source: festival photo de la Gacilly
"Prends appui sur la margelle :
Le coeur
est vaste
et profond
tu verras à l'intérieur
une échelle
de passions
humides
d'amants
greffés sur
des idées
de multitudes
dans la pénombre
de forêts
solidaires
tu descendras
degré après degré
feuille après feuille
dent après dent
de seuil
en seuil
plus profond
et lorsque tu sentiras une impétuosité de torrent
que tu verras monter et s'épanouir le premier
quartier de lune
ou un fleuve en sa fougue cabré
ou un oiseau planant en un vol immobile
tu découvriras la nef sur des écailles palpitantes
le navire illuminé
dans l'attente de toi
pour entreprendre le voyage."
-Amanda Berenguer- "Plus profond"
source: festival photo de La Gacilly
"J'aimerais me désendormir me dés-en-aller
J'aimerais me désaffirmer et me dédire
J'aimerais m'en déretourner et me dépleurer
J'aimerais parfois me dérepentir
Au fil de longues avenues dérêver aussi
Les rêves que j'ai oublié de désoublier
Rendre ombre min corps Et me désaimer
Me pressentir Et sortit seule me chercher
Être mon propre pleur et me ravaler
Être la mesure qui me mesure
le verre dans lequel boire ma soif
le poing qui doit m'assener le coup fatal
J'aimerais un jour être le couteau
qui me découpe et savoir ce qu'il ressent
...
J'aimerais un jour tout simplement
marcher pieds nus sur mes propres berges "
-Josefina Pla- "J'aimerais"
"Puisque tu me cèdes la parole, je dis :
Rien n'appartient jamais à personne. Et pourtant
ah! Comme tous, tous nous nous acharnons
à retenir, à posséder ceci, cela.
Personne n'appartient à personne, ni les enfants.
Ni l'amour le plus proche, ni le plus lointain.
Et pourtant, quelle fougue en nos baisers! Et quel ravage
pour notre corps qui se calcine en s'y livrant!
Lui, qui me le jurait, le savait bien.
Il n'avait rien à lui, je n'avais rien à moi,
et nous étions maîtres encore de l'infini...!
Nous ne possédions lui et moi que cette idée
dévorante et lancinante de certitude :
Personne n'appartient à personne sauf s'il le veut ! "
-Angela Valle - "Certitude"
source festival photo de La Gacilly
"Dans mon vers je suis libre : il est mon océan
Mon océan vaste et nu, dépris d'horizons...
Dans mon vers je m'avance sur la mer,
je marche sur les vagues dédoublées
de cent et mille vagues...je m'avance
dans mon vers; je respire, je vis, je grandis
dans mon vers, et mes pas y trouvent
un chemin, et mon chemin un cap, et mes mains
quelque chose à saisir, et mon espoir une raison
d'espérer, et ma vie un sens à la vie.
Dans mon vers je suis libre et il est libre
comme moi. Nous nous aimons, solidaires.
Hors de lui je suis petite et je m'agenouille
devant l'oeuvre de mes mains, la
tendre argile pétrie entre mes doigts...
En lui, je me redresse et je suis moi."
-Dulce Maria Loynaz- "Dans mon vers je suis libre"
source festival photo de La Gacilly
source festival photo de La Gacilly
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