mercredi 8 novembre 2017

tout le temps au jour le jour






"J'écris d'un mercredi  front de mer, accompagné des vagues qui viennent mourir d'un estuaire, ni trop doux, ni trop sel.

 J'écris entre deux barcasses qui finiront bien par se croiser.

 J'écris pour me rappeler que tout est dans le décor. J'écris pour me taire et glisser dans les courants qui broient du large"






".../...
on construit des murs qu'on érige plus haut que nos têtes
et qui nous protègent de la pluie
et qui conservent notre intimité
on construit des murs et on se range dedans
.../...

Il faudrait pour toujours tout le temps au jour le jour
garder présent le feu la flamme
ce qui fait que tu as été cet enfant-là

il faut le conserver sans ne jamais le laisser ronger par les forces ténébreuses
et puissantes et râpeuses
il faut rire fort et aimer son cul comme il est

les gens dorment à côté d'eux-mêmes
les gens ferment la porte
certains se branlent pendant que d'autres prennent une douche

il y a plus de gens qui écrivent que de gens qui lisent des livres

écrire c'est l'expérience de la solitude
l'écriture c'est être seul

la police ne fait pas payer les bons cancres
les collégiens en colère de ce monde mal branlé feront les poches
aux schmitts et aux uniformes et au pouvoir blanc
aussi blanc que les draps sont toujours propres
comme le coton et le papier

tu crois que tu ne décides de rien
que les actes manqués s'enfilent comme des perles sur un fil de pêche
comme on enchaîne les cacahuètes à l'heure de l'apéro
dans la précipitation et la peur de disparaître
tu es grand et ton véhicule t'emmène là où tu veux être

je pense que j'aurais dû me remplir les poches au ptit dej

tu es ici
et tu n'es pas encore mort
la révolte est immobile
mais un léger mouvement se fait sentir
je crois en l'amour total et incarné
au chaton sur mes genoux
aux huitres et au muscadet
au sexy
à la vie"
Elodie Petit extrait de "Madame est servie" écrit en résidence à l'hôtel Pommeraye - Nantes- dans le cadre du festival MidiMinuitPoésie

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 JAVIER BERNASCONI SCULPTEUR











".../...
de tous les désastres de ta vie tu sais,
tous les désastres de tous les désastres,
l'écriture, 
seulement l'écriture,
désastre et de ta vie,
toute ta vie,
tous ses désastres seulement l'écriture,
ce qui entasse l'écriture comme force,
sous-sol,
argile,
tu sais que l'écriture tient dans ce désastre,
qu'elle a travaillé ta moelle,
façonné tes os,
creusé tes organes,
tu sais que ça tient,
que l'écriture tient et qu'elle ne t'a apporté qu'angoisses et désastres.
Tu sais tout ce que contient le mot écriture.
Tu sais qu'écrire n'entame pas le monde,
ne trace pas les contours du monde,
ne dit rien de ce monde,
tu sais que ça tient,
que ça t'use,
 qu'il n'y a rien derrière,
rien au-dessous,
rien au devant.
Tu voulais cesser,
et pourtant ça tient encore.
Tu voudrais cesser dire,
cesser écrire,
mais quelque chose en toi refuse encore de s'effondrer.
Quelque chose refuse de cesser.
ça tient,
ce texte tient,
tu n'en finis pas,
n'en finis pas d'êtres murs,
pièce,
possible,
n'en finis pas.

Tu n'en finis pas.
Tu n'en finis pas,
de vouloir sortir de tout cela,
respirer hors de tout cela tu n'en finis pas.
Tu sasi qu'il 'y a pas d'issue,
que tout doit tenir et tiendra tu sais.
Tu n'en finis pas de savoir cela.
D'espérer autre chose que la situation de cela tu sais,
tu n'en finis pas d'espérer.
N'en finis pas de chercher les ruines,
là où le monde terrible,
solide et comme éternel tu n'en finis pas.
De regretter et te dire,
que tout cela n'a fait qu'entasser le matériau,
qui peu à peu,
peu à peu t'a rongé.
tu sais que tu n'en finis pas,
que tu n'en finiras pas.
Que rien ne finira dans l'écriture,
et tout ce qui creuse le silence.
Rien dans l'écrire.
Rien le silence espace.
L'espace entre chaque chose tu sais que l'écriture t'a détruit.
tu sais que tout tient.

Recommencer encore il convient d'écrire dans ça,
dire,
ce qui est ça encore recommencer,
dire.
Ne pas taire ça encore.
Recommencer ne pas continuer à taire,
ça encore,
ce qui convient,
est ça encore.
Est dire recommencer ça encore.
Est taire de ne pas taire, ça encore.
Il convient de faire ça encore.
Tu sais.

Recommencer."

Yannick Torlini extrait de: Camar(a)de-Editions Isabelle Sauvage 

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    photos Marc R.

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