lundi 30 janvier 2017

se faire des noeuds à nous


"Les arbitrages de priorité expliquent presque toute politique:
en disant "nous", à quel type de découpage dois-je d'abord me référer?
Est-ce que j'appartiens d'abord à nous, humains?
Ou même plus largement à nous, êtres sensibles?
Ou bien la situation réclame t-elle plus de précision:
Nous, Blancs ?
Nous, arabo-musulmans? [...]
Ou peut-être faut-il s'identifier d'abord à son identité économique: nous, prolétaires, exploités? [...]
"Nous" est un indicateur de liberté qui permet de mesurer le rapport entre l'identité imposée à un individu, par les circonstances de sa naissance, et l'identité décidée par cet individu: il y a le nous qui détermine l'homme et le nous que l'homme détermine, il y a le nous dans quoi il est engagé et le nous dans lequel il s'engage."
Tristan Garcia







"Tu vois ce convoi
Qui s'ébranle
Non tu vois pas
Tu n'es pas dans l'angle
Pas dans le triangle

Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j'te volais dans les plumes
Entre les dunes

Par la porte entrebâillée
Je te vois rêver
A des ébats qui me blessent
A des ébats qui ne cessent

Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d'auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe

Les vents de l'orgueil
Peu apaisés
Peu apaisés
Une poussière dans l'œoeil
Et le monde entier soudain se trouble

Comme quand tu faisais du zèle
Comme quand j'te volais dans les plumes
Entre les dunes

Par la porte entrebâillée
Je te vois pleurer
Des romans-fleuves asséchés
Où jadis on nageait

Peu à peu tout me happe
Je me dérobe je me détache
Sans laisser d'auréole
Les cymbales les symboles
Collent
On se rappelle
On se racole
Peu à peu tout me happe

Tu vois ce convoi
Qui s'ébranle"

Alain Bashung

            photo source: Toile

" Dans ton combat contre le monde, prends le parti du monde."
Franz Kafka

 
     "Nous voyons monter en nous une sorte de passion commune pour tout ce qui nous sépare, qui passe par des identifications fantasmatiques, à des ancêtres, des clans, des failles.
Et ces identifications qui plongent loin parmi les morts et créent des solidarités et des hostilités inattendues parmi les vivants existent parmi tous les camps politiques, parmi les révolutionnaires, les réformateurs, les démocrates, les religieux, les patriotes, les fascistes.
Personne n'y échappe; c'est l'époque, il n'y a pas non plus à y céder parce que l'époque a nécessairement raison. du moins faut-il la comprendre et en estimer la portée, afin de rechercher ce qui dans c moment de guerre des identités nous permettra de vouloir une forme de paix.?"    
Tristan Garcia
extraits de "Nous"
          

             illustration source: Toile

".../ ... Devant cette paix étendue à l'infini,
j'ai encore pensé aux civils qui meurent en Syrie, en Afrique,
à ces milliers de migrants qui se noient dans la Méditerranée où nous naviguerons bientôt,
à tous ces désespérés qui fuient la violence et la haine en prenant tous les risques.
Sur l'écran bleu de l'océan, j'ai aussi projeté les vidéos horribles diffusées régulièrement par l'Etat islamique. Les membres de Daech devraient profiter de leurs vacances pour voyager en cargo.
Le monde est plus beau, vu de l'eau.
J'ai enfin pensé aux derniers rapports scientifiques qui expliquent à quel point notre planète est cabossée, usée,rouillée, son calfatage part en miettes, les écrous se desserrent, tout va craquer.
J'ai repensé à tout ça et puis j'ai avisé l'océan en attendant une réponse, un geste, un dauphin qui saute, un poisson volant, mais l'océan n'a rien dit.
J'ai l'impression qu'il se laisse faire,
j'ai l'impression qu'il sait et qu'il s'en fout.
il nous survivra de toute façon."
Nicolas Delesalle-extrait de: "Le goût du large"


  photo Nicolas Delesalle

 

       photo source: Toile


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