Trois choses qu'on oublie
Prenez les rêves, les animaux sauvages et les étoiles.
Ces trois choses ont un point commun: elles existent.
Un autre point commun : on les oublie.
Les rêves existent en nous.
Les animaux sauvages existent à côté de nous.
Les étoiles existent au-dessus de nous.
On les oublie parce que ce serait le bazar si on y pensait. Si ob prenait au sérieux la réalité des rêves. La réalité des étoiles. La réalité des bêtes sauvages.
Les étoiles en ville, on ne les voit pas.On peut continuer à vaquer. Sinon, il faudrait se souvenir qu'on est sur une planète très petite, au bord d'un ruban de Voie lactée, même pas en son centre.
Les animaux sauvages : les renards dans Paris. Les cerfs, pas très loin. Plus au large les rorquals bleus. Et si l'on se souvient qu'en ce moment même un des derniers pangolins de la planète est en train de creuser son terrier au fond de la forêt du Congo, et qu'il pose les yeux sur le monde, et l'envisage, et y trace ses propres trajets, quelque chose en nous se décentre. notre espace en est légèrement modifié.
Et les rêves. On les oublie. Parce que c'est trop. Parce qu'ils sont trop.
Derrida: "Nous menons un guerre totale aux animaux". Je ne suis pas loin de penser qu'on fait la même chose pour les rêves, et que, si on pouvait, les étoiles y passeraient aussi.
De quoi nous parlent nos rêves?
ils nous parlent de nos désirs. Ou de ce qui nous fait vraiment peur. De la vague qui nous emporterait. Un jour, en rêve, quelqu'un m'a dit (nous étions en voiture, nous longions la mer, un raz de marée venait) : "Si tu es seule à voir cette vague, c'est qu'elle n'est que pour toi."
Les rêves nous arrivent, comme des lettre, et comme des événements. ils nous arrivent en vrai.
Walter Benjamin fait un rêve, en 1940, au camp de Nevers, où il est emprisonné avec tous les étrangers, tous les pas Français. Et ce rêve, qu'il écrit à une amie, est "la seule chose belle" qui lui soit arrivé depuis longtemps.
Benjamin marche dans la forêt. Au bout de la forêt il y a "trois ou quatre très belles femmes". Et un piano. et le vieux chapeau de son père. Et une fente rouge au chapeau. une des belles femmes lui ouvre son lit. Et il écrit de la poésie. Au réveil, de bonheur" il ne peut pas se rendormir.
Charlotte Beradt est une psychiatre qui a noté les rêves de ses patients sous le IIIe Reich. Ou comment une dictature dicte les rêves. Comment, par exemple, un rêveur rêve qu'un décret supprime les murs. Les appartements s'ouvrent à tous les regards. "La seule personne en Allemagne qui a encore une vie privée est celle qui dort, affirme Robert Ley, l'organisateur du parti nazi. "Il est interdit de rêver et pourtant je rêve": voilà le même rêve fait, en 1933, par six patients différents. La lutte s'imagine et se construit jusque dans les rêves.
Mandelstam, le grand poète russe, résistant à tout, à la violence, à la bêtise, à Staline, Mandelstam était copain avec Akhmatova, une poétesse du même bois. Ils constatent qu'ils ont peur de rêver. Peur de parler en rêve dans les appartements communautaires; ils se demandent si on peut s'auto-censurer jusque dans sa propre nuit;
Et Sam Francis, un immense peintre américain, a dit un jour (en 1982) : "Il n'y a qu'un seul rêve par nuit."
Je ne sais pas exactement ce que cette phrase signifie. Mais elle a la force poétique des rêves.
Est-ce que tous les rêves dans la nuit tournante du monde sont, en une seule rotation, finalement le même rêve, le même mythe, la même image?
Ou sept milliards de rêves et de cauchemars?"
-Marie Darrieussecq- Charle Hebdo -25 février 2015-
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FESTIVAL RUE DES LIVRES
Z'AI LU
là:
"PARIS, 20 février 2015 – La disqualification pour cause d’images trafiquées d’un nombre sans précédent de participants au concours World Press Photo 2015 a ravivé un vieux débat : où se situe la frontière, en photojournalisme, entre l’effet artistique et la fraude ?
Cette année, vingt pour cent des photographies qui avaient atteint l’avant-dernière phase du World Press Photo ont été recalées pour falsification, soit trois fois plus que l’an dernier. C’est lors de cette avant-dernière sélection que les organisateurs demandent aux concurrents de fournir les fichiers RAW de leurs images. En photographie numérique, le format RAW (« brut », en anglais) désigne la photo telle qu’elle a été prise, sans autre traitement informatique que celui effectué par l’appareil lui-même au moment de la prise de vue. Comparer le RAW à la photo finale permet de détecter les manipulations effectuées sur l’image a posteriori au moyen du logiciel Photoshop ou autres : ajout ou suppression d’éléments, recadrage, variations dans la luminance, la texture et la couleur.
« Pour nous, ça a été un choc », reconnait le photographe de l’AFP Patrick Baz, membre du jury 2015. « Le World Press Photo a des règles très strictes sur ce qui est admis ou pas en post-production, mais je ne suis pas sûr que les candidats disqualifiés les aient lues. On a été très durs dans nos décisions, violents mêmes, parce que ça commence à prendre des proportions insupportables. Manipuler une photo, c'est mentir aux autres et se mentir à soi-même: je ne montre pas ce que mon œil a vu, je montre ce que j'aurais aimé qu'il voie. A côté de ces quelques fraudeurs démasqués, il y a tous ceux qu’on ne démasque jamais ».
la suite sur "Making-of"
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"Depuis l'aube des temps
personne ne sait d'où tu viens
offre à la pluie et au vent
la rue de tes souvenirs en pointillé
La dureté des temps nposée en bandoulière
près de ta peau en éveil;
Ne déserte pa tes pas de lune
Et raconte donc à ceux qui restent
la résistance de ton souffle
plus fort que demain
Et la pluie et ses mots contés
à même ta peau de feu"
Tanella Boni-extrait de "La rue des souvenirs mouillés" Editions Vents d'Ailleurs"
Annonce d'Annie
A la librairie Gweladenn-Base sous-marine-Saint-Nazaire
samedi 7 mars
de 10h30 à 12h et de 15h à
18h
Marcel Cario signera son dernier
livre intitulé "La ferme fleurie"
"
Marcel Cario est né en 1946. Après avoir obtenu le certificat
d’études, il débute comme manœuvre dans le bâtiment, devient plombier puis comme
beaucoup de nazairiens, entre aux Chantiers de l’Atlantique en 1971. Féru
de lectures, il concrétise son envie d’écrire une fois à la
retraite. "
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