mardi 4 novembre 2014

suivez le guide



"Plantez systématiquement des chrysanthèmes dans votre jardin. A cela deux avantages : s'habituer à l'inévitable cimetière, apprendre l'orthographe d'un mot difficile."
-Denis Langlois-


                                                           

".../...Quand j'ai expliqué à Mouna qu'Alice avait refait sa vie, elle a beaucoup rigolé.
- C'est l'expression la plus idiote que j'ai entendue. On ne refait pas sa vie. On continue son chemin.
-Mouna, on ne dit pas continuer son chemin, on dit bien refaire sa vie.
Ma grand-mère en est convaincue, ça ne sert à rien de nier le passé. Les enfants détestent les négationnistes et ils ont raison. L'histoire est simple, elle a beau se répéter des centaines de fois chaque jour autour de nous, on ne retient jamais la leçon et on entame le même refrain.
Refrain : Papa et Maman vivent ensemble, puis Papa ou Maman s'en va , du coup papa ou Maman est super triste et commence à détester l'autre, à regretter de l'avoir rencontré, d'avoir fait des enfants avec, à remonter le film, à oublier les scènes, à brûler la pellicule, à mentir, à cracher, à dire des mots blessants, à faire l'amour pour se venger, à blasphémer, à renier, à faire marche arrière, à écrabouiller, à déchirer les photos, à pleurer son estomac par les yeux, à vider sa mémoire, à déplacer les murs, à traîner dans les bars, à boire trop, à emprunter du pognon, à sortir jusqu'à l'aube, à vivre la nuit, à dormir le jour, à souhaiter en finir, à rejouer la scène, à vivre à côté de la vie, à mettre le feu à son âme, à se laisser aller, à vieillir davantage, à ramollir, à s'ouvrir les veines, à regretter d'être né, à se rouler par terre dans le caniveau, à imaginer l'autre faire l'amour à un autre, à s'arracher les cheveux, à perdre ses cheveux, à prendre du ventre, à se laisser tomber, à parler tout seul,  à fatiguer tout le monde, à rencontrer sa grand-mère, à lui balancer son chagrin, à radoter, à devenir con, à se prendre pour le centre du monde, à espionner son ex sur internet.
-A la fin d'une histoire, on devrait toujours partir en se disant merci pour les bons moments. C'est la moindre des choses.
Mouna et ses beaux discours...Dans le fond je suis d'accord avec elle et pourtant je suis incapable d'appliquer quoi que ce soit.
Ne pas se tuer, mais vivre et rendre hommage au bon temps, au temps délicieux que l'on a passé avec elle, avec lui, à faire connaissance, à s'aimer, à baiser et à sombrer avant de couler bouche ouverte sans qu'aucune réanimation puisse sauver le cadavre de l'amour.
Le pigeon mort est la métamorphose des tourtereaux.
Il faut respecter la nature. Ne pas se battre contre elle, et ne pas s'en vouloir, ne pas se déchirer parce que l'un ou l'autre a décidé que l'un ou l'autre n'avait plus le droit de lui prendre la main, de l'encercler dans son sommeil, de l'embrasser au réveil, de le pénétrer régulièrement, de former avec lui un cercle.
-Un cercle brisé n'éclate pas mais redevient naturellement une ligne droite.
Je me demande parfois où Mouna va chercher toutes ses phrases à tiroirs. Et si ma grand-mère ne goûte pas dans mon dos aux plaisirs de la gérontoxicomanie.
Devenir vieux, c'est devenir bon perdant
.../..."
Xavier de Moulins -extrait de "Ce parfait ciel bleu" Editions Au diable vauvert-






"Les dessous de la Fabrique"
Les filles de Chantelle racontent leurs corps de femmes, de travailleuses de militantes

-WEB-DOCUMENTAIRE-


                                                      





".../...
On avance, on avance, on avance.
C'est une évidence :
On a pas assez d'essence
Pour faire la route dans l'autre sens.
On avance.
On avance, on avance, on avance.
Tu vois pas tout ce qu'on dépense. On avance.
Faut pas qu'on réfléchisse ni qu'on pense.
Il faut qu'on avance. 

.../..."
extrait de "On avance" Alain Souchon-





"Le soleil accepte bien de passer par de petites fenêtres"
-Frederik van Eeden-







"I saw some people starving
There was murder, there was rape
Their villages were burning
They were trying to escape

I couldn’t meet their glances
I was staring at my shoes
It was acid, it was tragic
It was almost like the blues
It was almost like the blues

I have to die a little
between each murderous plot
and when I’m finished thinking
I have to die a lot

There’s torture, and there’s killing
and there’s all my bad reviews
The war, the children missing, lord
It’s almost like the blues
It’s almost like the blues

Though I let my heart get frozen
to keep away the rot
my father says I’m chosen
my mother says I’m not

I listened to their story
of the gypsies and the Jews
It was good, it wasn’t boring
It was almost like the blues
It was almost like the blues

There is no G-d in heaven
There is no hell below
So says the great professor
of all there is to know

But I’ve had the invitation
that a sinner can’t refuse
It’s almost like salvation
It’s almost like the blues
It’s almost like the blues "

-Léonard Cohen-



4 commentaires:

  1. Ah ce billet d'aujourd'hui me fait un effet bizarre.

    "Elle" est partie, certes, il y a un peu plus de quatre ans.

    "Elle" est partie pour le pays d'où jamais on ne revient.

    Je suis libre désormais, hélas, après vingt ans de soins qui pendant presque vingt ans furent de plus en plus ininterrompus. Libre, et seul.

    "Elle" n'a pas choisi, moi non plus. Elle m'aime, je l'aime. Le soir où elle est partie, il m'a suffi d'appeler les enfants, l'un après l'autre :
    -- Elle ne respire plus.
    Trois heures plus tard (200 Km, ce n'est pas tout près), mon fils était là.
    Onze heures plus tard, après avoir pu confier la petite à une voisine, ma fille venant à peu près du même endroit était là.

    L'année suivant, "à froid" (mais non, toujours "à chaud"), j'écrivais.

    dimanche 26 juin 2011
    Vie de femme
    le 08/03/2011 19H19



    Nous étions, tous les deux, comme doigts de la main,
    Chaque jour, chaque nuit, sans penser à demain.
    Ton sourire, parfois, illuminait ma vie,
    Mais souvent ton regard était, de douleur, flétri.


    De ton lit résonnaient les appels déchirants
    Pendant que, tristement, me parlaient les enfants.
    Leur soleil enchantait malgré tout nos journées,
    Et grâce à eux, sans doute, avançaient les années.


    Doucement, ton étoile éclairait l'avenir,
    Et quand je te massais, s'étalait ton sourire.
    De projets ton esprit débordait sans flancher,


    Toutes joies, toutes peines à leur place avançaient,
    Du passé douloureux les limites traçais,
    Et un jour, accomplie, ta vie s'en est allée.

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    1. Parfois -et sans prévenir- les mots accrochent où ça fait mal, dans les méandres d'une Histoire profonde, fragile, à vif... Ils nous bousculent alors, submergent suffoquent...
      Mais de cette glaise qui modèle nos pensées, nos sentiments, une âme diront certains il nous "reste" à sculpter la substance de l'intime qui nous habite,
      à coup de griffes, de rides, de larmes mais de rires aussi puisque l'émotion est ainsi construite, de tous ses apparents contraires

      Que ta journée reste douce Babel

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  2. Suis émue par les mots de Babel...

    Quand j'étais petite (ah ! je me répète, je sais... c'est la vieillesse, on radote...), maman cousait parfois. Je crois que sa machine à coudre est encore à la maison, chez mon père. Elle confectionnait des petites robes mais aussi des taies d'oreillers. Une fois, elle a fait faire une robe de princesse, blanche, avec laquelle j'ai beaucoup rêvé, comme ma petite aujourd'hui (mais avec la robe d'Elsa, la reine des glaces, tu connais ? )... Hélas ! Cette robe blanche que j'aurais aimé transmettre à ma petite rêveuse n'est plus...

    Ceci dit, très chouette l'extrait et le doc en partage !

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    Réponses
    1. Je ne connais pas la Reine des glaces Elly.
      mes petits sont bien grands maintenant et de leur enfance je garde plutôt le souvenir -par exemple- d'un Petit Ours Brun ou encore des Monsieur ou Madame lus à voix haute avant de filer dans les rêves.
      Quand aux ados dont je partage quelques heures de leur Histoire en devenir, ils me font découvrir bien d'autres repères.

      Belle journée Elly

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