"Je ne suis rien.
Je ne serai jamais rien.
Je ne peux vouloir être rien.
A part çà, je porte en moi tous les rêves du monde.
Fenêtres de ma chambre,
Ma chambre où vit l’un des millions d’êtres au monde
dont personne ne sait qui il est
(Et si on le savait, que saurait-on ?),
Vous donnez sur le mystère d’une rue au va-et-vient
continuel,
Une rue inaccessible à toutes pensées,
Réelle au-delà du possible, certaine au-delà du secret,
Avec le mystère des choses par-dessous les pierres
et les êtres,
Avec la mort qui moisit les murs et blanchit les
cheveux des hommes,
Avec le Destin qui mène la carriole de tout par la
route de rien.
Aujourd’hui je suis vaincu comme si je savais
la vérité.
Aujourd’hui je suis lucide comme si j’allais mourir
Et n’avais d’autre intimité avec les choses
Que celle d’un adieu, cette maison et ce côté de la
rue devenant
Un convoi de chemin de fer, un coup de sifflet
A l’intérieur de ma tête,
Une secousse de mes nerfs, un grincement de mes
os à l’instant du départ.
Aujourd’hui je suis perplexe, comme celui qui a
pensé, trouvé, puis oublié.
Aujourd’hui je suis divisé entre la loyauté que je dois
Au Tabac d’en face, chose réelle au-dehors,
Et la sensation que tout est rêve, chose réelle
au-dedans.
.../..."
Fernando Pessoa- extrait de "Bureau de tabac"-
photo: Pascal M.
"On ne dit plus Lawrence d'Arabie
on dit François Hollande."
(sortie du poste)
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