dimanche 17 janvier 2016
la journée vient de finir
"La fleur qui affleure d'entre les pavés,
un regard qui raye la patine d'un mur,
le regard de pitié que nous jette la bête de somme surchargée,
le furtif parfum qui nous arrête et nous emplit de regret.
Et tous les cris entendus : cri de l'enfant qui a perdu sa mère,
ou de la mère qui a perdu son enfant,
cri des oiseaux qui varient selon l'heure,
cris de douleur ou de plaisir qui tant se ressemblent;
Et l'instant muet qui soudain se révèle,
au-dedans et au-delà de nous,
trouant le palpitant présent,
l'impalpable présence qui nous fait dire à voix basse:
"nous sommes parce que tu es."
Nous comprenons alors que nous aurons à refaire le chemin parcouru,
à nous transmuer en signes,
afin de re-signer l'accord depuis si longtemps rompu,
de rétablir la voie et le règne."
"Ce mots qui révèlent, qui prophétisent,
d'autres qui bousculent, qui bouleversent:
Une parole donc, la nôtre, criblée, d'éclairs,
de rafales,
ou tamisée de bribes, de chuchotis,
fondue tout d'un coup dans la résonance,
où les dires trop humains tentent de déchiffrer ou de déchirer
L'éternel voile de l'innomé."
"Tout est signe,
tout fait signe,
souffle qui passe,
fruit qui s'offre,
main qui touche,
face qui crie:
"Retourne-toi,
reprends-toi,
reçois tout
et fais signe!"
- François Cheng- extraits de: "La vraie gloire est ici-Editions Gallimard-
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