jeudi 16 mars 2017

je ne suis plus qu'une ville en cendre



    NESREN JAKE

    NESREN JAKE

 NESREN JAKE
 NESREN JAKE

NESREN JAKE

"Ayant perdu la tête, grand-mère, un beau jour,
quitta notre logis pour aller s'endormir dans l'arbre :
elle y devint le fruit d'un rameau dénudé,
puis un oiseau, puis la lune,
elle se mit à chanter
une chanson d'enfant.

ils finirent par l'emmener,
mais elle ne cessa de chanter ses désirs,
le temps de ses désirs, 
la violence de ses désirs;

Avec sa ramure octogénaire,
sa sève servile et stérile,
son feuillage dépenaillé,
face aux quatre coins du monde,
aux quatre coins du monde,
grand-mère,

face au silence." 

Vahan Andréassian 



"Est ton pays
celui qui t'ouvre les portes
sans fouiner dans la besace 
de tes songes

Est ton pays
celui qui t'indique où
mettre tes songes en lieu sûr

Nul ne naît en terre étrangère
l'espace appartient à l'homme
dont le sort est d'errer

Ne me demande pas mon pays d'origine
regarde dans mes yeux baissés
la fêlure des horizons

...Qui t'a parlé du mot exil
je ne le prononce  plus

Bâtis dans ton coeur
des terres de réserve
des îles vierges
ne demande à l'espace qu'un peu d'immobilité
le temps d'une halte

il faut bêcher le territoire au jour le jour
y planter un drapeau blanc
et non des épouvantails
qui apeurent les oiseaux

L'exil est aussi ce chemin
qui délivre de la solitude

Tout homme seul
porte la langueur du temps
sur ses épaules
il pleure le cloisonnement
de l'espace

Mais toi
regarde plutôt la splendeur
des songes égarés
dans l'herbe de ton enfance..."

Alain Mabanckou extrait de: "Tant que les arbres s'enracineront dans la terre"





 

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