lundi 7 mars 2016
l'envers du temps
"et tous les enfants entendent sa chanson
et tous les enfants entendent sa musique
et huit et huit à leur tour s'en vont
et quatre et quatre et deux et deux
à leur tour fichent le camp
et un et un ne font ni une ni deux
un à un s'en vont également.
Et l'oiseau-lyre joue
et l'enfant chante
et le professeur crie :
Quand vous aurez fini de faire le pitre !
Mais tous les autres enfants écoutent la musique
et les murs de la classe s'écroulent tranquillement.
Et les vitres deviennent sable
l'encre redevient eau
les pupitres redeviennent arbres
la craie redevient falaise
le porte-plume redevient oiseau."
-Jacques Prévert-
Mourir, un jour
"On n'y pense pas souvent, peut-être jamais, mais on est en route vers la mort à l'instant même de notre naissance.
Et bien avant, d'ailleurs ; au moment même de notre conception.
Une fois l'ovule fécondé, la grande et superbe machinerie de la vie, irrépressible, se met en route et nous voilà passés de l'oeuf à l'embryon, puis au foetus, et enfin au bébé !
Ces neuf mois pour naître, c'est déjà un chemin vers la mort.
Et ce n'est pas triste. C'est juste la vie.
laquelle, sans la mort, but ultime, n'aurait aucun sens.
Sans but, personne ne ferait rien.
On se contenterait d'errer, sans rien attendre, puisqu'il n'y aurait rien à attendre.
Alors nous faisons. Des études, des métiers, des familles, des enfants, des livres, des chansons, des maisons, des voyages, des découvertes.
Nous éprouvons, nous aimons, nous adorons, nous détestons, nous rions, nous espérons, nous pleurons.
C'est ça vivre.
Et si cela n'avait pas de terme, on n'en ferait rien, de tous ces possibles qui nous sont offerts.
Encore une fois, et même si c'est parfois difficile à entendre, la vie n'aurait pas de sens sans la mort au bout.
Imaginez un train qu'on prendrait, un avion, un bateau, qui irait de l'avant sans jamais s'arrêter.
Parce qu'il n'aurait aucune raison de s'arrêter.
Au début, c'est bien, les paysages sont variés, on découvre des mondes inconnus, des saisons inhabituelles, des paysages inimaginables.
Et puis ça ne s'arrête pas. Jamais. On continue à avancer, sans fin.
A nouveau les paysages, plus du tout inconnus, les saisons, désormais familières, les mondes soi-disant nouveaux explorés cent fois, mille fois, quel terrible ennui ! C'est l'ennui qui est désormais sans fin !
Alors faisons le superbe voyage de la vie en en connaissant le but, la fin annoncée, profitions de chaque instant de ce chemin pas toujours lisse, pas toujours aisé, mais qui offre des moments de joie intense, d'émotions partagées, de bonheurs imprévus.
Et la mort nous trouvera tranquilles, souriant de l'avoir crue notre ennemie, alors qu'elle a été notre vraie raison de vivre."
-Irène Krassilchik- psychanalyste, bénévole ADMD-Ecoute
Le printemps de poètes 2016- du 5 au 20 mars
"J'appelle poésie cet envers du temps, ces ténèbres aux yeux grand ouverts."
-Louis Aragon-
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