photo source: "Sciptopolis"
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Mon père n'était pas un grand poète et c'est tout (n.d.c. Antonin Artaud).
il n'a pas inscrit sa souffrance en beauté et en puissance, sa folie en génie, inventé une langue de sacres et de massacres. J'ai lu quelques-uns de ces cahiers, je les ai oubliés.
Tout ce que je sais, c'est que chaque jour de sa vie ou presque, il a écrit. Chaque matin, chaque soir, il s'est assis à son bureau, il a allumé une Pall Mall ou une Craven A, dont la cendre troue les feuillets, et il a tenté de recomposer sa vie. Pas de récits, sinon de rêves, mais des comptes, des bilans, des listes de choses à faire (" Téléphoner aux filles, payer loyer, tenir jusqu'à demain", et le lendemain il raye et en marge il écrit "FAIT"), et surtout, sans cesse recommencés, des schémas : lignes droites partagées en segments, segments de bonheur, segments de malheur, segments avec et sans alcool, avec et sans hospitalisation, fléchés de dates et de noms propres, puis à mesure, de moins en moins de lignes droites mais des séries de triangles inversés, gouffres et sommets, crêtes et failles qui dessinent, sur le papier quadrillé, la carte de sa mélancolie. De la vie de mon père, je conserve le relief intérieur, le relevé sismographique. Pas plus que lui je ne saurais (ni de voudrais) la raconter, parcourir ces noms, ces dates qui composent l'histoire à l'ombre de laquelle j'ai grandi. Je peux en suivre du doigt la géographie accidentée, la géométrie inexacte. Je sais qu'elles dessinent la part d'ombre, le négatif de ma vie. Qu'aux failles correspondent ses absences et que, même à distance, j'y étais avec lui engouffrée. Pas plus que lui, je ne sais qui il était. Tout ce que je sais, c'est que, chaque matin, chaque soir, quand il ouvrait ses cahiers, c'est cela qu'il cherchait.
Ces lignes innombrables, ces caractères élégants, réguliers, même dans les pires moments, tissent le filet où il cherchait à s'attraper, tendent la toile dont il était le centre absent. C'était cela qu'il cherchait, se saisir, s'attraper, se mettre la main au collet.
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Gwenaëlle Aubry extrait de: "Personne" Editions Mercure de France/Folio
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reçu ceci:
En soutien aux grévistes de Donges Attac
Saint-Nazaire La Presqu'île et le Pays de Retz vous convie à la projection
de
On est
vivants
un documentaire de Carmen
Castillo
jeudi 16 juin à 20H
salle 7 AGORA 2 bis avenue Albert de Mun à
Saint-Nazaire
La projection sera suivie d'un échange
avec des grévistes de la raffinerie de Donges
De quoi est fait l'engagement politique
aujourd'hui? Est-il possible d'infléchir le cours fatal du monde aujourd'hui?
Qu'est-ce qui fait avancer, quand tant d'autres se découragent, celles et ceux
qui persistent à vouloir changer le cours du monde ?
C'est avec ces questions ,dans un dialogue à la
fois intime et politique avec son ami Daniel Bensaid, philosophe et militant
récemment disparu, que Carmen Castillo entreprend un voyage dans le
temps et dans l'espace à la rencontre de celles et ceux qui ont
décidé de ne plus accepter le monde tel qu'on leur propose.Des sans domiciles de
Paris aux sans terres brésiliens , des zapatistes aux quartiers nord de
Marseille, des guerriers de l'eau brésiliens aux syndicalistes de la
raffinerie Total à Donges, les visages rencontrés dans ce chemin dessinent
ensemble un portrait de l'engagement aujourd'hui, fait d'espoirs partagés, de
rêves intimes mais aussi de découragements et de défaites.
Comme Daniel Bensaid, ils disent " L'histoire n'est
pas écrite d'avance, c'est nous qui la faisons".
Pour Attac
Cordialement
Chantal
MOREAU
Les incertitudes de notre époque ne
justifient pas d’être certains du bien-fondé du désespoir
Vandana Shiva
Vandana Shiva
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Politique et quotidien : source: "Scriptopolis"
"Où vais-je? source: Scriptopolis
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"Si tous tiraient dans la m^me direction, le monde basculerait."
Proverbe Yiddish
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