mardi 13 juin 2017

le verbe des années



"Je marche parmi le treillis régulier des rues
humant les déchirures fossiles
de la ville
que les années ont reprisées
comme une bure

à l'horizon des cours
parfois
semblable à un passant
tranquille
un habitué du quartier

apparaît une étrave
et glisse le cargo
.../...


.../...
C'est un crâne
et des mâchoires ogresses
mordant aux quais du bassin

un ventre d'ombre
où bat le chant
des suintements
et des éclats étranges

siffle encore
par ici
l'haleine des temps rudes

qui aimante
et 
fait hâter le pas

au fond
les eaux couvertes
immobiles
luisent
comme des langues grasses
qui n'en auraient pas fini avec les aveux
.../...


.../...
Sur les sols tendres
et silencieux
repris par les morts-bois
s'élève la multitude famélique
des araignées géantes
figées
par le flambant-neuf des sortilèges

On a lutté ici
on s'est serré les coudes

mais la mémoire déjà s'envole

et les bassins d'eau rouille
les allées noires
les brèches
racontent d'autres histoires
aux enfants surgis
venus ensembles frotter leurs rêves
à l'inclémence des temps écoulés
cherchant
depuis les hauteurs fracturées
à porter ailleurs le regard
.../...

 .../...
La pierre
porte le verbe des années
et c'est à peine si se polit la phrase
sous le couteau
salé des érosions
.../..."
Antoine Choplin
extraits de:"Le verbe des années" 





2 commentaires:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...