberté qui s'affranchit,
 s'émancipe.
Question d'impertinence sans doute et la clé ne sert plus
à comprendre,
puisqu'il ne s'agit plus d'ouvrir, de fermer, de conserver, ni de figer l'instant aux ordres
d'un bon vouloir.
Il est "juste" question de s'échapper en laissant derrière soi l'arrogance de sa fuite et du salut tant espéré.

Qui sait?
Peut-être que l'on reviendra
 différent, forcément différent
ou jamais...
et le rythme des circonstances ne nous aura pas attendu
pour jouer sa propre partition.

Comme le temps est désinvolte,
penses-tu.
Demain est passager.

C'est la condition
Non? 

 
"Enterre, enterre-moi, vent!
Mes préférés ne sont pas venus,
au dessus de moi erre le soir
et aussi le souffle de la terre douce.

J'étais, comme toi, libre,
mais j'avais trop le désir de vivre,
tu vois, vent, mon corps refroidi,
et personne ne croisera mes bras.

Cache cette blessure noire
sous les ténèbres du soir
et ordonne à la brume bleue
de dire pour moi des psaumes.

Afin que, solitaire, je trouve
sans trop de peine le dernier sommeil,
que me parlent les hautes herbes
du printemps, de mon printemps."
Anna Akhmatova



"C'était cela la vie, c'était cela l'épreuve, c'était cela le but des chercheurs d'aventures,
c'était cela le but final de l'art:
retrouver les siens, rentrer chez soi,
recommencer sa vie."
Boris Pasternak 



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" L'exil est dans la distance
qui préfigure tout voyage
Nous nous cherchons sous d'autres latitudes
Le jour est plein d'oiseaux
Dans cette lumière rare
se dissipent des fragments de nuit
Nous donnons lieux et dates à nos vies inaccomplies
un cercle noir pour visage notre mort attend assise sur une pierre sans témoin."
Amina Saïd 

 
          "L'exil est une espèce de longue insomnie."
       
           "L'exil c'est la nudité du droit." 

           "Je mourrai peut-être dans l'exil, mais je mourrai accru."
                                                                                                                       Victor Hugo 

 
 "Quand la patrie qui est la notre n'est plus à nous
Perdue par le silence et par le renoncement
Même la voix de la mer devient exil
Et la lumière qui nous entoure est comme des barreaux."

 Sophia de Mello Breyner Andresen


."Il n'existe jamais de bel exil. Tout exil est une souffrance."
 Gilbert Sinoué


" Humilier le faible, écraser le pauvre, expulser l'exilé sans patrie, faire honte à l'homme sans défense, procure à l'auteur de ces actes une satisfaction qui sent la puanteur de la charogne qu'il héberge dans son âme."
 Tahar Ben Jelloun


"Notre mer qui n’es pas aux cieux
et qui de ton sel embrasses
les limites de ton île et du monde,
que ton sel soit béni
que ton fond soit béni
accueille les embarcations bondées
sans route sur tes vagues,
les pêcheurs sortis de la nuit,
et leurs filets parmi les créatures,
qui retournent au matin avec leur pêche
de naufragés sauvés.
.
Notre mer qui n’es pas aux cieux,
à l’aube tu es couleur de blé
au crépuscule du raisin des vendanges
nous t’avons semée de noyés plus que
n’importe quel âge des tempêtes.
.
Notre mer qui n’es pas aux cieux,
tu es plus juste que la terre ferme
même à soulever des murs de vagues
que tu abats en tapis.
Garde les vies, les visites tombées
comme des feuilles sur une allée,
sois leur un automne,
une caresse, des bras, un baiser sur le front,
de père et mère avant de partir. »
Erri de Luca "Prière laïque"


 


"Oui je sais je viens d’ailleurs
Et je sais que ce qui vous fait peur
Ce n’est pas ma prétendue violence
Mais c’est ma réelle différence
C’est vrai que ce que vous êtes aujourd’hui
Vous l’avez bravement conquis
Et alors ma seule présence
A pour vous une odeur de décadence
Mais je ne viens pas pour vous tuer
Mais je ne viens pas pour vous voler
Je viens pour changer de paysage
Je viens pour changer d’âge
Ce qui vous appartient
Est pour vous le plus sacré des liens
Mais celui qui n’a pas d’attache
Faut-il qu’au visage on lui crache
Toutes ces idées
Que vous avez capitalisées
Et dont vous vous croyez propriétaires
Que vous soyez nantis ou prolétaires
Mais je ne viens pas pour vous tuer
Mais je ne viens pas pour vous voler
Je viens pour changer d’éclairage
Je viens pour changer de personnage
Toutes ces idées plus que de vos nombreux biens
Vous lient le cœur et les mains
Vos plus précieuses croyances
Sont celles qui vous font croire à votre importance
Il est vrai que lorsque je squatte votre maison
Vous me donnez parfois raison
À condition que ce ne soit pas la vôtre
Mais celle d’un autre
Mais je ne viens pas pour vous aimer
Mais je ne viens pas pour vous détester
Je viens pour changer de voisinage
Je viens pour changer de rivage
Au chaud dans votre confort
Vous ne pensez jamais à la mort
L’enfant qui meurt dans la froideur crépusculaire
N’est pour vous qu’un risque identitaire
En repoussant les exilés
C’est votre monde que vous rétrécissez
Et ce qui n’est pas transformable
N’est que par la violence périssable
Mais je ne viens pas pour vous aimer
Mais je ne viens pas pour vous ressembler
Je viens pour changer de village
Je viens pour changer d’ancrage
N’avez-vous donc pas compris
Que nous ne sommes pas vos ennemis
Que ce sont les frontières
Qui entretiennent la guerre
Ce pour quoi vous avez combattu
Ce pour quoi vous vous êtes défendus
Ce qui est écrit dans vos livres
Ce qui vous a permis de survivre
Mais je ne viens pas pour vous imiter
Mais je ne viens pas pour vous diminuer
Je viens pour tourner une page
Je viens pour changer d'héritage
La liberté et l’égalité
Ne sont-elles pas pour toute l’humanité
Quelles que soient les personnes
Ou ne sont-elles que des idées bouffonnes
Si de vous je suis différent
J’ai les mêmes droits cependant
Ce sont ceux de tous ceux qui pensent
Et cela ne se limite pas à la France
Mais je ne viens pas pour être aimé
Je ne viens pas pour vous voler
Je viens pour changer de paysage
Je viens pour changer d’âge"
                                                               Jean-Paul Inisan extrait de: "L'étranger est l'éternel"

 




"Il est à toi
ce passeport
pour tous les peuples,
avec un drapeau arc-en-ciel, et l’emblème d’une oie migratrice qui tourne autour du globe,
avec toutes les langues que tu veux, officielles ou pas,
en bleu océan, rouge sang séché, ou noir charbon prêt à brûler, à toi de choisir,
amène-le où tu veux, le passage est sûr et grand ouvert, le portail sorti de ses gonds,
tu peux entrer et sortir sans crainte, personne ne te retient,
personne ne te double dans la queue, ni te renvoie en arrière, il n’y a pas d’attente,
personne ne te dit Ihre Papiere bitte, déclenchant la tachycardie avec la pâleur de son index,
personne n’écarquille ni ne plisse les yeux en fonction du produit national brut par tête de la nation que tu laisses derrière toi,"
Antoine Cassar  "Passeport"


 Dessins/ illustrations sont de Jean  Perrochaud  "Sakado" 
PERROCHAUD S'AFFICHE

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